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ESPÈCES DE STREPTOCOQUES ISOLÉES À PARTIR D’ÉCHANTILLONS
DE LAIT DE MAMMITE EN ALLEMAGNE
et leur résistance aux antibiotiques


Objectif de l'étude
Déterminer le niveau
de résistance de souches
de Streptocoques isolées
en Allemagne de juin
à décembre 2009.

J Dairy Sci
2012;95:6957-62
Short communication :
Streptococcus species isolated from mastitis milk samples in Germany
and their resistance to antimicrobial agents.

Minst K, Martlbauer E, Miller T, Meyer C.








Synthèse par Nicolas Herman, Clinique Vétérinaire des Mazets, 15400 Riom es Montagnes



Les mammites sont une des maladies infectieuses les plus fréquentes en élevage laitier, et une des raisons principales d’utilisation des antibiotiques.
Les Streptocoques, ainsi que les staphylocoques et les coliformes, font partie des pathogènes majeurs mis en cause dans les mammites bovines. Parmi les Streptocoques, Streptococcus agalactiae est plutôt associé à des mammites de traite, tandis que Streptococcus dysgalactiae et Streptococcus uberis sont des pathogènes plutôt environnementaux, voire mixtes. Streptococcus uberis est une des bactéries la plus souvent isolée lors de mammite clinique.
Le traitement des mammites est en général initié avant de connaître le pathogène mis en cause.
Les familles d’antibiotiques les plus utilisées dans le traitement des mammites à Streptocoques sont les b-lactamines et les macrolides.
L’émergence de résistances est un sujet d’actualité en médecine humaine et vétérinaire, qui souligne l’importance des systèmes d’épidémiosurveillance. Plusieurs études ont déjà été conduites sur la résistance des différents Streptocoques aux antibiotiques.
Le but de cette étude est de déterminer le niveau de résistance de souches de Streptocoques isolées en Allemagne de juin à décembre 2009.
Matériel et méthodes
Un total de 279 Streptocoques (227 Strep. uberis ; 49 Strep. dysgalactiae ; 3 Strep. agalactiae) est inclus dans cette étude. Les vaches qui ont reçu un traitement antibiotique dans les 4 semaines précédant le prélèvement sont exclues de l’étude.
Afin d’éviter la multiplication des isolats, l’étude s’est limitée à un échantillon par ferme.
Le prélèvement est considéré comme contaminé si plus de deux bactéries différentes sont isolées.
Le streptocoque est considéré comme multirésistant lorsqu’il est résistant à au moins trois familles d’antibiotiques différentes.
Résultats
Parmi tous les Streptocoques testés, 13 p. cent sont multirésistants, et 43 p. cent sont résistants à au moins une famille d’antibiotiques. Le taux de résistance (et de multirésistance) est plus élevé pour les Strep. uberis que pour les Strep.dysgalactiae et agalactiae.
Les résistances à la tétracycline et à l’érythromycine sont les plus fréquentes (comme cela a été constaté dans de nombreux pays). Des niveaux élevés de résistance à la pirlimycine (famille des lincosamides) sont également constatés.
Des résistances combinées aux macrolides et aux lincosamides sont retrouvées sur 38 des 279 isolats. Ces résistances sont très répandues parmi les Streptocoques en raison de la possibilité de transfert horizontal de gènes de résistance (gène erm : erythromycine ribosome methylase).
Un faible niveau de résistance à la gentamycine est observé. Cependant, un tiers des souches présentent des CMI (concentrations minimales inhibitrices) augmentées.
Aucun des Streptocoques de cette étude ne présente de résistance à la pénicilline. Néanmoins, des études réalisées sur d’autres continents, notamment en Asie, reportent des niveaux de résistance autour de 10 p. cent.
Les plus grandes exploitations ont les niveaux de résistance les plus élevés (plus de 80 vaches > de 20 à 80 vaches > moins de 20 vaches).
Une utilisation plus intensive des antibiotiques ou une diffusion plus rapide des résistances dans des fermes de plus de 80 vaches sont deux des hypothèses mises en avant.
La densité des exploitations agricoles semble jouer un rôle sur le niveau de résistance des Streptocoques.
Une évolution saisonnière des résistances est observée avec un taux plus élevé de résistance d’août à novembre, avec un pic en octobre.
Conclusion
Cette étude confirme que les résistances des Streptocoques vis-à-vis des tétracyclines sont les plus communes, suivies par les résistances vis-à-vis de l’érythromycine, de la pirlimycine (lincosamides) et de la gentamycine.
Les taux de résistance de Strep. uberis sont plus élevés que ceux de Strep. dysgalactiae et de Strep. agalactiae.
Un taux important de Streptocoques (13 p. cent) est multirésistant (résistant à au moins trois familles d’antibiotiques).
Le taux de résistances est significativement plus élevé dans les fermes de plus de 80 vaches laitières que dans les fermes de moins de 20 vaches laitières.
L’absence de résistances observée dans cette étude vis-à-vis de la pénicilline et de l’ampicilline justifie l’utilisation d’antibiotiques de la famille des b-lactamines comme traitement de première intention des mammites à Streptocoques.
Cette étude souligne également que les CMI (concentrations minimales inhibitrices) des différents antibiotiques testés ont sensiblement augmenté comparé à de précédentes études, ce qui indique le risque d’émergence de nouvelles résistances.
Il semble donc nécessaire de continuer la surveillance des résistances aux antibiotiques des pathogènes responsables de mammites, en passant par la réalisation d’antibiogrammes.
Modifié le: vendredi 30 août 2013, 14:56