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infectiologie

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CONTRÔLE DE L’EXCRÉTION DE COXIELLA BURNETII AU VÊLAGE :
efficacité de la vaccination et des antibiotiques chez des vaches laitières


Objectif de l'étude
Évaluer l’efficacité
de mesures de maîtrise médicale combinant ou non la vaccination
et l’antibiothérapie, sur la prévention
et/ou sur la réduction
de l’excrétion de Coxiella burnetii
au vêlage, dans des troupeaux bovins laitiers cliniquement affectés.

Vet Microbiol
2012;159(3-4):432-7.
Effectiveness of vaccination
and antibiotics to control Coxiella burnetii shedding around calving
in dairy cows.

Taurel AF, Guatteo R, Joly A,
Beaudeau F








Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03



22 troupeaux bovins laitiers ont été recrutés de février 2008 à septembre 2010 dans cinq départements du Grand Ouest de la France, selon les crièteres suivants :
- au moins 50 p. cent de résultats sérologiques positifs (ELISA FQ) sur un échantillon d’au moins six vaches ;
- un résultat positif en PCR sur un prélèvement de placenta ou de fœtus suite à un avortement.
Dans ces 22 troupeaux, quatre stratégies médicales attribuées par tirage au sort ont été implémentées chez les vaches laitières : 1. la vaccination (à base d’un vaccin composé de Coxiella burnetii en phase 1), 2. l’antibiothérapie (à base de tétracycline), 3. la vaccination associée à l’antibiothérapie, 4. aucune de ces mesures médicales.
Dans les troupeaux dont la stratégie comprend l’antibiothérapie, cinq protocoles différents ont ensuite été attribués par tirage au sort aux vaches laitières (20 mg/kg à chaque injection) : une injection au tarissement, une injection au tarissement et 15 jours plus tard, une injection au vêlage, une injection au tarissement et au vêlage, ou une injection au tarissement et 15 j plus tard et au vêlage.
Pour des raisons éthiques, quelle que soit la stratégie attribuée au troupeau, les génisses de plus de 12 mois ont été systématiquement vaccinées. Un prélèvement sanguin a été effectué à l’inclusion dans le protocole chez les animaux de plus de 12 mois pour rechercher des anticorps (kit ELISA FQ, LSI) afin de prendre en compte le statut infectieux des animaux préalable à la mise en place d’un protocole dans l’élevage. Celui-ci a, en effet, une influence potentielle sur l’efficacité vaccinale.
Un prélèvement de mucus vaginal a été réalisé par le vétérinaire dans les 4 jours suivant le vêlage, pour être analysé par PCR en temps réel afin de détecter et d’estimer la charge présente de Coxiella burnetii.
Afin que l’influence des pratiques d’élevages sur le risque d’excrétion soit prise en considération, un modèle hiérarchique avec effet aléatoire troupeau a été choisi. Dans ce modèle, les mesures de maîtrise médicale ont été prises en compte au travers de deux variables.
La variable qui décrit la vaccination doit prendre en compte le statut de gestation (rapporté comme influençant l’efficacité vaccinale chez les vaches laitières). Elle est considérée selon trois modalités : 1. non vaccinée, 2. vaccinée avant insémination, 3. vaccinée après insémination.
Concernant l’antibiotique, seules les stratégies centrées autour du tarissement ont été considérées, sous l’hypothèse que le délai entre l’injection d’antibiotique au vêlage et le prélèvement au vêlage ne sont pas suffisamment long pour pouvoir observer un effet éventuel de l’antibiotique sur l’excrétion. Ainsi, la variable antibiotique a été décrite par trois modalités : 1. pas d’antibiotique, 2. antibiotique injecté au tarissement, 3. antibiotique injecté au tarissement et 15 jours plus tard.
Les animaux ayant reçu l’antibiotique au vêlage sont considérés comme non traités au vêlage. Le statut sérologique initial et l’âge au vêalage ont également été pris en compte dans le modèle.
Deux modèles logistiques ont été construits pour évaluer l’efficacité des mesures de maîtrise : sur l’occurrence de l’excrétion, et sur le niveau d’excrétion par les animaux détectés excréteurs.
Résultats
Les analyses ont été effectuées sur 883 vaches dans 22 troupeaux, avec une séroprévalence initiale de 42,2 p. cent, et une prévalence de vaches détectées excrétrices de 18,3 p. cent.
La vaccination n’a pas été significativement associée au risque pour une vache d’être détectée excrétrice (P = 0,35).
À l’opposé, l’antibiothérapie administrée une fois au tarissement a été significativement associée à une diminution du risque pour une vache d’être détectée excrétrice (OR = 0,40, IC95 p. cent [0,21 - 0,75]).
Une 2e injection 15 jours plus tard ne présente pas d’intérêt. Le statut sérologique initial négatif est associé à une diminution du risque d’être détecté excréteur (OR = 0,39, IC95 p. cent [0,26 - 0,59]).
Concernant l’effet sur le niveau d’excrétion, la vaccination est associée à une diminution du risque d’excréter de grande quantité de bactéries. Le risque associé chez une vache vaccinée après insémination animale (I.A.) est de 0,29 (IC 95 p. cent [0,12 - 0,67]), il est de 0,15 (IC 95 p. cent [0,03-0,85]) lorsque la vache est vaccinée avant I.A. L’antibiothérapie ne l’est significativement pas. Le statut sérologique initial négatif est associé à la diminution du risque d’excréter à un niveau élevé (OR = 0,26, IC95 p. cent [0,11 - 0,63]).
Conclusion
Cette étude est caractérisée par un protocole ambitieux en raison du nombre d’élevages recrutés et de la diversité des protocoles médicaux mis en place. Cependant, la prise en compte du statut infecté des animaux, estimé par le statut sérologique initial, alors qu’il existe des animaux infectés excréteurs séronégatifs, peut être à l’origine de l’absence d’effet observé de la vaccination sur la prévention de l’excrétion. Par ailleurs, cet effet a été montré dans des études sur des caprins et des bovins non infectés avant vaccination.
Ces résultats peuvent servir de base de recommandation pour une utilisation raisonnée des antibiotiques en élevage infecté et aider à l’élaboration de protocoles de maîtrise médicale en élevage infecté.
L’antibiothérapie apparaît comme une mesure à court terme, avec un intérêt à discuter en fonction de la situation sanitaire de l’élevage.
La vaccination est une alternative à long terme, elle a un impact dans la dynamique d’infection. En effet, la présente étude met en évidence un lien entre la vaccination et une diminution des charges excrétées.
Par ailleurs, des travaux antérieurs ont montré que la vaccination prévient l’excrétion chez les animaux encore sensibles dans les troupeaux infectés. En outre, les animaux séronégatifs ont également un moindre risque d’être excréteur et d’excréter en grande quantité.
L’ensemble de ces résultats renforcent l’intérêt de cibler les animaux dans le cadre de mesures de maîtrise médicale de l’infection par Coxiella burnetii.
Modifié le: vendredi 30 août 2013, 15:23