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DÉFAUT DE CORRÉLATION
entre l’apparence échographique du parenchyme hépatique
et son analyse histologique chez le chien


Objectifs de l'étude
Évaluer si les anomalies échographiques observées
sur le parenchyme hépatique
sont corrélées au diagnostic
histologique établi
par des biopsies hépatiques.

Journal of Small Practice 2012;53:168-73.
Lack of associations between
ultrasonographic appearance
of parenchymal lesions
of the canine liver
and histological diagnosis.

Warren-Smith CMR, Andrew S, Mantis P, Lamb CR.








Synthèse par Julien Debeaupuits, Clinique vétérinaire SQY-Vet, 78 Trappes



L’échographie est considérée comme un examen de choix pour apprécier le parenchyme hépatique du chien.
Pourtant, la majorité des anomalies observées peuvent avoir des origines très variées.
Matériels et méthodes
L’étude rétrospective a été effectuée au sein du Royal Veterinary College entre 1999 et 2009.
Les critères d’inclusion sont :
- la réalisation d’une échographie abdominale ;
- des biopsies hépatiques (échoguidées, chirurgicales ou nécropsiques) réalisées moins de 7 jours après l’échographie.
Les critères d’exclusion sont :
- une analyse histologique normale, non concluante ou non diagnostique ;
- des dossiers médicaux incomplets ;
- un diagnostic histologique regroupant moins de quatre chiens ;
- des chiens souffrant d’un shunt portosytémique.
Lorsque des biopsies ont été réalisées en ante-mortem et en post-mortem sur un même animal, seules ces dernières ont été prises en compte.
Toutes les échographies ont été réalisées par des spécialistes ou des résidents d’imagerie. Toutes les analyses histologiques ont été effectuées par des spécialistes.
Résultats
371 chiens rassemblant les critères d’inclusion ont été identifiés et classés en 15 affections hépatiques. 41 p. cent des biopsies ont été échoguidées contre 59 p. cent en visualisation directe (intervention chirurgicale ou autopsie).
Les anomalies échographiques les plus fréquentes sont :
- les lésions multifocales : 63 p. cent des hémangiosarcomes et 43 p. cent des carcinomes hépatocellulaires ;
- les lésions diffuses : 71 p. cent des hépatopathies stéroïdo-induites, 44 p. cent des fibroses hépatiques et 40 p. cent des hépatopathies vacuolaires ;
- les lésions hyperéchogènes : 71 p. cent des hépatopathies stéroïdo-induites, 38 p. cent des fibroses hépatiques et 41 p. cent des lipidoses ;
- les lésions hétérogènes : 62 p. cent des hémangiosarcomes ;
- une hépatomégalie : 43 p. cent des hépatopathies stéroïdo-induites ;
- un épanchement abdominal : 62 p. cent des hémangiosarcomes ;
- des lésions cibles : 67 p. cent de phénomènes néoplasiques.
Aucune corrélation statistique n’est retrouvée entre l’apparence échographique et le diagnostic histologique.
Discussion et conclusion
Une grande variabilité de l’apparence échographique est retrouvée pour chaque entité pathologique.
L’identification d’une lésion focale est problématique. Bien que le carcinome hépatocellulaire soit le diagnostic histologique le plus fréquent, d’autres causes sont possibles, comme une hépatite, voire une hyperplasie nodulaire.
Les limites de l’étude sont :
- l’absence de prise en compte des autres organes abdominaux. En effet, bien que certaines anomalies échographiques hépatiques soit peu spécifiques, la prise en compte des structures adjacentes aide au diagnostic (l’observation d’une polyadénomégalie permet de suspecter un lymphome) ;
- l’intervention de nombreux vétérinaires (pour l’imagerie et pour l’analyse histologique) ;
- le fait que le diagnostic histologique proposé s’appuit sur l’anomalie considérée comme prédominante. Il est pourtant évident et classique de retrouver plusieurs anomalies histologiques sur un même échantillon ;
- l’absence de standardisation de la méthode de prélèvement pour les biopsies. Or, les biopsies échoguidées ne sont pas toujours suffisamment représentatives.
- la sensibilité de l’échographie qui est certainement surestimée par le fait que les chiens présentant des anomalies échographiques sont certainement plus facilement prélevés.
- Cette étude ne remet pas en cause la pertinence d’une échographie abdominale dans la démarche d’exploration d’une hépatopathie.
- Mais, elle démontre qu’une biopsie hépatique est toujours nécessaire, et ce, quelque soit le résultat de l’échographie.
- L’échographie de contraste, technique en cours de développement, devrait permettre d’améliorer la sensibilité et la spécificité de l’échographie.
En attendant, l’analyse histologique reste primordiale pour établir le diagnostic d’une hépatopathie.
Modifié le: mercredi 28 août 2013, 17:04