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Uronéphrologie

uro-néphrologie


COMPARAISON DU SIGNALEMENT, DES ANOMALIES CLINIQUES, BIOLOGIQUES, HISTOLOGIQUES ET DU PRONOSTIC
chez les chiens atteints d’une glomérulopathie
plus ou moins associée à un syndrome néphrotique


Objectif de l'étude
Comparer les données épidémiologiques, cliniques
et biologiques de chiens souffrant
de glomérulopathie
plus ou moins associée
à un syndrome néphrotique.

Journal of Veterinary
internal Medicine
2011;25:206-14.
Comparison of signalment,
clinicopathologic findings,
histologic diagnosis, and prognosis in dogs with glomerular disease
with or without nephrotic syndrome.

Klosterman ES, Moore GE,
de Brito Galvao JF, DiBartola SP,
Groman RP, Whittemore JC, Vaden SL, Harris TL, Byron JK, Dowling SR,
Grant DC, Grauer GF, Pressler BM.








Synthèse par Julien Debeaupuits, Clinique vétérinaire SQY-Vet, Trappes



Le syndrome néphrotique (S.N.) est défini par la concomitance d’une hypoalbuminémie, d’une protéinurie, d’une hypercholestérolémie et d’une accumulation de fluides extravasculaires.
Chez l’Homme, les patients souffrant de syndrome néphrotique sont plus sujets aux complications de type hypernatrémie, thrombo-embolie, hypertension et insuffisance rénale que ceux atteints de glomérulopathie non néphrotique (G.N.N.N.). De même, la nature de la glomérulopathie ainsi que le degré de protéinurie sont corrélés au pronostic de survie.
Matériels et méthodes
Il s’agit d’une étude rétrospective [période maximale de 1977-2009, variable selon les établissements] et multicentrique, réalisée au sein de huit universités américaines.
Le critère d’inclusion pour le groupe syndrome néphrotique est la découverte simultanée de quatre anomalies :
1. hypoalbuminémie d’origine rénale (exclusion des autres causes d’hypoalbuminémie, parfois selon le jugement des auteurs) ;
2. hypercholestérolémie ;
3. protéinurie d’origine glomérulaire (PU/CU>1 ou bandelette urinaire avec > 1+ de protéines) après exclusion d’une origine pré-glomérulaire ou post-glomérulaire ;
4. mise en évidence d’une accumulation de fluides extravasculaires (par examen clinique ou par imagerie médicale).
l Pour être inclus dans le groupe de glomérulopathie non néphrotique (G.N.N.N.), les chiens doivent présenter au choix :
- un ratio PU/CU >1 et un dossier médical permettant d’exclure une protéinurie d’origine pré-rénale ou post-rénale à partir d’examens complémentaires, ou selon le jugement clinique de l’auteur ;
- une association d’une hypoalbuminémie et d’une protéinurie > 1+ à la bandelette urinaire (ces deux anomalies doivent être d’origine rénale) ;
- un historique clinique et biologique d’une atteinte glomérulaire (protéinurie > 1+ à la bandelette urinaire, exclusion d’une protéinurie post-rénale, confirmation nécropsique d’une atteinte glomérulaire) ;
- aucun des quatre critères d’inclusion pour le groupe syndrome néphrotique.
Résultats
78 chiens présentent les critères d’inclusion au groupe syndrome néphrotique (S.N). Pour chaque chien souffrant de S.N., deux chiens rassemblant les critères pour le groupe glomérulopathie non néphrotique (G.N.N.N.) ont été recrutés, soit 156 individus.
Seulement 10 p. cent des animaux ont été préalablement classés dans le groupe G.N.N.N. avant d’être classés dans le groupe S.N., avec un temps médian de 15,5 jours.
À l’inverse, pour 90 p. cent des animaux, le S.N. est le 1er diagnostic de glomérulopathie.
Les animaux du groupe syndrome néphrotique (S.N.) sont significativement plus jeunes que ceux du groupe glomérulopathie non néphrotique G.N.N.N. (6,2 ans contre 8,4 ans).
L’hypoalbuminémie (médiane de 16 g/L versus 27), l’hypercholestérolémie (médiane de 3,5 g/L versus 2,7) et la protéinurie sont significativement plus importantes dans le groupe S.N. que dans le groupe G.N.N.N.
La créatinémie est significativement supérieure dans le groupe S.N. par rapport au groupe G.N.N.N., mais pas l’urémie.
Un diagnostic histologique est établi pour 45 p. cent des animaux du groupe S.N. et 32,1 p. cent de ceux du groupe G.N.N.N. (prélèvements écho-guidés [44 p. cent], nécropsiques [54 p. cent] ou les deux [2 p. cent]).
Les anomalies histologiques les plus fréquemment identifiées sont des glomérulopathies membraneuses (11 S.N. et 18 G.N.N.N.), des glomérulonéphrites membrano-prolifératives (9 S.N. et 7 G.N.N.N.) et des amyloïdoses (9 S.N. et 7 G.N.N.N.). Aucune anomalie histologique n’est corrélée à un des deux groupes.
La médiane de survie des chiens du groupe S.N. est significativement plus courte que ceux du groupe G.N.N.N. (12,5 jours contre 104,5).
Le temps de survie au sein de la population totale est significativement plus long chez les chiens non azotémiques par rapport aux azotémiques (497 jours contre 13) lorsque l’hypercréatinémie est ramenée à une valeur seuil de 15 mg/L.
Le temps de survie des chiens non azotémiques est significativement plus court au sein du groupe S.N. par rapport à ceux du groupe G.N.N.N. (médiane de 51 jours contre 605).
En revanche, aucune différence n’est constatée entre les deux groupes chez les chiens azotémiques (médiane de 10 jours pour le groupe S.N. contre 45 pour le groupe G.N.N.N.).
Discussion
L’étude ne parvient pas à déterminer de valeur seuil de protéinurie (évaluation à partir du PU/CU) permettant de classer les glomérulopathies comme susceptibles de développer un syndrome néphrotique.
Chez l’Homme, la probabilité de développer une azotémie chez les patients souffrant de syndrome néphrotique est corrélée à l’affection glomérulaire primitive. Cependant, une protéinurie non prise en charge conduit irrémédiablement à des lésions rénales et au développement d’une insuffisance rénale.
Dans cette étude, aucune lésion histologique n’est corrélée au pronostic ni à la probabilité de développer une azotémie ou un S.N. De plus, l’essentiel des chiens des deux groupes sont azotémiques. Cette forte prévalence peut résulter de deux hypothèses :
1. un diagnostic tardif de l’affection glomérulaire ;
2. une différence entre les deux espèces concernant la pathogénie et la progression de la ma-ladie glomérulaire.
Conclusion
Lors de glomérulopathie, les chiens azotémiques ont un temps de survie très court (médiane de 10 jours pour les chiens du groupe syndrome néphrotique (S.N.) et de 45 jours pour ceux du groupe glomérulopathie non néphrotique (G.N.N.N.).
Chez les chiens non azotémiques, la présence d’un syndrome néphrotique est associée de manière significative à un pronostic de survie plus court (médiane de 51 jours pour le groupe S.N. jours contre 605 pour le groupe G.N.N.N.).
Une prise en charge thérapeutique agressive d’un syndrome néphrotique est indispensable, notamment pour prévenir le développement d’une azotémie.
Aussi, il convient de surveiller de près un chien asymptomatique présentant une protéinurie d’origine glomérulaire, en particulier en ayant recours aux agents inhibiteurs de l’enzyme de conversion de l’angiotensine.
Modifié le: mercredi 28 août 2013, 16:43