Les champignons du genre Claviceps forment des sclérotes qui remplacent la graine de très nombreuses plantes herbacées (blé, seigle, riz, etc) et qui contiennent des alcaloïdes, présents à des concentrations variables. La contamination par Claviceps en Europe et Amérique du Nord est en augmentation. À ce jour, la règlementation européenne pour les denrées destinées à l’homme ou à l’animal est basée sur les teneurs en sclérotes dans les céréales (0,5 g et 1 g/kg respectivement). Les alcaloïdes interagissent avec certains récepteurs du système nerveux et, à forte dose, provoquent des effets sur la vascularisation (gangrène sèche) ou le système nerveux (convulsions). Chez les animaux d’élevage exposés à de plus faibles doses, les symptômes cliniques sont différents selon les espèces et le lien avec une exposition à ces contaminants est parfois difficile à déterminer.
Chez les bovins ou le canard de Pékin, une réduction des performances apparait dès 0,2 g à 1 g de sclérote/kg d’aliment respectivement. Le poulet résiste beaucoup mieux à la présence d’alcaloïdes (jusqu’à 4 g de sclérote/kg d’aliment). Chez les bovins et les porcins, la fonction de reproduction est dégradée alors que les alcaloïdes conduisent à une réduction voire à l’arrêt de la production de lait. Par ailleurs, malgré le peu d’études publiées, il semble que la présence de résidus dans les produits d’origine animale reste limitée.
Disciplines : Alimentation, zootechnie, reproduction
Mots-clés : Ergot, sclérotes, système nerveux, système vasculaire, gangrène sèche, performances, reproduction, lactation, bovins, porcins, volailles
PLAN DE L’ARTICLE
LA TOXICITÉ DES ALCALOÏDES DE L’ERGOT
Encadré 1 – Les mécanismes d’action des alcaloïdes de l’ergot et données de pharmacocinétique
DONNÉES ÉPIDÉMIOLOGIQUES
RÉGLEMENTATION
RÉSIDUS DANS LES PRODUITS ANIMAUX
TOXICITÉ CHEZ L’ANIMAL DE LABORATOIRE ET CHEZ LES ANIMAUX D’ÉLEVAGE
Chez les animaux de laboratoire
Chez les animaux d’élevage
LES EFFETS SUR LA SANTÉ ET LES PERFORMANCES DES ANIMAUX D’ÉLEVAGE
Chez les bovins
Chez les porcs
Chez le poulet et chez le canard
LES EFFETS VASCULAIRES
In vitro
Chez les bovins
Chez les autres espèces
LES EFFETS SUR LA REPRODUCTION ET SUR LA LACTATION
Effets sur la reproduction et sur la lactation chez les femelles
Les effets sur la reproduction chez les mâles
LES DIFFÉRENCES INTERSPÉCIFIQUES
CONCLUSION
3 photos illustrent cet article
Philippe Pinton, PhD, est Ingénieur d’études dans l’équipe Biosynthèse et Toxicité des Mycotoxines de l’unité INRA-Toxalim
à Toulouse.
1983 : Diplôme Universitaire de Technologie « Biologie Appliquée », Université de Perpignan
2012 : Doctorat « Biologie cellulaire, moléculaire et sciences de la santé », École Pratique des Hautes Études, Paris
1989-1993 : Laboratoire de Radiobiologie Appliquée, Commissariat à l’Énergie Atomique, Saclay
1993-2001 : Laboratoire de Génétique Cellulaire, INRA Toulouse
Depuis 2001 : Laboratoire de Toxicologie Alimentaire -Toxalim, INRA Toulouse