Objectifs de l'étude ❚ Présenter une grande série de corps étrangers œsophagiens chez le chien. ❚ Déterminer s’il existe des facteurs pronostiques.

Journal of Veterinary Emergency and Critical Care 2012;22(2):253-61. Esophageal foreign bodies in dogs : 34 cases (2004-2009). Thompson HC, Cortes Y, Gannon K, Bailey D, Freer S.

Synthèse par Julien Debeaupuits, Clinique vétérinaire SQY-Vet, Trappes


Les corps étrangers œsophagiens sont relativement fréquents et souvent localisés entre la base du cœur et la diaphragme.
Matériels et Méthodes
● L’étude rétrospective a été réalisée sur 34 chiens, au sein d’un centre privé de référé américain, entre le 1er novembre 2004 et le 30 novembre 2009.
● Le critère d’inclusion est la détection d’un corps étranger œsophagien par radiographie ou endoscopie.
● Les critères d’exclusion sont :
- pas de corps étranger œsophagien détecté par radiographie ou endoscopie ;
- résolution spontanée du cas après détection par radiographie ;
- refus de traitement par les propriétaires ;
- radiographies indisponibles au moment de l’inclusion pour relecture par un spécialiste.
● La sévérité de l’œsophagite a été appréciée selon la classification Savary-Miller.
Résultats
● Durant cette période, 61 chiens ont présenté un corps étranger œsophagien mais seulement 34 ont été intégrés à l’étude.
● Les terriers sont surreprésentés (29,4 p. cent). 61,7 p. cent des animaux pèsent moins de 10 kg.
● Le temps de présentation de l’animal à un vétérinaire est de 2,75 heures (0,5 à 120). Ce délai de prise en charge est significativement plus long chez les animaux présentant une œsophagite modérée à sévère par opposition à ceux pour lesquels l’œsophagite est discrète (médiane de 24 h vs. 1 h).
● Les corps étrangers sont situés entre la base du cœur et le diaphragme (58 p. cent), à la base du cœur (29 p. cent) et plus rarement, juste derrière le pharynx (10 p. cent) ou à l’entrée du thorax (3 p. cent).
● Les corps étrangers œsophagiens les plus fréquents sont des fragments d’os (29,7 p. cent) et des morceaux de cuir (29,7 p. cent).
● L’œsophagite est absente (sur 6 chiens), discrète (sur 14), modérée (sur 9), sévère (sur 4) ou ne peut être évalué pour 1 cas (en raison de la réalisation d’un transit baryté).
● L’anesthésie est significativement plus longue chez les animaux présentant une œsophagite modérée à sévère (30 minutes contre 10 min lors d’œsophagite discrète ou absente).
● Des complications sont observées chez 85 p. cent des chiens (29/34) et se sont manifestées par une œsophagite (sur 30 chiens), une bronchopneumonie par fausse déglutition (sur 3), un pneumothorax (sur 1), une hémorragie aiguë (sur 1) ou un arrêt cardiorespiratoire (sur 1).
● Une corrélation est retrouvée entre le temps d’hospitalisation et la durée des signes cliniques avant prise en charge.
● Les animaux qui présentent un corps étranger situé entre la base du cœur et le diaphragme sont hospitalisés plus longtemps que ceux pour lesquels le corps étranger est placé dans un endroit différent (23 h contre 14 h).
● Les chiens présentant une œsophagite modérée à sévère sont hospitalisés plus longtemps que ceux dont l’œsophagite est discrète ou absente (25 heures contre 16 heures).
Discussion et conclusion
● Cette étude confirme l’atteinte préférentielle des petits chiens (61,7 p. cent pèse moins de 10 kg) lors de corps étrangers œsophagien, ainsi que leur localisation préférentielle entre la base du cœur et le diaphragme.
● La composition et la taille du corps étranger ne sont pas corrélés à la sévérité de l’œsophagite ni à la durée d’hospitalisation. En revanche, une localisation entre la base du cœur et le diaphragme est corrélée à une durée d’hospitalisation significativement plus longue et une intensité d’œsophagite plus importante. Les auteurs suggèrent que cette localisation favorise les reflux gastro-œsophagiens. De plus, l’accumulation de salive aggrave certainement l’intensité de l’œsophagite en raison de la grande quantité de bactéries.
● Le délai entre l’ingestion du corps étranger et la prise en charge de l’animal est significativement corrélé à l’intensité de l’œsophagite. Il est donc conseillé que les propriétaires amènent leur animal rapidement. Une prise en charge rapide de ce type d’affection est nécessaire.
● Une des limites de l’étude réside dans le grand nombre de cliniciens ayant participé aux endoscopies. Cela rend très subjective l’évaluation de l’intensité de l’œsophagite.
● L’étude montre que les complications sont fréquentes à court terme (notamment l’œsophagite), mais rares à long terme. ❒