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L'initiative prise par le comité de rédaction du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine de consacrer un dossier spécial aux ictères chez le cheval peut-être, sans risque d’exagération, qualifiée d’excellente. En effet, peu de données sont disponibles dans cette espèce.
L’épisode, dont se rappellent sans doute de nombreux vétérinaires équins, de "l’épizootie" de 1992 d’encéphalopathies d’origine hépatique, encore appelées "encéphalose hépatique" avait illustré l’absence de données épidémiologiques, pathogéniques, cliniques et biologiques de cette affection chez le cheval (Zientara S. et coll. Equine hepatic encephalopathy in France. Vet. Record, 1994).
Pendant l’été 1992, les praticiens équins de la région normande et des pays de la Loire se sont trouvés confrontés à de nombreux cas de juments (en majorité) qui, brutalement, semblaient atteintes de troubles nerveux si sévères qu’outre des difficultés de statique, elles se jetaient violemment contre les murs de leurs écuries ou contre les arbres des prés, tout ceci associé à un comportement particulièrement agressif.
Les derniers cas ont été notifiés en novembre 1992. Les chevaux présentaient des signes cliniques (ictère) et biologiques d’insuffisance hépatique aiguë (augmentation très élevée des paramètres biologiques marqueurs de souffrance hépatique). - De nombreuses hypothèses ont été évoquées. Parmi celles-ci, une se réfère à un effet délétère du sérum anti-tétanique administré en post-parturition (les animaux atteints étaient en majorité des juments suitées) ; la littérature relatait en effet, des cas d’insuffisance hépatique post-injection de sérum anti-tétanique. Nous avons, au laboratoire, testé de nombreux lots de sérum anti-tétanique sans succès. - Une autre hypothèse était la présence d’un agent infectieux inconnu, tant le caractère “épizootique” était important. Nous avons inoculé des broyats de foies de juments mortes à des chevaux sains et recherchés désespérément un nouveau virus par microscopie électronique, … rien ! - Parmi les nombreuses autres hypothèses, la seule qui semblait raisonnable, compte tenu des données cliniques biologiques et surtout épidémiologiques, étaient une intoxication ou une intoxination par des champignons. Mais, aucune étiologie indiscutable n’a pu établie.
Cet épisode a cependant clairement mis en évidence les lacunes des connaissances disponibles sur la pathologie hépatique, chronique, aiguë ou suraiguë, chez le cheval. Ainsi, depuis ces dernières années, l’état de connaissances dans ce domaine a considérablement progressé.
Dans ce numéro, sont abordés la démarche diagnostique que doit suivre le praticien dans l’exploration clinique des ictères chez le cheval adulte (Laetitia Jaillardon, Jean-Luc Cadoré), l’imagerie médicale avec les intérêts et les limites de l’échographie hépatique (Émilie Ségard, Jean-Luc Cadoré), la description des principales intoxications ictérogènes chez le cheval (Xavier Pineau, Florence Buronfosse-Roque), l’approche diagnostique et thérapeutique des ictères hépatiques et cholestatiques (Dominique de Clercq, Gunther van Loon et Piet Deprez), et les traitements des troubles ictériques causés par des hémopathogènes (Gilles Bourdoiseau, Jean-Luc Cadoré). Encore une fois, ce sujet, préoccupation régulière des praticiens tant il est fréquent que ce type de syndrome soit rencontré en clientèle équine, est abordé en détail dans ce numéro ; par ailleurs, la notoriété des auteurs est à la hauteur de la qualité des articles.
Nul doute que le praticien trouvera dans ce Dossier spécial les réponses aux nombreuses questions qu’il est susceptible de se poser face à un syndrome identique.
pour en savoir plus ... sur l’ictère chez le nouveau-né cf. HORS-SÉRIE NÉONATALOGIE chez les équidés : - Comprendre l’immunité néonatale du poulain de J.-F. Bruyas. - Les particularités de la néonatalogie chez l’ânon et le muleton de A. Chabchoub, A. Tibary, F. Landolzi.
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