| L'inflammation endo-oculaire est une dominante pathologique en ophtalmologie équine, qu’elle relève de traumatismes perforants ou non de la cornée, ou qu’elle reconnaisse des mécamismes pathogéniques strictement immunologiques. Le législateur, bien avant le médecin, l’avait compris, en inscrivant dans la loi du 2 août 1884 sur la liste des vices rédhibitoires la fluxion périodique des yeux (du latin fluxere : couler), alors même que le terme d’uvéite n’existait pas encore dans le vocabulaire médical. Depuis, ce terme a été remplacé par celui d’uvéite isolée et les considérations importantes en matière de jurisprudence sont exposées dans l’article de P. Saleur. Nicolas avait compris l’importance médicale qu’il fallait accorder aux uvéites et très vite, de nombreuses investigations étiologiques ont été menées pour comprendre et lutter contre ce syndrome aux multiples facettes cliniques. - Si les descriptions classiques des anciens Maîtres laissaient supposer une certaine uniformité symptomatologique, la réalité clinique aujourd’hui montre les aspects multiples et protéiformes de ce syndrome qui imposent au clinicien de mener un examen des plus rigoureux pour le reconnaître, ce que décrit l’article de T. Dulaurent et coll. - Très vite, l’étiologie leptospirosique de la majorité des uvéites isolées a été admise, malgré une connaissance encore imparfaite de leur pathogénèse.
- C’est très certainement chez le cheval que l’étiologie des uvéites est la mieux connue, alors que chez le chien ou chez l’Homme, la cause n’est pas déterminée dans presque 70 p. cent des cas. La recherche de cette cause leptospirosique est maintenant possible, comme le décrit l’article d’A.-M. Desbrosse et S. Provost, et permet d’instaurer, au delà du traitement classique, des mesures plus spécifiques aussi bien thérapeutiques que prophylactiques. - Depuis les travaux de Parma, on sait par ailleurs, qu’il existe des communautés antigéniques entre certains antigènes leptospirosiques et certaines protéines de la cornée : ce fait explique, pour partie, les possibles récidives d’uvéite, lors d’atteinte cornéenne sur un œil ayant déjà été le siège d’une inflammation endo-oculaire, pouvant évoluer selon un véritable tableau de kérato-uvéite. Ces inflammations endo-oculaires représentent donc un premier défi important pour le clinicien, tant sur le plan diagnostique que thérapeutique.
- Un deuxième défi est représenté par les complications majeures des pertes de substances cornéennes lors de présence en quantité anormale de collagénases pour entraîner une véritable liquéfaction détruisant la cornée, et aboutissant à la perforation irrémédiable du globe oculaire. De nombreux travaux ont été menés sur cette affection dans une des meilleures équipes en ophtalmologie au monde par F. Ollivier qui, avec C. Gaillard-Lavirotte, nous en présente une excellente synthèse. Celle-ci permet de déjouer les pièges diagnostiques et de mieux comprendre les mesures prophylactiques à mettre en place devant toute agression cornéenne.
- Le troisième défi est constitué par les tumeurs palpébrales et conjonctivales dont la reconnaissance est beaucoup plus facile que la mise en place de protocoles thérapeutiques, très bien documentée, dans l’article d’A. Théon. - Toutes ces affections oculaires dominantes se traduisent, à des degrés divers, par une douleur au sujet de laquelle O. Bisseaud expose les différentes stratégies thérapeutiques. Cette lutte contre la douleur est la plupart du temps, accompagnée de l’administration d’autres médicaments et la voie sous-conjonctivale, ainsi que l’administration dans le cul-de-sac conjonctival par la mise en place d’un cathéter particulier, sont des passages obligés pour obtenir des résultats satisfaisants, assortis d’une protection particulière du globe oculaire. - Pour certaines tumeurs envahissantes ainsi que pour certaines uvéites récidivantes, douloureuses et invalidantes, l’alternative de l’énucléation doit être parfois envisagée, ne serait-ce que pour assurer un confort de vie satisfaisant pour le cheval.
Ainsi, parce qu’en ophtalmologie le clinicien a la possibilité de voir directement toutes les lésions et de les identifier, la rigueur de l’examen s’impose, en toutes circonstances, y compris lors des transactions commerciales, afin de repérer certes, les affections inflammatoires évolutives, mais aussi les stigmates d’affections passées, et plus encore les signes avant coureurs de certaines autres.
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