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Les années 1980 furent une époque charnière dans l’histoire de la reproduction équine en France grâce à la mise au point de nouvelles techniques développées par les chercheurs de l’Inra* de Nouzilly et des Haras Nationaux (aujourd’hui IFCE**). Ils ont adapté à l’espèce équine le savoir-faire déjà existant en reproduction bovine comme l’insémination artificielle et l’échographie de l’appareil génital. L’insémination artificielle, en plus de limiter les risques sanitaires et de supprimer les risques de “coups et blessures” par rapport à une saillie, facilite la dissémination de l’information génétique grâce au transport de semence réfrigérée ou congelée à travers la France, et hors de nos frontières. Ceci est un vrai plus pour le progrès génétique ! Aujourd’hui, presque 40 ans plus tard, le suivi gynécologique par échographie est devenu un outil indispensable dans la gestion de la mise à la reproduction des poulinières aussi bien pendant l’œstrus que pendant la gestation.
Avec l’abondance de l’information disponible sur Internet, toutefois non validée, les vétérinaires sont confrontés aux questions de plus en plus précises des éleveurs et des propriétaires de chevaux. C’est notamment le cas de la contraception, chez la jument et l’étalon, quand les ardeurs sexuelles de leur monture les rendent difficiles à gérer. Différentes méthodes de suppression des chaleurs sont décrites et passées au peigne fin dans un article complet de Jean François Bruyas qui présente les avantages, les inconvénients et les pourcentages de succès de chacune. En particulier, dans le cas de la jument “pisseuse”, l’examen gynécologique doit être complété d’un examen orthopédique complet car il révèle souvent une douleur musculo-squelettique à l’origine de la gêne. Mais, il n’y a pas encore de recette miracle et il convient de garder à l’esprit que certains traitements représentent des infractions à la réglementation en matière de lutte contre le dopage, en course principalement.
L’estimation de la fertilité basée sur les paramètres séminaux de l’étalon est difficile. Il existe toujours un étalon présentant des paramètres de mobilité, de viabilité, et de morphologie acceptables mais avec lequel les juments restent vides, ou cet autre étalon qui a une bonne fertilité mais une semence de qualité médiocre. C’est l’étude des organites du spermatozoïde (acrosome, mitochondries, membrane plasmique) et l’évaluation de l’oxydation cellulaire et de la détérioration de l’ADN grâce à la cytométrie qui a permis de mieux comprendre certaines causes d’infertilité. Les recherches menées, entre autres, par Isabelle Barrier-Battut au sein de l’IFCE ont permis d’établir des algorithmes de prédiction de la fertilité des étalons grâce à l’utilisation de sondes fluorescentes précises et la cytométrie. Il y a 15 ans, le premier cytomètre que j’ai connu à l’Inra de Nouzilly prenait une pièce à lui seul. Aujourd’hui, les cytomètres tiennent sur une paillasse et demain, ils seront probablement utilisables sur le terrain. Tout comme le suivi gynécologique par échographie qui a amélioré la gestion des poulinières, il se pourrait que la cytométrie révolutionne la gestion des étalons.
Ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine sur la reproduction des équidés permettra aux praticiens d’une part, de consolider leurs connaissances en reproduction équine et d’autre part, d’être informés des dernières avancées issues de la recherche par des experts. Bonne lecture à toutes et à tous. ❒
NOTES * Institut National de la Recherche Agronomique **Institut Français du Cheval et de l’Équitation
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