cancérologie
UN NOUVEAU SYSTÈME D’IMAGERIE POUR ÉVALUER
LA PERSISTANCE DE CELLULES CANCÉREUSES DANS LE LIT TUMORAL
lors de l’exérèse de sarcomes des tissus mous chez le chien
LA PERSISTANCE DE CELLULES CANCÉREUSES DANS LE LIT TUMORAL
lors de l’exérèse de sarcomes des tissus mous chez le chien
Objectif de l’étude ❚ Évaluer un dispositif utilisant l’imagerie moléculaire pour détecter, au cours de l’intervention chirurgicale, la persistance de cellules cancéreuses dans le lit tumoral lors de l’exérèse chirurgicale des sarcomes des tissus mous et des mastocytomes chez le chien. |
Clinical Orthopaedics and Related Research 2013;471(3):834-42 A novel imaging system permits real-time in vivo tumor bed assessment after resection of naturally occuring sarcomas in dogs Eward WC, Mito JK, Eward CA, coll. |
Synthèse par Alexandre Fournet, interne et Luis Matres Lorenzo, assistant Hospitalier
Service de Chirurgie - Anesthésie, Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire de Nantes-Atlantique, ONIRIS
● Le traitement actuel des sarcomes des tissus mous repose sur une résection complète de la tumeur associée à une analyse histopathologique des marges de la pièce d’exérèse afin de s’assurer de l’absence de cellules tumorales.
● Ce nouveau système d’imagerie permet de s’assurer de l’absence de cellules cancéreuses dans le lit tumoral lors de l’intervention chirurgicale.
La présence d’une fluorescence témoigne de la persistance de cellules cancéreuses dans le lit tumoral.
Matériel et Méthodes
● Neuf chiens présentant des sarcomes des tissus mous ou des mastocytomes ont été intégrés à l’étude.
● Une injection du produit de contraste VM249 à la dose de 0,5 à 2 mg/kg est réalisée 6 à 24 h avant l’opération. Les animaux sont ensuite surveillés afin d’observer et de contrôler les éventuels effets secondaires.
Une surveillance des constantes hématologiques et biochimiques est de même réalisée avant et après l’intervention.
● En peropératoire et après l’exérèse de la tumeur, une fluorescence résiduelle dans le lit tumoral est recherchée à l’aide du dispositif.
● Une intensité de fluorescence du lit tumoral de plus de 80 p. cent de l’intensité de fluorescence de la tumeur témoigne de la persistance de cellules tumorales (“seuil” déterminé suite à des études chez la souris).
● Les marges de chaque pièce d’exérèse sont également analysées par un anapathologiste.
Résultats
● L’agent de contraste VM249 est activé par toutes les tumeurs (sarcomes et mastocytomes), suite à l’action des cathepsines surexprimées dans les cellules cancéreuses.
● Aucun effet secondaire clinique n’a été observé après l’injection du produit de contraste.
● Aucune fluorescence résiduelle au dessus du seuil n’a été détectée dans le lit tumoral sur huit des neuf animaux de la cohorte étudiée.
● Il existe une corrélation positive entre l’analyse histopathologique des marges et des images de fluorescence observée en peropératoire pour neuf tumeurs sur dix.
● L’analyse histopathologique des marges de la pièce d’exérèse d’une seule tumeur (sarcome des gaines nerveuses) présente des cellules tumorales malgré une absence de fluorescence dans le lit tumoral en peropératoire.
● Aucun chien ne présente de récidive locale à 10 mois postopératoire en moyenne.
Discussion
● Les cellules tumorales surexpriment les gènes codant pour les cathespines protéases, et l’agent de contraste est activé quel que soit le gène incriminé. La profondeur de détection de la fluorescence des cellules tumorales n’est pas connue. Il peut donc persister des cellules tumorales sous le lit tumoral.
● Un nombre d’animaux plus important pour l’étude aurait été souhaitable pour conclure sur d’éventuels effets secondaires suite à l’injection du produit de contraste, sur l’efficacité du dispositif d’imagerie pour le dépistage de cellules tumorales résiduelles ainsi que sur l’efficacité au long cours de la résection dite complète par cette méthode.
● Dans un cas, l’analyse du lit tumoral par le dispositif n’a pas révélé de fluorescence malgré la persistance de cellules tumorales sur les marges de la pièce d’exérèse constatée après analyse histopathologique. Il convient alors de considérer, soit que l’exérèse de la tumeur a été complète malgré des marges non saines, soit qu’il s’agit d’un faux négatif de dépistage pouvant être expliqué par une injection d’une dose trop faible de VM249, par un temps d’attente trop court entre l’injection du produit de contraste et l’intervention, ou par la détermination
d’un seuil de détection de fluorescence par le système d’imagerie trop faible.
Conclusion
● Les sarcomes et les mastocytomes canins surexpriment les gènes codant pour les cathepsines protéases, à l’origine de l’activation du produit de contraste VM249.
● Le dispositif d’imagerie utilisé dans cette étude semble faire la différence entre les tissus cancéreux et les tissus sains.
● Ce système, actuellement développé dans la prise en charge des tumeurs canines, pourrait être évalué lors de la prise en charge chirurgicale des sarcomes humains. ❒
Modifié le: mercredi 28 août 2013, 15:17