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ÉPAISSEUR DE L'ENDOMÈTRE ÉVALUÉE PAR ÉCHOGRAPHIE AVANT UNE IA
programmée comme indicateur de la fertilité
des vaches laitières hautes productrices


Objectif de l'étude
Tester l'association
de l'épaisseur de l’endomètre
avec la survenue
de l'ovulation et la fertilité
suite à une IA programmée
et l'intérêt de l'œstradiol
avant insémination.

Theriogenology.
2011 March;75(4):722-733.
Ultrasonographic evaluation
of endometrial thickness near timed AI as a predictor of fertility
in high-producing dairy cows.

A.H. Souza, E.P.B. Silva, A.P. Cunha, A. Gümen, H. Ayres, D.J. Brusveen, J.N. Guenther and M.C. Wiltbank








Synthèse par Xavier Nouvel et Nicole Picard-Hagen,
Département Élevage et Produits, Université de Toulouse, École Nationale Vétérinaire de Toulouse,
23, chemin des Capelles 31076 Toulouse cedex



Chez les mammifères, la qualité de l'environnement utérin est un élément essentiel pour l'implantation et la croissance embryonnaire.
Chez la vache, une méthode d'évaluation de l'état utérin avant insémination constituerait un outil utile pour prédire la fertilité et pour déterminer le traitement optimal à l'échelle individuelle.
Chez diverses espèces animales et chez la femme, différentes techniques (biopsies, cytologies utérines ou examens échographiques) ont été utilisées pour évaluer la fertilité attendue. Parmi celles-ci, l'échographie offre l'intérêt d'être peu invasive et de donner un résultat immédiat.
Objectif de l’étude et problématique
Après la caractérisation des changements d'épaisseur endométriale (E.E.) avant IA, après la lutéolyse induite lors d'un protocole Ovsynch (GPG) et leurs éventuelles corrélations avec les concentrations sériques de progestérone (P4) et d'oestradiol (E2), l’objectif de cette étude est de tester l'association de l'E.E. avec la survenue de l'ovulation et la fertilité suite à une IA programmée, et l'intérêt de l'œstradiol avant insémination.
Matériels et méthodes
L'épaisseur de l'endomètre (E.E.) est mesurée sur une image gelée de chaque corne utérine en coupe transversale à environ 2 cm de la bifurcation interne, à l'aide d'un échographe équipé d'une sonde linéaire de 7.5MHz.
Une pression la plus minimale possible est appliquée sur l'utérus afin d'éviter une déformation des cornes lors de la mesure.
L'E.E. est définie comme la distance entre le bord de la lumière endométriale et l'interface visualisable entre l'endomètre et le myomètre.
Expérience 1 :
caractérisation des changements d'E.E. en période péri-oestrale

L’expérience est réalisée sur 8 vaches Holstein (4 multipares, 4 primipares) cyclées à 150,9 +/-1,4 jours de lactation, sans anomalie utérine et présentant un corps jaune et un taux de progestérone supérieur à 1 ng/ml au début d'un protocole Ovsynch (GnRH - 7j. - PGF2a - 72h - GnRH).
L'E.E. mesurée, par un seul opérateur, augmente rapidement après l'administration de PGF2a de 7 mm à 9,5 mm, reste supérieure à 9 mm les 2 jours suivants, puis diminue à environ 8 et 7,4 mm, 4 et 5 jours après, soit 1 et 2 jours après la deuxième administration de GnRH. L'augmentation de l'EE est concomitante à une chute des concentrations plasmatiques de P4.
Expérience 2 :
comparaison Ovsynch / Ovsynch+E2, corrélation entre E.E., ovulation et fertilité

Un protocole Ovsynch (GnRH - 7j. - PGF2a - 56h - GnRH - 16h - IA) est appliqué à 642 vaches issues de 758 élevages.
Parmi elles, deux groupes sont comparés :
- un lot qui ne reçoit aucun traitement complémentaire (Ovsynch seul, 360 vaches) ;
- et un lot qui reçoit également 1 mg d'estradiol-17‚ par voie intramusculaire 8 h avant la seconde GnRH (Ovsynch + E2, 395 vaches).
Seules les vaches ne présentant pas de désordre sanitaire ou utérin ont été incluses dans l'étude.
Sont exclues les vaches qui présentent une progestéronémie > à 0,5 ng/ml (n=40) ou aucun follicule > à 10 mm (n=13) sur les ovaires 48 heures après l'injection de PGF2a.
L'E.E. est mesurée sur les deux cornes utérines sur les deux groupes, 48 h après l'injection de PGFa (avant injection d'E2). L'ovulation est évaluée par échographie 48 heures après l'injection de PGF2a et 8 jours après.
Un diagnostic de gestation est réalisé par échographie à 35-41 jours et à 58-64 jours après l’IA.
La comparaison des vaches avec une EE < 8 mm versus celles avec une EE > 8 mm montre un taux d'ovulation de 86 p.cent (n=136) versus 98,1 p.cent (n=472, p <0,01), respectivement, et un pourcentage de réussite à l'IA de 26,7 p.cent (n=146) versus 42,7p.cent (n=524, p <0,01). Le traitement par l'E2 augmente la réussite à l'IA pour les vaches avec des EE basses (Ovsynch + E2 = 37 p. cent versus Ovsynch = 23,3 p. cent, p<0,05) mais n'améliore pas significativement le taux de réussite des vaches avec des EE> 8 mm (Ovsynch + E2 = 46,7 p.cent versus Ovsynch = 46,8 p.cent)
Conclusions et commentaires
Une évaluation échographique de l'épaisseur de l’endomètre (E.E.) chez les vaches Holstein 48 h après l'injection de PGF2a lors d'un programme Ovsynch apparaît comme un bon indicateur de la possibilité d'échec ou de réussite de l'ovulation et de l'insémination.
La mauvaise fertilité des vaches présentant une E.E. réduite est probablement due soit à une faible concentration en œstradiol autour de l'IA, soit à un défaut de sécrétion de progestérone lors de la lutéogénèse, soit à un défaut de lutéolyse au cours du protocole Ovsynch.
L'amélioration des résultats de fertilité de ces vaches par l'administration d'E2 autour de l'IA confirme au moins la 1ère hypothèse.
La portée de cette étude est essentiellement cognitive, elle permet d'appréhender les mécanismes physiopathologique de l'infertilité sine materia.
Si cette mesure de l'E.E. semble difficile à réaliser dans la pratique des élevages, elle constitue un outil utile à la recherche pour l'évaluation et l'optimisation des protocoles de synchronisation des chaleurs.
Modifié le: jeudi 19 septembre 2013, 15:08