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Cardiologie

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ÉVALUATION DU RISQUE D’ENDOCARDITE ET D’AUTRES AFFECTIONS CARDIAQUES
en fonction de la sévérité de l’affection parodontale
chez le chien


Objectif de l’étude
Estimer la répercussion
des affections parodontales
sur l’appareil cardiovasculaire (endocardite et cardiomyopathie notamment) chez le chien.

Journal of the American Veterinary Medical Association
2009;234(4):486-94
Evaluation of the risk of endocarditis and other cardiovascular events
on the basis of the severity
of periodontal disease in dogs.

Glickman LT, Glickman NW, Moore GE, Goldstein GS, Lewis HB.









Synthèse par Julien Debeaupuits, Praticien Hospitalier, Unité de médecine, E.N.V.A.



Méthodes
Les animaux ont été sélectionnés entre 2002 et 2006, à partir d’une base de données regroupant plus de 650 structures vétérinaires. Les critères d’inclusion sont la présence d’une affection parodontale et l’évaluation de son stade (1, 2 ou 3) :
- stade 1 : inflammation gingivale aiguë sans récessus ;
- stade 2 : gingivite chronique (> 6 mois), moins de 25 p. cent de perte de l’attachement ou de lyse de l’os alvéolaire, et parfois associée à des poches parodontales ;
- stade 3 : même caractéristiques que le grade 2 mais avec une perte jusqu’à 50 p. cent.
Les animaux ont été exclus quand les données épidémiologiques et cliniques étaient incomplètes, le grade de la maladie n’avait pas été établi, les animaux n’ont pas été suivis ou quand ils avaient plus de 15 ans.
Une cohorte d’animaux “sains” a été sélectionnée à partir de la même base de données. Les critères d’inclusion ont été une absence de diagnostic de maladie parodontale lors de la consultation ou dans les antécédents. Le choix de ces animaux “sains” respecte les données épidémiologiques des animaux malades.
Ces deux groupes ont été comparés entre eux, pour évaluer l’apparition d’évènements cardiovasculaires (cardiomyopathies, insuffisances valvulaires, endocardite, arythmies, anomalies cliniques cardio-dépendantes) et non cardio-vasculaires théoriquement indépendants de l’affection parodontale (par exemple dysplasie de la hanche, hémangiosarcome ou borréliose, …).
Résultats
59 296 chiens sont atteints de maladies parodontales (23 043 stade 1 ; 20 732 stade 2 ; 15 521 stade 3) et sont comparés à 59 296 chiens sains épidémiologiquement compatibles.
La comparaison de l’apparition de maladies à priori indépendantes d’une affection parodontale avec les deux cohortes révèle une association faiblement significative entre la dysplasie de la hanche, l’incontinence urinaire, la maladie de Lyme et l’affection parodontale.
Les affections cardiaques sont retrouvées de façon significative plus fréquemment chez les animaux souffrant d’une maladie parodontale.
La fréquence de ces affections est corrélée à l’intensité de la maladie parodontale. Ainsi, les animaux avec un stade 3 ont six fois plus de risques de développer une endocardite que les animaux sains et près de quatre fois plus de développer une cardiomyopathie hypertrophique.
Discussion
Cette étude épidémiologique montre qu’il existe une corrélation entre une affection parodontale sévère et certains événements cardiovasculaires chez le chien (endocardite et cardiomyopathie en particulier) : en effet, les chiens avec une maladie parodontale de stade 3 ont six fois plus de risques de développer une endocardite. Ces résultats comparés aux données en médecine humaine suggèrent l’intérêt théorique d’une mise en place de mesures prophylactiques dans la gestion des maladies parodontales.
Néanmoins, malgré la richesse des cas observés, plusieurs points sont à regretter :
- étude rétrospective ;
- absence de standardisation précise de l’évaluation de la maladie parodontale ;
- absence de standardisation de la méthode diagnostique des événements cardio-vasculaires, notamment l’endocardite pour laquelle aucun examen n’est optimal ;
- absence de standardisation des mesures prophylactiques éventuellement mises en place pour la gestion des affections parodontales sévères.
Conclusion
Les résultats de cette étude montrent que la maladie parodontale peut être associée à certaines affections cardio-vasculaires, notamment endocardite ou cardiomyopathie.
L’inflammation chronique est probablement un mécanisme important dans la relation entre flore buccale et affection systémique. Les soins bucco-dentaires occupent donc une place privilégiée dans la médecine préventive canine.
Modifié le: vendredi 23 août 2013, 18:20