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Anesthésie

anesthésiologie



TENSION D'OXYGÈNE ARTÉRIELLE ET VENTILATION PULMONAIRE
chez des chevaux placés dans le système de suspension
d'Anderson après une période de décubitus latéral
et anesthésié avec une administration
à débit constant de Romifidine et Kétamine

Objectif de l'étude
 Mesurer la pression artérielle
d’oxygène et la ventilation
pulmonaire de six chevaux anesthésiés
et placés dans le système
de suspension d’Anderson
après une période
de décubitus latéral droit,
afin de comparer
les valeurs obtenues
lorsque le cheval est maintenu
en décubitus latéral droit.

Equine Vet J 2014;46:596-600.
Arterial oxygen tension
and pulmonary ventilation
in horses placed in the Anderson
Sling suspension system
after a period of lateral recumbency
and anaesthetised with constant
rate infusions of romifidine and ketamine.

François I, Lalèyê FX, Micat M,
Benredouane K, Portier K.








Synthèse par Mylène Caillaud, Clinique équine de l'ENV Toulouse.



 Les troubles musculo-squelettiques représentent 30 p. cent de la mortalité péri-opératoire des chevaux pendant la phase de réveil.
La majorité des réveils sont assistés dans les cliniques équines (94,1 p. cent).
 Avec cette technique, comme lors de réveils non assistés, les chevaux restent en décubitus latéral jusqu’à pouvoir se tenir debout.
Or, le décubitus altère les échanges gazeux dans les poumons à cause de l’atélectasie pulmonaire en région déclive, et provoque un déséquilibre entre la perfusion et la ventilation, ainsi qu’une hypoxémie artérielle.
 Le système de suspension d’Anderson permet de supporter le poids du cheval en position debout pendant le réveil, sans point de pression focale, et de minimiser la pression abdominale et thoracique, afin d’optimiser la fonction pulmonaire et l’oxygénation des tissus.
 Les auteurs font l’hypothèse que les chevaux repositionnés d’un décubitus latéral à une position debout dans le système de suspension d’Anderson devraient avoir une meilleure fonction cardio-pulmonaire et de meilleurs scores de rétablissement que les chevaux qui restent en décubitus latéral pendant le réveil.

Matériel et méthodes

 L’étude est menée sur six chevaux sains (trois juments et trois hongres), à l’âge, au poids, au périmètre thoracique et à la hauteur au garrot très homogènes (8,5 ± 1 an).
 Un cathéter est mis en place dans la veine jugulaire droite avant la prémédication, ainsi que dans l’artère carotide.
 Le protocole suivant est administré par voie intraveineuse :
- prémédication (Romifidine : 0,0 4 mg/kg) ;
- induction (Kétamine : 2,2 mg/kg et Diazépam : 0,05 mg/ kg) ;
- maintien de l’anesthésie (perfusion continue à débit constant de Romifidine : 0,12 mg/kg et Kétamine : 5,4 mg/kg).
 L’anesthésie dure 110 min, et est divisée en deux périodes :
- une première période de 50 min, pendant laquelle les chevaux sont placés en décubitus latéral droit ;
- et une deuxième période, pendant laquelle ils sont soit en décubitus latéral droit, soit placés dans le système de suspension d’Anderson.
 Chaque cheval est anesthésié deux fois à 6 semaines d’intervalle, et est placé une fois en décubitus latéral droit, et une fois dans le système de suspension d’Anderson pendant 60 min.
 Plusieurs paramètres (PaO2, PaCO2, CK, lactate, volume courant, FR, FC, PA, …) sont analysés toutes les 20 min pendant 100 min, à partir de T0 (correspondant à 10 min après l’induction), puis une fois le cheval debout, et 24 h après le réveil.

Résultats

 Cette étude montre que le repositionnement de chevaux sains anesthésiés, respirant grâce à une sonde endotrachéale dans le système de suspension d’Anderson, améliore l’oxygénation sanguine et la qualité du rétablissement, en comparaison des chevaux qui restent en décubitus latéral.
 La pression partielle d’oxygène diminue dans les deux groupes pendant la première phase de l’anesthésie, grâce à l’effet dépresseur cardio-respiratoire des substances anesthésiques utilisées.
 La redistribution de la ventilation dans la partie supérieure des poumons et l’inégale perfusion due à la gravité (atélectasie compressive) peuvent aussi contribuer à la diminution de la PaO2 pendant cette phase. Le déplacement du diaphragme crânialement joue aussi un rôle dans la diminution de la ventilation pulmonaire.
 L’hypoxémie observée pendant la deuxième phase en décubitus latéral droit s’est aisément résolu une fois le cheval debout, ce qui confirme l’hypothèse que la redistribution de la ventilation pulmonaire pendant le décubitus est la cause de la baisse de pression partielle en oxygène.
 Pendant la deuxième phase, les valeurs de pression partielle d’oxygène des chevaux placés dans le système d’Anderson sont supérieures à celles des chevaux en décubitus latéral, ce qui montre que ce positionnement contribue à maintenir l’oxygénation sanguine artérielle.
Le volume-minute est plus faible, et la pression partielle de dioxyde de carbone est plus élevée dans le groupe placé dans le harnais, ce qui suggère une ventilation pulmonaire moins efficace dans le système de suspension.
 Le système d’Anderson peut provoquer une compression de la trachée ; pourtant, la présence de la sonde maintient les voies aériennes ouvertes.
 Les concentrations plasmatiques de lactate sont supérieures dans le groupe en décubitus, ce qui peut être secondaire au métabolisme anaérobie, mais pas toujours due à une hypoxémie.
 Les réveils sont souvent plus violents sans le système d’Anderson, ce qui explique les valeurs de l’activité de la créatinine kinase supérieures pour le groupe maintenu en décubitus.

Conclusion

 Cette étude permet de conclure que le système de suspension d’Anderson améliore l’oxygénation artérielle et la qualité du rétablissement des chevaux anesthésiés par l’administration intraveineuse à débit constant de romifidine et kétamine. 
Modifié le: mardi 31 mars 2015, 18:43