éditorial




Sur le terrain, nous sommes souvent sollicités pour les affections tendineuses
et ligamentaires...

Julien Pin
Julien Pin
Selarl Pin et Piccot-Crézollet
Clinique vétérinaire équine
du Genevois
85, Allée des Charbonniers
74160 Feigères



L’homme de cheval accorde un intérêt particulier au ”tendon” du cheval ; ce terme désigne en langage équestre, l’ensemble des structures de la région métacarpienne palmaire ou métatarsienne plantaire. Lors de l’évaluation d’un cheval, pour une transaction par exemple, son aspect visuel et sa palpation sont déterminants pour juger de la qualité des tissus de l’animal. De même, l’examen quotidien de cette région est couramment pratiqué pour s’assurer de la bonne santé de l’appareil locomoteur du cheval et de la bonne tolérance du travail effectué la veille. Ainsi, sommes-nous souvent sollicités sur le terrain pour un “gros tendon”. Un examen clinique complet, et échographique si besoin, peuvent alors nous conduire à diagnostiquer une tendinite, une plaie plus ou moins importante, une lymphangite ou une inflammation podale.
L’anatomie de cette région, formidable adaptation à la course, la rend très vulnérable aux plaies en raison de l’absence de tissu environnant permettant une protection efficace, exceptés la peau et les fascias, et de la présence de gaines synoviales.
La prise en charge des plaies tendineuses est assez bien standardisée et est décrite dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine : après un bilan d’extension complet (clinique et examens d’imagerie), vient le temps de la chirurgie, plus ou moins invasive en fonction de l’importance des lésions et de la nature des structures impliquées.
Les tendinites et les desmites sont une cause fréquente de boiterie chez le cheval au travail. Si toutes les disciplines sont concernées, on observe une certaine spécificité des lésions en fonction de la discipline (fléchisseur superficiel du doigt (FSD) du galopeur, fléchisseur profond du doigt (FPD) dans le pied du cheval de concours de saut d’obstacle (CSO)) permettant ainsi de les rapprocher des maladies professionnelles.
- De nombreux traitements médicaux et chirurgicaux, largement décrits dans un numéro précédent*, ont été et sont essayés sans qu’aucun ne fasse l’unanimité.
- Après application de ces techniques, de l’usage des cellules souches cultivées à celui des vésicatoires, ayant pour but de favoriser les différentes phases de la cicatrisation, commence la période de réhabilitation.
- La reprise progressive du travail avec des contrôles cliniques et d’imagerie médicale réguliers, la mise en place d’une ferrure adaptée à l’affection ainsi que la compréhension et la correction des causes (travail, sol, poids, aplomb ou affections sur les autres
membres) ayant conduit à la rupture de l’homéostasie de la structure lésée, sont les
éléments clés.
- La physiothérapie avec notamment les thérapies thermiques et la thérapie par ondes de choc extracorporelles ont une place importante dans l’arsenal thérapeutique utilisé pour le traitement et la prévention de ces affections tendineuses et ligamentaires.
Les thérapies alternatives empruntées à la médecine humaine (kinésithérapie, massage, balnéothérapie, …) semblent intéressantes, mêmes si leurs effets sont difficilement quantifiables et leur mise en application coûteuse (main d’œuvre et infrastructure).
Le point critique de cette rééducation est la patience du propriétaire et celle du cheval.
Les méthodes utilisées en médecine du sport chez l’homme, où l’on observe des retours très rapides à la compétition, ne peuvent s’appliquer entièrement dans notre domaine. En premier lieu, la médication, sous couvert de prescription médicale, est autorisée, à l’inverse des courses et des compétitions équestres. Par ailleurs, le sportif est capable de modifier son geste en fonction de ses blessures. S’il est vrai que le cheval exécute lui aussi un geste sportif, celui-ci est imposé par la discipline et le cavalier :
la stratégie d’évitement de la douleur est alors source de contre-performance.
Quelles que soient les thérapeutiques utilisées, le temps reste notre meilleur allié dans la gestion de ces affections.
Chers confrères, je vous souhaite une bonne lecture.




Sauter N°27, volume 7, 2011-2012

N°27, volume 7, 2011-2012

Sauter Sommaire

Sommaire

Test clinique - Gonflement de la mamelle chez une jument Comtoise Aurélie Allard, Véronique Guérin-Faublée, François Piers, Pierre Guérin
Éditorial par Julien Pin

CHEVAL ET ÉQUIDÉS
Dossier : les affections tendineuses et ligamentaires :
options thérapeutiques

- Prise en charge des affections tendineuses et ligamentaires :
place de la ferrure
Monika Gangl
- La physiothérapie dans le traitement des affections tendineuses et ligamentaires Pierre-Antoine Courtois
- Comment prendre en charge et évaluer les plaies tendineuses
chez le cheval
Jean-Michel Vandeweerd

- Observation clinique - Quatre cas de contracture acquise des tendons fléchisseurs du doigt Amélie Vitte
Dossier : chirurgie en dentisterie
- Dentisterie - Retrait chirurgical des dents jugales chez le cheval : tirer ou pousser ? Eddy Cauvin
- Dentisterie - Technique de l’extraction-évulsion des molaires chez le cheval Pierre Chuit, Jean-Yves Gauchot
- Chirurgie - Techniques chirurgicales lors de fracture de mâchoire chez les équidés Mickaël Robert

RUBRIQUES
- Réglementation - La prescription chez le cheval :
application aux antibactériens
Caroline Prouillac
- Observation clinique - Dysfonctionnement de la pars intermedia de l’hypophyse : étude de cinq observations chez le cheval Benoît Tainturier, Abdelghafour Karom, Xavier Ribot

REVUE DE PRESSE INTERNATIONALE
- Rubrique dirigée par Jean-Luc Cadoré, Jean-Philippe Germain
- Un panorama des meilleurs articles d’équine : notre sélection en Cancérologie, Imagerie, Locomoteur, Ophtalmologie, Pharmacologie, Respiratoire, Reproduction.
synthèses rédigées par Nicolas Dauphin, Philippe Gay, Marie Lejeune, Élodie Lenoir, Amandine Prach, Pierre-Charles Quittet, Maria Simondon, Gaspard Tronel, Sara Uvodic

Test clinique - les réponses