La presse vétérinaire s’est surtout focalisée ces dernières années, sur les problèmes de reproduction des élevages laitiers. De ce fait, on a parfois l’impression qu’il n’y a pas de nouveauté en matière de reproduction dans les troupeaux allaitants et que, somme toute, la monte naturelle fonctionne plutôt bien dans ces élevages … Le rôle du vétérinaire se trouve alors limité à quelques examens de vaches en anœstrus ou à quelques diagnostics de gestation à la rentrée à l’étable.
Ces dernières années, l’élevage allaitant français évolue dans un contexte technico-économique particulièrement difficile, caractérisé par une augmentation importante du prix des intrants combinée aux fluctuations du marché de la viande.
Dans ces conditions, l’augmentation de la rentabilité de l’élevage allaitant passe obligatoirement par une augmentation du nombre de veaux produits, donc par une gestion
collective de la reproduction.
Dans ce contexte, un dossier sur la reproduction en élevage allaitant donnera aux praticiens quelques clés pour aborder un problème de fécondité et optimiser le nombre de veaux produits par vache.
Dans un article introductif intitulé
“Comment diagnostiquer un défaut de productivité numérique en élevage allaitant”, F. Schelcher et coll. nous présentent les spécificités de la visite en élevage allaitant, notamment lors d’une intervention en situation dégradée.
Les particularités physiologiques de la vache allaitante, en particulier l’anœstrus post-partum, sont rappelées pour mieux comprendre les stratégies hormonales utilisées pour la maîtrise des cycles ou pour le traitement des anomalies de la cyclicité (N. Picard-Hagen et coll.).
Même s’ils sont moins développés en élevage allaitant qu’en élevage laitier, les suivis de reproduction peuvent aider l’éleveur à mieux gérer sa reproduction.
G. de Crémoux a développé ces suivis dans le cadre de sa clientèle, il nous donnera dans un prochain numéro, avec la suite de ce dossier quelques applications pratiques de l’utilisation de thérapeutiques hormonales en élevage bovin allaitant.
Les thérapeutiques hormonales à la disposition du praticien ne sont que des solutions palliatives à des problèmes individuels. C’est pourquoi, il est impératif d’intégrer dans la démarche diagnostique l’environnement global de l’animal, en particulier l’alimentation et la conduite de la reproduction, de façon à envisager la mise en place de mesures préventives.
L’alimentation joue un rôle majeur dans les performances de reproduction. L’article de F. Enjalbert nous donne des éléments opérationnels sur les apports recommandés en minéraux et en vitamines et sur les méthodes d’apports chez la vache allaitante.
La mise en place du vêlage à 2 ans peut constituer une voie d’amélioration des performances de reproduction. Sur la base de travaux expérimentaux récents menés en élevage charolais, J.-P. Farrié nous montre les intérêts et les limites de cette conduite d’élevage.
La détection des chaleurs est un élément clé de la conduite de la reproduction dans les élevages pratiquant l’insémination artificielle ou la monte en main. Un article original (P. Salvetti et coll.) est consacré à l’expression des chaleurs et aux caractéristiques du comportement d’œstrus chez trois grandes races françaises. Un prochain article s’intéressera notamment à la qualité de la détection des chaleurs.
Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé devrait constituer, de par son caractère ciblé et opérationnel, une mise au point utile pour les praticiens qui souhaitent développer les suivis d’élevages allaitants.
Forts de ce dossier, nous espérons que le vétérinaire pourra aider l’éleveur à adopter la stratégie de reproduction adaptée à ses contraintes et à son contexte d’élevage avec pour objectif d’améliorer ses résultats technico-économiques.