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Pharmacologie de quelques antibiotiques d’importance dans le traitement des mammites des bovins et applications pratiques

Olivier Salat, Aude Ferran

Hors-série - Lutte contre les infections mammaires

Dans l’approche thérapeutique des mammites, trois compartiments doivent être pris en compte : le lait, le tissu mammaire avec toutes ses composantes (milieux extra et intracellulaire), et l’organisme entier. La plupart des germes responsables de mammites ne sont isolés qu’à partir du lait. La voie intramammaire ou locale permet d’atteindre des concentrations d’antibiotiques très élevées dans le lait, malgré des doses initiales limitées, quand on les compare à celles employées dans les produits injectables.
Demeure quand même une inconnue : l’aptitude de la spécialité administrée de diffuser dans l’ensemble des canaux collecteurs du lait de la mamelle.
La plupart des molécules utilisées par voie locale ont des capacités de diffusion limitées. Ainsi, les mécanismes inflammatoires initiés lors de mammite (fibrine, congestion mammaire) peuvent s’opposer à la répartition du produit dans l’intégralité du lait contenu dans la mamelle
Les spécialités injectables employées lors de mammite ne concernent que des molécules avec des caractéristiques pharmacocinétiques leur permettant un passage, voire une accumulation dans la mamelle, donc bien moins d’aléas quant à l’atteinte de leur cible infectieuse.
Demeurent, là-aussi, certaines imprécisions sur le schéma thérapeutique qu’il faut leur appliquer. Dans l’indication mammites, l’association sulfamide/ triméthoprime, développée au départ en médecine humaine, présente un intérêt majeur dans l’approche thérapeutique des mammites sévères dues à des coliformes. C’est en effet le seul antibiotique, hors les antibiotiques critiques, dont une étude terrain illustre l’efficacité. Toutefois, la nature du sulfamide employé, des caractéristiques propres à l’espèce bovine ainsi que certains biais de l’étude précitée peuvent questionner sur son efficacité véritable. Le pénéthamate, ester base faible de la pénicilline G, constitue un antibiotique de choix dans l’approche des infections mammaires dues aux streptocoques et aux souches de staphylocoques non productrices de bêta lactamase, qui constituent les agents de la majorité des mammites rencontrées sur le terrain. Des connaissances affinées sur ses propriétés de diffusion dans le lait permettent de proposer des schémas thérapeutiques plus adaptés à une meilleure efficacité.
Disciplines : Pharmacologie, bactériologie, thérapeutique
Mots-clés : mammites, traitement antibiotique, pharmacologie, pharmacocinétique, pénéthamate, sulfamide, triméthoprime
In the therapeutic approach to mastitis, three compartments must be taken into account : milk, udder tissue with all its components (extra and intracellular media) and the whole organism. Most of the pathogens involved in bovine mastitis are only isolated in milk. The intramammary or local route makes it possible to achieve very high concentrations of antibiotics in milk, despite limited initial doses, when compared with those used in injectables. Still remains an unknown: the ability of the specialty administered to diffuse into all the udder’s milk collecting ducts. Most of the molecules used locally have limited diffusion capacities. Thus, the inflammatory mechanisms involved in mastitis (fibrin, udder congestion) may oppose the distribution of the product in all the milk contained in the udder. The injectable specialties used in mastitis only concern molecules with pharmacokinetic properties allowing them to pass or even accumulate in the udder, and therefore much less risk with regard to their reaching their infectious target. There also remain some inaccuracies on the treatment regimen that should be applied to them. In the mastitis indication, the sulfonamide/ trimethoprim combination, initially developed in human medicine, is of major interest in the therapeutic approach of severe mastitis due to coliforms.
It is indeed the only antibiotic, apart from critical ones, whose effectiveness a field study illustrates. However, the nature of the sulfonamide used, characteristics specific to the bovine species as well as certain biases of the aforementioned study may question its true effectiveness. Penicillin G, its weak base ester, penethamate, is the antibiotic of choice in the treatment of udder infections caused by streptococci and strains of staphylococci that do not produce beta lactamase, which are the agents of the majority of mastitis encountered in the field. Refined knowledge of its diffusion properties in milk makes it possible to propose more suitable therapeutic regimens for better efficacy.
Disciplines: Pharmacology, bactériology, therapeutics
Keywords : mastitis, treatment, antibiotics, pharmacology, pharmacokinetic, penethamate, sulfonamide, trimethoprim

Tableau 1 – Localisation des cibles de l’antibiothérapie lors de mammites

I1 L’ASSOCIATION SULFAMIDES / TRIMÉTHOPRIME

ET LES INFECTIONS MAMMAIRES COLIBACILLAIRES

I2 Rappels de pharmacodynamie et conséquences cliniques

I2 Le triméthoprime

Figure 1 – Intervention des deux antibiotiques dans le métabolisme des acides foliques

I2 Les sulfamides

I2 Triméthoprime et sulfamide

I2 Conséquences cliniques

Figure 2 – Concentrations de triméthoprime obtenues dans le lait

après administration parentérale (IV, IM ou SC) de l’association sulfadiazine-triméthoprime

Figure 3 – Concentrations de sulfadiazine obtenues dans le lait

après administration parentérale (IV, IM ou SC) de l’association sulfadiazine-triméthoprime

I2 Analyse des résultats du terrain sur une étude disponible

Tableau 2 – Comparaison des caractéristiques pharmacocinétiques

des diverses molécules employées dans les associations sulfamide-triméthoprime chez les bovins

I1 PÉNÉTHAMATE ET INFECTIONS MAMMAIRES À STREPTOCOQUES

OU À STAPHYLOCOQUES

Encadré – Sensibilité à la pénicilline G des Streptocoques et des Staphylocoques

Figure 4 – Répartition des CMI vis-à-vis de la pénicilline des souches

de Streptococcus dysgalactiae isolées lors de différentes enquêtes

Figure 5 – Répartition des CMI vis-à-vis de la pénicilline des souches

de Streptococcus uberis isolées lors de différentes enquêtes dans divers pays, essentiellement européens

Figure 6 – Évolution de la sensibilité à la pénicilline G des souches de Staphylococcus aureus (SA)

et Staphylocoques non aureus (SNA) isolées en France au cours des 10 dernières années

Figure 7 – Comparaison des concentrations de pénicilline G mesurées dans le lait après 3 injections de pénéthamate réalisées à 0, 24 h et 48 h des 2 doses testées (10 et 15 mg/kg) de pénéthamate

I2 Pharmacocinétique du pénéthamate et applications thérapeutiques

I2 Concentrations de pénicilline G obtenues dans le lait

suite à l’administration parentérale de deux doses de pénéthamate

Figure 8 – Concentrations de pénicilline G mesurées dans le lait après administration de 2 doses de pénéthamate (10 mg/kg et 15 mg/kg) administrées par voie parentérale

I2 Applications pratiques

I1 CONCLUSION

 

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Olivier Salat, DVM, Diplomate de l’European College of Bovine Health and Management (ECBHM).

Membre de la commission “vaches laitières” de la SNGTV. Olivier Salat exerce à la clinique vétérinaire de la haute Auvergne, avec 5 autres associés et 4 salariés vétérinaires.

1988 : Diplômé de l’école nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT)

19893 : Doctorat vétérinaire, Université de Toulouse

1988-1990 : Assistant d’Enseignement Contractuel en pathologie des ruminants (ENVT)

Deouis 1991 : Praticien à la clinique vétérinaire de la haute Auvergne

1998 : CEAV « Qualité en production laitière »<br>2009 : Diplômé de l’ECBHM