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Ce n’est pas seulement la taille qui fait la différence mais sa physiologie et les affections qui en découlent. La croissance est une période si particulière que son étude a donné le jour à une véritable science médicale, certes un peu méconnue, l’auxologie. Cette science, qui doit son nom à Auxo la déesse de la croissance, étudie l’ensemble des phénomènes somatiques de la croissance et de la maturation qui accompagne l’individu de la naissance à l’âge adulte. On lui doit notamment les courbes de croissance de nos enfants que nous consultons dans le carnet de santé (établie à partir d’une étude déjà ancienne sur 500 enfants suivis de la naissance à 20 ans entre 1953 et 1975). Mais l’auxologie ne se limite pas au suivi du poids et de la taille, elle intègre des mesures très variées et des paramètres permettant d’apprécier la maturation plus que la simple croissance (maturation osseuse, dentaire ou sexuelle), … Ces paramètres font partie intégrante du suivi de croissance. Chez le chien, nous disposons plus modestement de quelques repères : GMQ, âge du pic de croissance et courbes en fonction du format qui font partie intégrante du suivi de croissance. Le développement du chiot résulte de phénomènes de croissance par multiplication des cellules mais aussi de maturation. C’est en particulier le cas du tissu osseux qui subit des transformations considérables dans les premiers mois de la vie de l’individu. Les anomalies de la croissance osseuse constituent une part importante des affections du jeune chien, en particulier de grande race. Leur expression est univoque et parfois discrète, et une boiterie chez un chiot ne doit jamais être considérée comme anodine. Un diagnostic tardif peut assombrir le pronostic et limiter le bénéfice d’une intervention chirurgicale qui aurait pu être salvatrice. Les facteurs de risque sont bien connus. Les affections ostéo-articulaires concernent principalement les chiots de grande race, soumis à une croissance rapide et recevant une ration inadaptée. En matière de nutrition juvénile, l’excès est autant à craindre que la carence ! L’alimentation à volonté, longtemps préconisée, est particulièrement néfaste et doit désormais être proscrite. Une démarche proactive est nécessaire car cette idée n’est pas encore ancrée dans l’esprit des propriétaires qui, croyant bien faire, ont parfois la main lourde et sur les quantités d’aliment et sur les compléments calciques et vitaminiques. Un rationnement strict est nécessaire et la croissance du chiot doit être régulièrement suivie et vérifiée. Il est maintenant acquis qu’une croissance pondérale trop rapide, dans les grandes races, perturbe le développement du squelette et est associée à des maladies ostéo-articulaires. Le rationnement du chiot nécessite une expertise qui est du ressort du vétérinaire. Le praticien doit savoir calculer les besoins énergétiques en fonction du stade de croissance, de la race, de l’activité, pour choisir et conseiller un aliment adapté et correctement formulé. C’est cette compétence davantage que sa qualité intrinsèque qui distingue l’aliment vendu chez le vétérinaire de celui des autres circuits de distribution. La croissance étant un processus multifactoriel, les causes de retard de croissance sont très variées. Le clinicien doit s’attacher à une analyse minutieuse de l’historique médical, des conditions de vie, en particulier des apports nutritionnels. Les causes hormonales de déficit de croissance (nanisme hypophysaire et thyroïdien) sont finalement assez rares. Le retard de croissance peut aussi être le révélateur d’une maladie et doit être considéré comme un indice si aucune cause environnementale n’a pu être mise en évidence. Le propriétaire ne sera jamais aussi sensible à la santé de son animal que pendant ces mois de croissance, c’est le moment de fidéliser et de faire rimer croissance de l’animal et croissance du chiffre d’affaires ! Si les propriétaires ont l’occasion d’apprécier la compétence de leur vétérinaire, de comprendre l’intérêt d’un suivi régulier tout au long de la vie de leur animal, c’est un gage de fidélisation. Les deux visites vaccinales des premiers mois de la vie restent notoirement insuffisantes pour assurer un suivi de qualité : à titre de comparaison, c’est comme si un enfant ne voyait son médecin que deux ou trois fois entre ses premiers mois et sa vingtième année … Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline consacré à la croissance osseuse et à ses anomalies, vous apporte toutes les informations nécessaires pour délivrer aux propriétaires les meilleurs conseils et optimiser cette période clé de la vie de leur chien. Nous sommes heureux d’apporter notre contribution au développement de l’auxologie vétérinaire. ❒
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