chirurgie
STABILISER LA LUXATION COXO-FÉMORALE
grâce à l’utilisation de la ténodèse du muscle glutéal profond
grâce à l’utilisation de la ténodèse du muscle glutéal profond
Objectifs de l’étude ❚ Décrire la technique pour stabiliser la luxation coxo-fémorale grâce à l’utilisation de la ténodèse du muscle glutéal profond. ❚ Rapporter d’une façon rétrospective le taux de reluxation et les résultats cliniques après la D.G.T. (Deep gluteal Tenodesis). |
Vet Comp Orthop Traumatol 2012;25:49-53 Stabilization of coxo-femoral luxation using tenodesis of the deep gluteal muscle. Technique description and relaxation rate in 65 dogs and cats (1995-2008) Rochereau P, Bernardé A. |
Synthèse par Luis Matres Lorenzo, Assistant Hospitalier
Service de Chirurgie - Anesthésie, Centre Hospitalier Universitaire Vétérinaire de Nantes-Atlantique, ONIRIS
● La luxation coxo-fémorale représente 90 p. cent des luxations articulaires.
l Une réduction rapide est essentielle pour préserver la fonction du membre. Le temps maximal d’attente n’est pas établi mais on considère le taux de réussite d’une réduction fermée est plus faible si elle est effectuée plus de 10 jours après l’initiation du traumatisme.
Le taux de reluxation après une réduction fermée varie entre 14,7 et 69 p. cent, et peut atteindre jusqu’à 28 p. cent pour une réduction ouverte.
● Plusieurs techniques de réduction ouverte sont décrites. La Deep gluteal Tenodesis (D.G.T.) date de 1985.
À partir de 1995, la D.G.T. commence à être combinée à la capsulorraphie chez les chiens et les chats, luxés à cause d’un traumatisme et non dysplasiques. Les résultats sont encourageants.
Matériel et méthode
● Cette étude rétrospective est réalisée sur 65 chiens et chats présentés pour traitement de luxation coxo-fémorale traumatique entre 1995 et 2008.
● La direction de la luxation n’est pas un critère d’exclusion (crâniodorsal, crânioventral ou caudoventral). Cependant, tous les animaux qui présentent des difformités de la tête du fémur ou de l’acétabulum, ou des fractures articulaires, à la radiographie, ont été exclus, ainsi que ceux présentant des blessures du muscle glutéal profond ou de son tendon.
● La technique chirurgicale et le suivi postopératoire sont décrits dans l’encadré.
Résultats
● Les résultats ont été classés :
- mauvais : si reluxation ;
- bon : absence de luxation avec boiterie intermittente ;
- excellent : absence de luxation ou de boiterie.
● 66 cas de luxation coxo-fémorale pour 65 animaux ont été notés. La plupart sont des luxations traumatiques. 63 sur 66 sont des luxations crâniodorsales, une est crânio-ventrale et deux sont caudo-ventrales.
● La capsulorraphie complète a réussi sur 15 cas. Sur 51, elle n’a pas pu être réalisée en raison de l’affaiblissement de la capsule, et seule une ténotomie du muscle glutéal profond plus ou moins associée à une capsulorraphie partielle a été réalisée.
● Aucune complication majeure n’a été constatée. Parmi les complications mineures, deux cas de seroma et un cas de déhiscence de plaie ont été observés. En ce qui concerne les défauts d’appareillage, on trouve sur les radiographies postopératoires des vis trop longues (deux chiens) ou trop courtes (un chien) ou des vis pas assez serrées (un chien). Aucune de ces vis n’a été reprise.
● Les animaux ont été évalués 2 semaines postopératoires : boiterie permanente chez 47 chiens sur 65. Aucune récurrence de luxation n’est notée.
● Les animaux ont été évalués entre 8 et 13 semaines postopératoires (34 animaux) : les résultats sont bons ou excellents chez 32 cas sur 34. 10 chiens et 2 chats ont été réévalués par radiographie sans trouver aucun signe d’ostéoarthrite.
Discussion et conclusion
● La plupart des techniques chirurgicales proposées pour stabiliser la luxation coxo-fémorale (intra ou extra-articulaire) sont satisfaisantes.
● Une fonction normale est retrouvée dans 65 à 100 p. cent des cas. Cependant, ils existent de nombreuses complications comme la migration du matériel, l’ostéoarthrite, la nécrose vasculaire de la tête fémorale ou la persistance de la boiterie.
● La reluxation, complication majeure, est retrouvée dans 28 p. cent des cas.
● Avec la technique utilisée dans cette étude, aucune reluxation n’est apparue au cours des 2 mois de suivi. La plupart des reluxations surviennent lors des 2 premières semaines postopératoires.
À partir de 3 semaines, une réaction fibreuse entoure la capsule articulaire et une cicatrisation du ligament rond fournit une stabilisation qui élimine le risque de reluxation.
● Avec cette technique, un délai de plus de 2 à 3 jours n’augmente pas le risque de récurrence.
La capsulorraphie seule ne garantit pas une stabilisation suffisante. La D.G.T. apporte un renforcement capsulaire. Associée à la capsulorraphie, elle permet de stabiliser des luxations aiguës et chroniques.
● La D.G.T. permettrait de traiter les trois principaux types de luxations (crânio-dorsale, caudo-dorsale et caudo-ventrale). Le nombre de cas de cette étude ne permet cependant pas de tirer de conclusions.
● Aucune évidence d’ostéoarthrite n’a été mise en évidence dans cette étude à 2 mois post opératoire. Le délai est court, cependant, 94 p. cent des animaux ne boitaient pas, et leur amplitude de mouvements était normale.
● Cette grande série de D.G.T. associée à la capsulorraphie démontre que cette procédure est fiable pour stabiliser des luxations traumatiques de la hanche chez le chien et le chat. ❒
Encadré - Technique chirurgicale et suivi postopératoire
- La technique chirurgicale se déroule ainsi :
- la voie d’abord de la hanche est crânio-dorsale, l’animal est en décubitus latéral. La cavité acétabulaire est inspectée et nettoyée, la luxation est réduite. Une capsulorraphie est réalisée à l’aide d’un surjet simple de monofilament résorbable glyconate 2 - 0, de préférence ;
- la stabilité de l’articulation est évaluée grâce aux mouvements de flexion/extension et de rotation externe ;
- la partie spécifique : consiste à exposer l’aspect crânial de l’acétabulum. Le forage et le taraudage d’un trou dorsal à l’insertion du muscle droit fémoral (rectus femoralis) sont effectués sur l’ilium ;
- une vis monocorticale en acier inoxydable 2,7 mm est posée pour les animaux de moins de 15 kg et une de 3,5 mm de diamètre pour les chiens de plus de 15 kg avec une rondelle à pointes. La vis est introduite à travers la jonction myotendineuse du muscle glutéal profond dans le trou précédemment foré ;
- au moment de serrer la vis, le membre est tenu en légère abduction et en rotation interne ;
- des radiographies ventro-dorsale et latérale sont effectuées en postopératoire immédiat ;
- les animaux sortent 2 jours postopératoires sous méloxicam ou carprofène. Leur activité est réduite pendant 4 à 6 semaines ;
- un contrôle clinique doit être réalisé à 2 semaines et à 2 mois postopératoires pour évaluer la douleur, l’amplitude des mouvements, la présence ou non de boiterie. L’articulation est contrôlée par radiographie.
Modifié le: lundi 26 août 2013, 11:23