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Cancérologie

cancérologie


RÉSIDUS URINAIRES CYTOTOXIQUES
chez des chiens recevant une chimiothérapie anticancéreuse


Objectif de l’étude
Évaluer la présence éventuelle
de résidus urinaires de molécules
de chimiothérapie, sur des animaux
en cours de traitement.

Journal of Veterinary
Internal Medicine

2010;24:384-90.
Drug residues in serum of dogs
receiving anticancer chemotherapy.

Knobloch A, Mohring SAI, Eberle N,
Nolte I, Hamscher G, Simon D.









Synthèse par Julien Debeaupuits, praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.



L’utilisation d’agents de chimiothérapie est en croissance constante ces dernières années.
Si leur intérêt n’est plus à démontrer, les risques liés à de telles pratiques ne sont pas mesurés pour le personnel soignant vétérinaire, ni même pour l’environnement.
Récemment, un guide de bonnes pratiques a été élaboré, afin de limiter les dangers liés à l’usage de telles molécules. Ce guide est directement extrapolé des connaissances en oncologie humaine. Aucune étude vétérinaire ne fait état de la présence de résidus pour ces agents.
Méthodes
Les animaux qui ont été inclus dans cette étude sont :
- des chiens souffrant de lymphome, traités par un protocole associant la L-asparaginase, la vincristine, le cyclophosphamide, la doxorubicine
et la prednisolone, à un rythme d’administration hebdomadaire ;
- des chiens atteints de mastocytome avec métastases, qui ont reçu un traitement associant la vinblastine, le cyclophosphamide et la prednisolone, pendant 8 semaines.
Les urines ont été recueillies :
- par cystocentèse juste avant la séance ;
- après miction spontanée, par les propriétaires, moins de 2 h après la séance de chimiothérapie, puis 24 h, 48 h, et 72 h après la séance de chimiothérapie ;
- si possible, à 7, 14, et 21 jours après la séance de chimiothérapie (voire plus).
Après une procédure d’extraction, les molécules de chimiothérapie ont été recherchées par spectrométrie, selon une méthode validée sur des échantillons urinaires canins.
Résultats
666 analyses urinaires ont été réalisées, à différents intervalles après la séance de chimiothérapie.
Pour le cyclophosphamide (séance IV à 200 mg/m2, 174 échantillons), des résidus ont pu être mesurés jusqu’à J3. Cependant, la valeur moyenne de la concentration en cyclophosphamide des échantillons était inférieure au seuil de
détection. Passé ce délai, aucun échantillon ne présentait de résidus à une concentration détectable.
Pour la vincristine (séance à 0,7 mg/m2 en IV, 235 échantillons), la concentration moyenne des résidus était supérieure au seuil de détection
jusqu’à J4. Passé ce délai, aucun échantillon ne contenait de résidus à une concentration détectable.
Pour la vinblastine (séance à 2 mg/m2 en IV, 33 échantillons), la concentration moyenne des résidus était supérieure au seuil de détection jusqu’à J7 (voire J14, mais pour un seul échantillon).
Pour la doxorubicine (séance à 30 mg/m2 en IV, 195 échantillons), la concentration moyenne des résidus était supérieure au seuil de détection
jusqu’à J21. Passé ce délai, aucun échantillon ne contenait de résidus à une concentration détectable (peu d’individus).
Discussion
L’étude démontre que des résidus urinaires des quatre principales molécules de chimiothérapie utilisées en médecine vétérinaire peuvent être retrouvés jusqu’à 21 jours après la chimiothérapie (exemple de la doxorubicine).
La concentration urinaire moyenne des résidus de cyclophosphamide était sous le seuil de détection, même le lendemain de l’administration.
Toutefois, cette molécule est rapidement métabolisée par le foie, et ces métabolites urinaires n’ont pas été mesurés lors de cette étude.
Les statuts corporel et métabolique n’ont pas été pris en compte. Cela soulève la question de leurs éventuels impacts sur la pharmacocinétique
des molécules.
Actuellement, les périodes à risque estimées pour les vinca-alcaloïdes, le cyclosphosphamide et la doxorubicine sont respectivement de 3, 4 et 7 jours. Cette étude semble inciter à une plus grande prudence vis-à-vis de la vinblastine
(7 jours), et de la doxorubicine (21 jours).
La question qui demeure est de savoir si les concentrations mesurées représentent un risque significatif ou pas.
Modifié le: vendredi 23 août 2013, 17:16