Stephan Zientara
UMR1161 Virologie
Anses-Inra-ENVA
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de Gaulle
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En 1967, un Secrétaire d’État à la santé des États-Unis d’Amérique disait que
“le grand livre des maladies infectieuses devait se fermer et que ce risque était maîtrisé”. En 1981, débutait l’une des plus grandes pandémies de l’histoire de l’Humanité avec la dissémination mondiale du virus du SIDA. Depuis, de nombreux agents infectieux (virus, bactérie mais aussi parasites) ont été détectés alors qu’ils étaient inconnus jusqu’alors.
Dans le domaine de la santé animale, en Europe, certains dans les années 90 soutenaient que là aussi, l’ère des maladies infectieuses s’éteignait. Cet état d’esprit ne fut guère modifié par l’émergence imprévisible de l’encéphalopathie spongiforme bovine au Royaume-Uni, puis sa dissémination en Europe et la révélation spectaculaire de son caractère zoonotique ; tout phénomène considéré comme l’exception confirmant la règle précédente, notamment pour les maladies animales non zoonotiques.
La ré-émergence du virus de la Fièvre aphteuse de sérotype O en Grande-Bretagne en 2001, puis l’émergence des virus West Nile, Influenza aviaire H5N1, l’introduction de neuf sérotypes du virus de la Fièvre catarrhale ovine (et surtout celle des sérotypes 1 et 8) allaient mettre brutalement fin à ce qui apparaît, rétrospectivement, comme une illusion.
Fin 2011, dans le nord de l’Europe, un nouveau virus a été identifié : le virus de Schmallenberg. Ce phénomène illustre parfaitement les défis qui seront ceux de l’agriculture, et plus précisément, de l’élevage du XXIe siècle : l’introduction imprévisible d’agents infectieux inconnus (car non détectés dans leurs régions d’origine), ou connus (mais dont la dissémination n’est pas maîtrisée), dans un contexte d’échanges internationaux de plus en plus intenses.
C’est d’ailleurs parce que les éleveurs et les vétérinaires allemands ont suspecté la ré-apparition du virus de la Fièvre catarrhale ovine que ce nouvel orthobunyavirus a pu être identifié à l’aide de méthodes moléculaires faisant appel à des technologies de haut niveau.
Ainsi, il est nécessaire que les dispositifs de surveillance et d’épidémio-vigilance soient maintenus, renforcés même, et adaptés à ce nouvel enjeu planétaire auquel l’élevage européen est confronté. Les premières indications virologiques et sérologiques indiquent que le virus de Schmallenberg a infecté une surface considérable du nord de l’Allemagne au sud-ouest de la France (voire jusqu’au nord de l’Italie et au sud de l’Espagne). Heureusement, ce virus ne semble pas provoquer une mortalité et une létalité insupportable dans les trois espèces de ruminants sensibles. Mais peut-être serons-nous, un jour, confrontés à un agent infectieux beaucoup plus redoutable.
Ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé se propose de faire le point sur ce nouveau virus émergent qui a trouvé en Europe une niche écologique favorable et des vecteurs qui lui ont permis de se répandre rapidement et efficacement. Nos collègues belges du CERVA-CODA apportent aussi leur témoignage, ce qui permet au lecteur de composer la nature des mesures mises en œuvre dans deux pays voisins.
Pour illustrer et élargir l’actualité et la pérennité de la problématique épidémiosurveillance et émergence, d’autres filières peuvent être visitées, comme celle des poules pondeuses, elle aussi confrontée à une émergence moins brutale et moins médiatisée mais bien réelle, identifiée sous le nom de “syndrome des œufs à extrémité de verre”
(cf. l’article “volailles” de A. Gautier-Bouchardon dans ce numéro 20).
Là aussi, on retrouve le génie des maladies infectieuses à l’œuvre. Bonne lecture et bonne méditation ! ❒