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Stress thermique chez les bovins : bases physiopathologiques

Florian Karl, Didier Raboisson

N°50 - LE RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE ET SES CONSÉQUENCES sur l'élevage bovin français

Les bovins, animaux homéothermes, présentent une zone de thermoneutralité. Lorsque cette zone est dépassée, la température corporelle augmente et une dépense d’énergie supplémentaire, par rapport à l’entretien, est nécessaire pour restaurer la température corporelle physiologique. L’ensemble des paramètres extérieurs entraînant ce processus constitue ce que l’on appelle le stress thermique.

Le THI (index température-humidité) permet d’établir un seuil à partir duquel la vache est soumise à un stress thermique. Les réponses physiologiques visent à une réduction de la production de chaleur (diminution de l’ingestion, baisse du métabolisme), et à une élimination de celle-ci (vasodilatation, transpiration, augmentation de la fréquence respiratoire).

Le stress thermique a des conséquences multiples sur les bovins : baisse d’immunité, augmentation des infections, baisse de production laitière et impact sur la qualité du lait (baisse des taux protéique et taux butyreux, augmentation des comptages cellulaires, augmentation de l’incidence des mammites cliniques), dégradation de la reproduction, baisse de croissance des veaux.

Ces indicateurs, faciles à mesurer sur le terrain, s’expliquent en particulier par un remaniement des équilibres hormonaux liés à l’exposition des vaches à la chaleur.

L’hormone de croissance et les hormones thyroïdiennes, responsables d’une production de chaleur indirecte, sont diminuées. A contrario, les glucocorticoïdes, vasodilatateurs, favorisent la dissipation de chaleur et les vaches présentent une augmentation de la glucocortisolémie.
Les veaux issus de mères exposées à un stress thermique sont, quant à eux, soumis au stade fœtal à différentes modifications (baisse de la fonction placentaire, augmentation de la température fœtale, baisse de croissance des tissus fœtaux, …), ayant plusieurs conséquences (augmentation de la mortalité, poids plus faible à la naissance, production laitière plus faible, …).
Disciplines : Physiologie, zootechnie
Mots-clés : stress, THI, ingestion, production, index, thermique, chaleur, immunité, hormone, bovins
Heat stress in cattle: physiopathological bases
Cattle, homeothermic animals, present a zone of thermoneutrality. When this zone is exceeded, body temperature rises and additional energy expenditure, compared to maintenance, is required to restore physiological body temperature. The set of external parameters causing this process constitutes what is called heat stress.
The THI (temperature-humidity index) establishes a threshold from which the cow is subjected to heat stress. Physiological responses aim to reduce heat production (decrease in ingestion, decrease in metabolism), and eliminate it (vasodilation, sweating, increased respiratory rate).
Heat stress has multiple consequences on cattle: decrease in immunity, increase in infections, decrease in milk production and impact on milk quality (decrease in PT and BT, increase in cell counts, increase in the incidence of clinical mastitis), degradation of reproduction, reduced growth of calves.
These indicators, easily measurable in the field, can be explained in particular by a change in the hormonal balance linked to the exposure of cows to heat. Growth hormone and thyroid hormones, responsible for indirect heat production, are reduced. Conversely, glucocorticoids, vasodilators, promote heat dissipation and cows show an increase in glucocortisolemia.
Disciplines: Physiology, animal husbandry
Key words: stress, THI, ingestion, production, heat, immunity, cattle

Plan de l’article

Équilibres hormonaux et biochimiques

Production laitière

Impact sur les cellules épithéliales mammaires
Baisse de production de lait

Baisse d’ingestion et risque d’acidose ruminale subaiguë
Baisse du développement mammaire en période sèche
Qualité du lait : TB, TP et santé mammaire
Taux butyreux
Taux protéique
Santé mammaire
Immunité
Stress oxydatif et activité anti-oxydante
Développement fœtal et période néonatale
Immunité du fœtus et du nouveau-né
Conclusions

Florian Karl est assistant hospitalier en Pathologie des ruminants à l’École Nationale Vétérinaire de Toulouse (INP-ENVT) et praticien libéral au cabinet vétérinaire Blancard dans l’Aveyron (12400 Saint-Afrique).

2019 : Diplômé de l’École vétérinaire de Nantes (Oniris)
2020 : Doctorat vétérinaire, Faculté de Médecine de Nantes

Didier Raboisson est maître de conférences à l’École nationale vétérinaire de Toulouse (ENVT)

2004 : Diplômé de l’ENVT
2003-2004 : Assistant en clientèle Charolaise (Dr André Meyus, Montmarault, 03)
2004 : Docteur Vétérinaire
2004-2005 : Internat en Clinique des Ruminants (Pathologie des Ruminants, ENVT)
2005-2011 : Résident en Gestion de la Santé des Bovins (Pathologie des Ruminants, ENVT)
2007 : Master Ruralité et dynamiques territoriales à l’Institut National Polytechnique de Toulouse
2008-2011 : Doctorant d’Université à l’Institut National Polytechnique de Toulouse
2011 : Doctorat d’Université à l’Institut National Polytechnique de Toulouse
2011 : Spécialiste Européen en Gestion de la Santé des bovins (European College of Bovine Health Management Diplomate)

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