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DIARRHÉE NÉONATALE ET ACIDOSE MÉTABOLIQUE :
comment estimer le degré d’acidose à partir de données cliniques
et procéder à l’évaluation théorique d’un protocole de traitement simplifié


Objectifs de l'étude
Observer la corrélation
entre l’examen clinique
du veau et le degré
d’acidose métabolique.
Évaluer la pertinence
d’un simple protocole de soin
fondé sur ce même examen clinique.

J Vet Intern Med
2012 ;26 :162-170.
Metabolic acidosis in neonatal calf diarrhea: clinical findings
and theoretical assessment
of a simple treatment protocol.

Trefz FM, Lorch A, Feist M,
Sauter-Louis C, Lorenz I








Synthèse par Nicolas Herman, Département Élevage et Produits, Université de Toulouse,
École Nationale Vétérinaire de Toulouse



Les diarrhées néonatales sont en général accompagnées d’une acidose métabolique plus ou moins sévère. Les analyses biochimiques n’étant pas disponibles auprès de l’animal, le praticien doit se fonder sur l’examen clinique du veau pour estimer le degré d’acidose métabolique, et y associer un traitement.
Le but de cette étude, réalisée à l’Université vétérinaire de Munich, est d’observer la corrélation entre l’examen clinique du veau (posture, comportement, degré d’énophtalmie, réflexe de succion, et palpébral) et le degré d’acidose métabolique, ainsi que d’évaluer la pertinence d’un simple protocole de soin fondé sur ce même examen clinique.
Matériel et méthodes
Un score clinique allant de 5 (veau debout / non déshydraté) à 23 (veau en décubitus latéral / déshydratation sévère / absence de réflexe de succion) a été attribué à l’arrivée de chaque veau (n = 121).
Les paramètres biochimiques sanguins (prélèvement à la veine jugulaire : excès de base, trou anionique, [HCO3-], D et L-Lactate, pH, etc.) ont également été évalués.
Les veaux étudiés ont ensuite été séparés en quatre groupes, qui ont été traités différemment :
- groupe 1 : veau debout, non déshydraté : réhydratation orale ;
- groupe 2 : veau debout, déshydratation légère : perfusion de 250 mmol de bicarbonate de sodium (environ 8 g) ;
- groupe 3 : veau couché en position sternale : perfusion de 500 mmol de bicarbonate de sodium ;
- groupe 4 : veau en décubitus latéral : perfusion de 750 mmol de bicarbonate de sodium.
Les besoins requis en bicarbonate de sodium ont été calculés d’après la formule :
HCO3- (mmol) = poids du veau (kg) x déficit en base (mmol/L) x 0,7 (L/kg).
De plus anciennes études utilisaient un coefficient de 0,5 ou de 0,6 (volume de distribution du bicarbonate). Ce coefficient a été réévalué en tenant compte de l’influence des pertes en bicarbonates, et de la production de D-Lactate.
Cette étude confirme que la nature et le degré de l’acidose métabolique des veaux en diarrhée sont différents selon leur âge.
- Les veaux de moins d’une semaine présentent une acidose moins intense (déficit en base plus léger), et une tendance à une acidose L-Lactique.
- Les veaux de plus d’une semaine présentent une acidose plus intense (déficit en base plus important), et une acidose de type D-Lactique.
l Bien que le déficit en base (degré de l’acidose) puisse très largement varier pour un même tableau clinique, l’analyse de la posture et de la vigilance du veau semble l’élément le plus pertinent pour estimer le degré de l’acidose métabolique.
Le degré de perte du réflexe palpébral apparait comme l’élément le plus caractéristique d’une augmentation de la concentration en D-Lactate.
Résultats et conclusion
À l’instar de précédentes études, cette étude montre que l’acidose métabolique sans augmentation de la concentration en D-Lactate n’a qu’une influence mineure sur la posture et le comportement du veau.
Aucune corrélation n’a été observée entre le réflexe de succion, l’énophtalmie (la déshydratation en général), et la concentration en D-Lactate.
Concernant le traitement théorique mis en place sur les 121 veaux étudiés, 10 ont été sous-dosés, et 40 ont été surdosés par une quantité supérieure à 250 mmol de bicarbonate de sodium.
Une très bonne aptitude de certains veaux à se maintenir malgré une acidose marquée à sévère (déficit en base < à 20 mmol/L) explique les sous-dosages.
Les surdosages sont expliqués en grande partie par une alcalose métabolique due aux traitements souvent mis en place par les éleveurs avant leur admission à l’Université de Munich.
Ceci souligne la pertinence des analyses biochimiques dans les traitements de seconde intention.
L’examen clinique du veau semble suffisant pour estimer le degré d’acidose métabolique, et le degré d’augmentation de la concentration en D-Lactate.
En première intention, le protocole de traitement proposé semble répondre aux besoins du veau sur la base d’un simple examen clinique.
Des analyses biochimiques seraient nécessaires en cas d’intervention en seconde intention.
Modifié le: vendredi 30 août 2013, 15:14