cancérologie
RÉSIDUS SÉRIQUES CHEZ DES CHIENS
recevant une chimiothérapie anticancéreuse
recevant une chimiothérapie anticancéreuse
Objectif de l’étude ❚ Quantifier les résidus sériques de quatre molécules de chimiothérapie d’utilisation fréquente chez le chien : vincristine, vinblastine, cyclophosphamide, et doxorubicine. |
J Vet Intern Med 2010;24:379-83. Drug residues in serum of dogs receiving anticancer chemotherapy. Knobloch A, Mohring SAI, Eberle N, Nolte I, Hamscher G, Simon D. |
Synthèse par Julien Debeaupuits, praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.
● L’augmentation du recours aux agents de chimiothérapie soulève des interrogations concernant les dangers posés par ces molécules en termes de résidus, pour le personnel soignant.
● Des études réalisées en médecine humaine ont montré une surexposition du personnel soignant aux risques cancérigènes, mutagènes, voire reprotoxiques. Il n’existe pas d’études vétérinaires équivalentes.
Méthodes
● Les animaux qui ont été inclus dans cette étude sont :
- 23 chiens souffrant de lymphome, et traités par un protocole associant la L-asparaginase, la vincristine, le cyclophosphamide, la doxorubicine et la prednisolone ;
- 4 chiens présentant un mastocytome avec métastases, traités par une association de vinblastine, de cyclophosphamide et de prednisolone, pendant 8 semaines.
● Les prélèvements de sang ont été réalisés :
- moins de 5 min après la fin de la séance ;
- 7 jours après la séance lors de chimiothérapie contre le lymphome ;
- 7 jours après la vinblastine, et 1 à 2 jours après le cyclophosphamide, lors de séance contre le mastocytome.
● Après une procédure d’extraction, les molécules de chimiothérapie ont été recherchées par spectrométrie, selon une méthode validée sur des échantillons urinaires canins.
Résultats
● Les concentrations sériques moyennes 5 min après la séance ont été pour :
- la vincristine : 37 µg/L [11-87] ;
- la vinblastine : 13 µg/L [13-35] ;
- le cyclophosphamide : 2484 µg/L [1209-2778] ;
- la doxorubicine : 404 µg/L [234-528].
● Des résidus de cyclophosphamide ont été mesurés pour deux échantillons sur 12, entre 1 et 2 jours après la séance (7 et 9 µg/L).
● En ce qui concerne les prélèvements à 7 jours de la séance, des résidus de vinblastine ont été détectables pour un échantillon sur 12 (7 µg/L).
● Pour tous les autres échantillons, la concentration sérique des résidus était inférieure au seuil de détection.
Discussion et conclusion
● Les concentrations sériques des molécules de chimiothérapie obtenues immédiatement après la séance montrent des variations substantielles. Des échantillons sanguins prélevés à ce moment constituent donc une source potentielle de contamination. Toutefois, nous ne disposons pas à l’heure actuelle de données concernant les dangers représentés par l’exposition à de telles concentrations.
● Une concentration sérique supérieure au seuil de détection n’a été retrouvée que pour un échantillon, 7 jours après une séance à la vinblastine. Cependant, la présence d’une quantité de molécules inférieure au seuil de détection pour les autres échantillons ne signifie pas l’absence de molécule, ni l’innocuité de tels prélèvements.
● Des résidus de cyclophosphamide ont été détectés pour deux échantillons, 24 à 48 h après la séance. Ceci soulève le problème des protocoles de chimiothérapie dont l’administration est quotidienne. De plus, il n’est pas exclu que des métabolites potentiellement actifs soient également présents, même s’ils ne sont pas évalués dans cette étude.
● Ces résultats constituent une 1re étape dans l’évaluation des risques inhérents à l’usage des molécules de chimiothérapie. D’autres travaux devront être menés sur ce type d’échantillons, mais également sur d’autres sources potentielles de contamination, notamment la salive, les urines, et les fèces.
● Cette étude semble démontrer que la manipulation de prélèvements sanguins obtenus 7 jours après une chimiothérapie présente un faible risque pour l’équipe soignante. ❒
Modifié le: vendredi 23 août 2013, 17:28