Retour
Hématologie

hématologie


LES CAUSES D’ANÉMIE
autres que les hémorragies aiguës,
et leur signification clinique chez le chien


Objectifs de l'étude
Identifier les causes d’anémie
autres qu’une hémorragie aiguë
chez le chien.
Déterminer la sévérité
de l’anémie permet de donner
des indices sur l’affection
sous-jacente.

Journal of Small Practice 2012;53:223-7.
Causes of anaemia other than acute blood loss and their clinical
significance in dogs.

Chervier C, Cadoré J-L, Rodriguez-Piñeiro MI, Deputte BI, Chabanne L.








Synthèse par Julien Debeaupuits, Clinique vétérinaire SQY-Vet, Trappes



L’anémie est une anomalie fréquente en médecine vétérinaire ; pourtant, peu d’études sont disponibles pour évaluer la prévalence des différentes causes d’anémie chez le chien.
Matériels et méthodes
Une étude rétrospective a été réalisée à l’école vétérinaire de Lyon entre le 30 juin 2005 et le 30 juin 2008.
Le critère d’inclusion est la présence d’une anémie (hématocrite < 37 p. cent).
Les critères d’exclusion sont :
- des chiens âgés de moins de 6 mois ;
- une anémie secondaire à une hémorragie aiguë.
La sévérité de l’anémie a permis de classer les animaux :
- anémie discrète : 30 < hématocrite < 37 p. cent ;
- anémie modérée : hématocrite = 20 à 29 p. cent ;
- anémie importante : hématocrite = 13 à 19 p. cent ;
- anémie très importante : hématocrite < 13 p. cent.
Les causes d’anémie sont :
- l’insuffisance rénale ;
- les phénomènes néoplasiques, quel que soit le mécanisme sous-jacent : pertes hémorragiques chroniques, destruction immunitaire ou secondaire à une inflammation chronique ;
- les maladies infectieuses ;
- les destructions à médiation immunitaire : test de Coombs positif et/ou auto-agglutination sur lame et/ou sphérocytose avec absence de mise en évidence d’un phénomène infectieux ou néoplasique ;
- les causes inflammatoires : présence d’une inflammation sans signe d’infection, de tumeur, ou de destruction immunitaire ;
- les endocrinopathies ;
- les autres causes (shunt porto-systémique) ;
- d’origine inconnue.
Résultats
Sur la période considérée, 540 chiens présentent une anémie et 456 remplissent les critères d’inclusion.
La sévérité de l’anémie est légère (58 p. cent), modérée (31 p. cent), importante (7 p. cent) ou très importante (4 p. cent).
Les causes d’anémie les plus fréquentes sont les origines tumorales (33 p. cent) et celles secondaires à une inflammation (29 p. cent).
Les jeunes chiens (< 6 ans), par opposition aux animaux âgés (> 10 ans), sont significativement plus atteints par des maladies infectieuses que par des atteintes néoplasiques.
74 p. cent des animaux présentaient une faiblesse lors de l’admission. La prévalence de ce signe clinique augmente avec la sévérité de l’anémie (60 p. cent lors d’anémie légère à 100 p. cent lors d’anémie très importante).
La sévérité de l’anémie est significativement associée à son origine. La majorité des animaux souffrant d’une anémie légère présente une atteinte inflammatoire (37 p. cent) ou une affection néoplasique (35 p. cent). à l’inverse, lors d’anémie importante, les chiens présentent en général, un phénomène de destruction immunitaire (56 p. cent).
Les anémies d’origine inflammatoire sont légères dans 75 p. cent des cas. Les anémies d’origine néoplasique sont légères pour 62 p. cent des chiens.
La proportion de chiens souffrant d’une anémie d’origine dysimmunitaire augmente avec la sévérité de l’anémie de 5 p. cent lors d’anémie légère, à 56 p. cent lors d’anémie très importante. En revanche, la proportion de chiens présentant une anémie secondaire à une inflammation diminue significativement avec la sévérité de l’anémie (de 37 p. cent en cas de légère anémie à 0 p. cent en cas d’anémie très importante).
Aucune corrélation n’est retrouvée entre la sévérité de l’anémie et le stade clinique (IRIS : classification de “International Renal Interest Society” ) de l’insuffisance rénale.
Les tumeurs solides représentent 73 p. cent des anémies secondaires à un phénomène néoplasique. Les autres tumeurs représentées sont des lymphomes (21 p. cent), les léucémies (5 p. cent) et les syndromes myéloprolifératifs ou myélome multiple (1 p. cent). La localisation des tumeurs solides est essentiellement extrasplénique (85 p. cent). La sévérité de l’anémie n’est pas significativement différente selon la nature du processus néoplasique (hématopoïétique versus solide).
Discussion
Cette étude, après exclusion des hémorragies aiguës, présente les causes d’anémie chez un grand nombre de chiens dans une région particulière française. Il existe peu d’études similaires. La prévalence des différentes causes est intimement liée à la localisation de la structure et au type d’institution (référée ou non).
Les tumeurs représentent 33 p. cent des causes d’anémie. Cela met en évidence l’importance de rechercher cette cause, en particulier chez les chiens âgés. La majorité des anémies engendrées par les tumeurs sont légères à modérées.
Les tumeurs les plus fréquentes responsables d’anémie sont les tumeurs solides, et non les tumeurs hématopoïétiques (contrairement à l’Homme).
L’origine inflammatoire est la seconde cause d’anémie (29 p. cent). Sa proportion est certainement sous-estimée en raison de la définition proposée par l’étude : présence d’une inflammation et absence d’identification d’une infection, d’une tumeur ou d’une destruction immunitaire. Ces exclusions éliminent automatiquement les anémies d’origine mixte présentant une composante inflammatoire.
Contrairement à ce qui est décrit chez l’Homme et le chat, la sévérité de l’anémie n’est pas corrélée au stade d’insuffisance rénale. Le manque de puissance statistique lié au faible nombre de cas est certainement responsable de ce constat. Notons qu’une anémie est plus souvent constatée chez les chiens en stade 3 et 4 IRIS.
La prévalence des anémies à médiation immunitaire augmente avec la sévérité de l’anémie, à l’inverse des anémies secondaires à un processus inflammatoire.
Modifié le: mercredi 28 août 2013, 16:35