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Problématiques des mycotoxines en élevage : l’exemple des bovins

Sylviane Bailly, Jean-Denis Bailly

N°37 - MYCOTOXINES ET CONTAMINANTS ENVIRONNEMENTAUX CHEZ LES RUMINANTS

L’exposition des bovins aux mycotoxines est souvent suspectée d’être responsable de troubles en élevage. Pourtant, il est démontré que les bovins sont naturellement plus résistants que d’autres espèces animales aux mycotoxines pour lesquelles il existe des recommandations en alimentation animale. Cette résistance s’explique en partie par le rôle protecteur de la flore ruminale qui transforme certaines mycotoxines en composés non toxiques.

Cependant, certains éléments peuvent venir affecter cette résistance naturelle, comme par exemple une situation d’acidose ruminale chronique, la présence de plusieurs toxines ayant un effet synergique ou de toxines pour lesquelles les effets sont mal connus.

De plus, les bovins peuvent être exposés à d’autres toxines contaminant les ensilages ou les fourrages secs et pour lesquelles il n’existe pas de seuil réglementaire et peu de données toxicologiques permettant d’établir des effets-doses précis.

La prévention des accidents toxiques en élevage bovin passe avant tout par la prévention du développement fongique dans les aliments. Depuis quelques années, l’usage de capteurs de toxines s’est développé. Si cette stratégie semble justifiée dans les pays ou la contamination mycotoxique est fréquente ou pour les espèces très sensibles comme les porcins, leur usage systématique en élevage bovin nécessite encore de démontrer leur efficacité envers les toxines impliquées dans les accidents toxiques.

Disciplines : Toxicologie, nutrition, thérapeutique

Mots-clés : Flore, rumen, résistance, acidose ruminale chronique, toxines, prévention, capteurs réglementation, bovins

PLAN DE L’ARTICLE
LES MYCOTOXINES DES CÉRÉALES ET LA RÉSISTANCE DES BOVINS
Figure 1 – Transformation ruminale du déoxynivalénol en dé-epoxy-déoxynivalénol (DOM-1) non toxique
Tableau 1 – Recommandations européennes concernant certaines mycotoxines dans les aliments pour animaux
La sous-estimation de l’exposition
La saturation des mécanismes de détoxification ruminale
La présence dans la ration d’un mélange de toxines pouvant avoir un effet additif ou synergique
Tableau 2 – Effet d’un aliment contenant du déoxynivalénol (3 mg/kg), du 15-aDON (0,3 mg/kg) et de la zéaralénone (0,24 mg/kg) sur la production de lait et différents paramètres sanguins de vaches laitières
Tableau 3 – Effet d’un aliment contenant du déoxynivalénol (3,5 mg/kg), du 15-aDON (0,9 mg/kg) et de la zéaralénone (0,3 mg/kg) sur la production de lait et différents paramètres sanguins de vaches laitières
La présence d’autres mycotoxines
LES MYCOTOXINES DES FOURRAGES
Les mycotoxines des ensilages
Encadré – Les moisissures capables de se développer dans des conditions de faible teneur en oxygène
Les mycotoxines des fourrages secs
Figure 2 – Schéma du développement d’une espèce fongique tolérante au confinement dans un silo d’ensilage de maïs
LES MESURES PRÉVENTIVES ET CORRECTIVES LORS D’INTOXICATION MYCOTOXIQUE
Figure 3 – Différentes catégories d’agents limitant la toxicité des mycotoxines
Les recommandations pour l’ensilage
Identifier la source à l’origine d’une mycotoxicose
L’utilisation de “capteurs”
CONCLUSION
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Bailly JD

Jean-Denis Bailly
Professeur en Hygiène des aliments à l’ENVT, diplomé du collège européen de santé publique vétérinaire
1987-1991 : Études vétérinaires à l’ENVT
1992-1995 : Thèse d’université au CNRS
1996-aujourd’hui : Maître de conférences puis professeur en Hygiène des aliments à l’ENVT
2011- aujourd’hui : Membre de l’équipe Biosynthèse et toxicité des mycotoxines, UMR Toxalim

Bailly S

Sylviane Bailly
1990-1994 : Études vétérinaires à l’ENVT
1995-2000 : Pratique de la médecine en clientèle
2001-2008 : Responsable du laboratoire Myco2B
2009-2017 : Ingénieur de recherche dans l’équipe Biosynthèse et toxicité des mycotoxines, Toxalim-ENVT