Objectifs de l'étude ❚ Évaluer le potentiel bénéfice apporté par l’ajout d’un traitement collectif topique qui utilise une solution de cuivre et de zinc chélatés (Hoof-Fit®) selon différents protocoles, afin de guérir cliniquement les lésions de dermatite digitée (D. D.), par rapport à la simple utilisation de traitements individuels en conditions d’élevage. ❚ Identifier les pratiques d’élevage qui pourraient influencer la guérison de ces lésions et l’efficacité des traitements topiques.

J Dairy Sci 2012;95(7):3722-35. Effectiveness of different regimens of a collective topical treatment using a solution of copper and zinc chelates in the cure of digital d ermatitis in dairy farms under field conditions. Relun A, Lehebel A, Bareille N, Guatteo R

Synthèse par Sébastien Assié, Médecine des Animaux d’Élevage, Oniris, BP 40706, 44307 Nantes Cedex 03


● Un essai clinique a été mené dans 52 exploitations bovines laitières de l’Ouest de la France entre novembre 2009 et octobre 2010. Ces exploitations ont été sélectionnées selon deux critères :
1. être affectées par la dermatite digitée (D. D.) depuis plus de 2 ans (endémicité) ;
2. disposer d’une salle de traite (lieu de notation de la D. D. et d’application de certains traitements).
Matériel et méthodes
● Les exploitations ont été allotées de manière quasi-aléatoire dans un des quatre protocoles de traitement :
- A : uniquement des traitements topiques individuels (protocole contrôle) ;
- B : cinq p. cent de Hoof-Fit Bath® appliqué en pédiluve de passage pendant quatre traites successives toutes les 4 semaines ;
- C : cinq p. cent de Hoof-Fit Bath® appliqué en pédiluve de passage pendant quatre traites successives toutes les 2 semaines ;
- D : 50 p. cent Hoof-Fit Liquid® appliqué par pulvérisation collective sur les postérieurs de toutes les vaches traites.
● Pour des raisons éthiques et de bien-être, tous les éleveurs ont, en plus, dû traiter les lésions actives de dermatite digitée qu’ils détectaient, de manière individuelle, en appliquant un topique à base d’oxytétracycline (O.T.C.). Ces traitements ont été appliqués pendant 6 mois.
● La dermatite digitée (D. D.) et la propreté des postérieurs ont été évaluées pendant la traite durant sept visites, espacées d’environ 4 semaines.
● La dermatite digitée est notée à l’aide d’un miroir télescopique et d’une lampe frontale puissante en quatre stades (M0 à M4) (Relun, coll., 2011) selon un système adapté à partir de celui élaboré par Döpfer et coll. (1997).
● La propreté des pieds a également été notée en quatre stades allant de propre (1) à très sale (4).
● Les visites ont été réalisées par 14 investigateurs préalablement formés à ces notations. Pendant les visites, ils ont aussi collecté des données relatives à la conduite d’élevage.
● L’efficacité curative des différents protocoles de traitement a été évaluée, à l’aide d’un modèle de Cox à effet aléatoire, sur leur capacité à accélérer la guérison des lésions. Une lésion active est considérée guérie si aucune lésion active n’a été détectée pendant deux visites consécutives. Le modèle a été ajusté en fonction des facteurs de risques connus ou supposés de persistance de la dermatite digitée (D. D.), à l’échelle de l’exploitation et des animaux, et en fonction de la prévalence initiale de D. D. L’exposition à certains facteurs, tels que l’accès aux pâtures, la propreté des pieds, le stade et le rang de lactation, a été considérée comme dépendante du temps.
● Les pieds postérieurs de 4677 vaches ont été observés de une à sept fois. L’analyse statistique a porté sur 1026 pieds postérieurs, qui ont présenté au moins une fois une lésion active de D. D. (M1 ou M2).
Résultats
● Au total, 87 p. cent des pieds ont guéri, avec une médiane de survie correspondant à l’intervalle entre deux visites.
● Les taux de guérison mensuels ont été respectivement de 58 p. cent, 55 p. cent, 76 p. cent et 76 p. cent dans les protocoles A, B, C et D.
l Seulement 25 p. cent des pieds notés initialement M1 et 33 p. cent de ceux notés M2 ont été détectés et traités individuellement par les éleveurs.
● Parmi les pieds restés non traités (groupe A), une guérison spontanée a été observée à un taux mensuel de 71 p. cent pour les lésions notées M1, et de 40 p. cent pour les pieds notés M2.
Discussion
● Les pieds soumis à un traitement collectif appliqué tous les 15 jours en plus d’un traitement individuel ont eu respectivement 1,28 et 1,41 fois plus de chances de guérir que ceux du protocole contrôle (groupe A) lorsque le traitement était appliqué via un pédiluve de passage (groupe C) ou une pulvérisation collective (groupe D).
● Aucun avantage n’a été mis en évidence lorsque les pédiluves n’ont été utilisés que toutes les 4 semaines.
● L’avantage curatif des traitements collectifs semble reposer sur leur capacité à traiter les lésions avant leur détection par les éleveurs.
● Trois autres facteurs qui permettent d’accélérer la guérison ont été identifiés : la propreté des pieds, une faible taille initiale des lésions actives et l’application de traitements individuels. L’accès aux pâtures a tendance à accélérer la guérison.
● Ces résultats renforcent la nécessité d’avoir une approche globale pour améliorer la guérison de lésions de dermatite digitée (D. D.), qui inclut l’application de traitements individuels et collectifs et toute pratique permettant d’améliorer la propreté des pieds et la détection précoce des lésions de dermatite digitée. ❒