Il est classique, en dermatologie vétérinaire, de raisonner à partir de grands types lésionnels ou de motifs de consultation. Cinq sont couramment utilisés en raison de leur fréquence et de l’aisance avec laquelle le praticien les reconnaît : prurit, alopécie, nodules, ulcères, état kératoséborrhéique. Parmi ceux-ci, le plus fréquent est sans doute l’état kératoséborrhéique. Aussi, avons-nous choisi de vous présenter ce grand type lésionnel dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine-féline intitulé “Les états kératoséborrhéiques chez le chien et le chat”. L’état kératoséborrhéique (EKS) désigne, traditionnellement, en dermatologie vétérinaire, une atteinte cutanée chronique, caractérisée par la production excessive de squames et des altérations des lipides de surface (d’origine sébacée, sudorale et épidermique), chacune de ces manifestations peut être d’importance relative variable. Il est simple de considérer, comme un ensemble, toutes les atteintes cutanées chroniques, caractérisées par la production excessive de squames et des altérations des lipides de surface. Cet ensemble a été désigné d’abord par le terme de séborrhée, puis de syndrome ou d’état kératoséborrhéique et récemment, par celui de trouble de la kératinisation. Comme le montrent les articles de ce dossier, cet ensemble est en fait très hétérogène. Cette hétérogénéité est ainsi soulignée par les multiples dénominations qui désignent cet état, en médecine vétérinaire, et qui ne sont pas, en fait, synonymes. En dermatologie de l’homme, le terme d’état kératoséborrhéique n’existe pas et une différence nette est faite entre ce qui est du domaine de la pathologie des glandes sébacées, la séborrhée, la dermatite séborrhéique et l’acné, et ce qui est du domaine de la kératinisation ou, plus précisément, de la différenciation épidermique, par exemple les ichtyoses et les kératodermies palmoplantaires. En médecine vétérinaire, à l’image de ce qui est fait chez l’homme [2], le groupe des affections de la glande sébacée réunit ainsi l’acné du chat, la séborrhée primaire, la dermatite séborrhéique liée à la prolifération de Malassezia spp., l’adénite sébacée granulomateuse, le syndrome comédoneux du Schnauzer nain, ainsi que des dermatoses récentes [1, 3], et le groupe des troubles de la différenciation épidermique rassemble les ichtyoses et les kératodermies palmoplantaires, la dermatose répondant à l’administration de zinc, l’acrodermatite létale du Bull terrier, la parakératose folliculaire congénitale. Les autres dermatoses peuvent être réparties en dermatoses infectieuses, eczémas et dermatoses spongiformes, dermatoses des états d’hypersensibilité, troubles de la pigmentation cutanée, génodermatoses. Afin de décrire les états kératoséborrhéiques du chien et, dans un cahier spécial “Féline”, les particularités chez le chat, d’une manière qui colle à la pratique et didactique à la fois, nous avons adopté une classification clinique, dichotomique : sont d’abord distingués les états kératoséborrhéiques avec prurit primaire ou inaugural, c’est-à-dire les états kératoséborrhéiques initialement prurigineux, des états kératoséborrhéiques sans prurit primaire, c’est-à-dire initialement non prurigineux. Parmi ces derniers, sont distingués ceux d’apparition précoce, chez le chiot, de ceux qui s’expriment chez l’adulte. Les états kératoséborrhéiques acquis, apparaissant chez l’adulte, peuvent être séparés en deux groupes : ceux qui affectent la totalité ou une grande partie de la surface corporelle, dès le début de leur évolution, et ceux qui sont responsables d’une atteinte localisée. Pour chacune des dermatoses décrites, les signes cliniques ou les lésions qui les caractérisent sont soulignés afin d’en bien montrer les particularités. Avec cet abord pratique, notre vœu le plus cher est que ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine-féline vous persuade, s’il en est besoin, qu’un examen clinique approfondi, complété par une anamnèse détaillée, permet, dans un grand nombre de cas, un diagnostic précis, étiologique. Bonne lecture ! ❒
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