Retour
Pneumologie

pneumologie / respiratoire



EXPOSITIONS ENVIRONNEMENTALES ET INFLAMMATION
DES VOIES RESPIRATOIRES
chez les jeunes Pur-Sang anglais

Objectif de l'étude
 Évaluer les modifications
cytologiques du liquide de lavage
broncho-alvéolaire (LLBA)
au cours du premier mois d’entraînement
des chevaux Pur-Sang.
 Mesurer l'exposition
des voies respiratoires aux particules
dans l’air, aux endotoxines,
et à l’ammoniac
afin de vérifier différentes hypothèses.

J Vet Intern Med 2014;28:918-24
Environmental exposures
and airway inflammation
in young Thoroughbred horses.

KM Ivester, LL Couetil,
GE Moore, NJ Zimmerman, RE Raskin.








Synthèse par Sarah Ménager, Bailly Vétérinaires, 1 rue du Tahuriaux 77700 Bailly-Romainvilliers



 La maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD) est une affection très répandue chez les chevaux.
Elle entraîne une contre-performance, et se développe en réponse à des irritants environnementaux inhalés.
 Sa prévalence est estimée à 80 p. cent chez les chevaux de course de 2 ans.
Son diagnostic est confirmé par une augmentation de neutrophiles, de mastocytes, d’éosinophiles, ou par une combinaison de ces types cellulaires dans le liquide de lavage bronchoalvéolaire (LLBA).
Ces différents types cellulaires d’IAD (phénotypes) suggèrent une étiologie et des mécanismes d’action différents.
 Chez les jeunes chevaux, une majorité d’éosinophiles et de mastocytes est observée, indiquant plutôt un phénomène d’hypersensibilité ; tandis que le confinement au box, l’exposition à la poussière, l’ammoniac et les endotoxines semblent entraîner une inflammation de type neutrophilique.
 Aucune étude n’avait encore actuellement recherché de lien entre la cytologie des LLBA et l’exposition environnementale. Dans cette étude, les auteurs vont s’intéresser aux modifications cytologiques du LLBA au cours du premier mois d’entraînement des chevaux Pur-Sang, ainsi qu’à l’influence de l’exposition des voies respiratoires aux particules environnementales sur celles-ci..
 L’objectif est de mesurer l'exposition des voies respiratoires aux particules dans l’air, aux endotoxines, et à l’ammoniac, afin de vérifier différentes hypothèses :
- la fréquence élevée de la maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD) chez les jeunes chevaux de course ;
- l’influence du mode de distribution du foin sur l’exposition ;
- et l’association des différents phénotypes d’IAD avec l’exposition environnementale.

Matériel et méthodes

 Une étude prospective est réalisée de mai 2009 à octobre 2012 sur 49 Pur-Sang Anglais âgés de 12 à 36 mois, mis à l’entraînement.
 Les chevaux sont répartis aléatoirement en deux groupes :
- 33 chevaux sont nourris avec du foin au sol ;
- et 16 chevaux sont nourris à l’aide d’un filet à foin.
 Des lavages broncho-alvéolaires et des coproscopies sont réalisés au début, à 14 et 28 jours d’entraînement. 
Les particules respirables, les particules inhalables, les endotoxines (contenues dans la poussière inhalée) et la concentration en ammoniac sont mesurées au niveau de la zone de respiration de chaque cheval, un jour par semaine, en continu pendant 6 h.

Résultats

 L’exposition moyenne aux particules respirables et inhalables, ainsi que l’exposition aux endotoxines sont significativement plus élevées pour le groupe nourri à l’aide d’un filet à foin.
 La proportion d'éosinophiles du liquide de lavage broncho-alvéolaire (LLBA) augmente significativement avec le temps chez les chevaux nourris au filet à foin, bien que le nombre de chevaux atteints d’inflammation des petites voies respiratoires (IAD) de type éosinophilique ne diffère pas entre les groupes.
 La proportion d’éosinophiles du LLBA est de même significativement liée à l'exposition aux particules respirables.
 En revanche, aucune différence significative n’est observée entre les groupes pour l’exposition à l’ammoniac, le comptage cellulaire global, les proportions de mastocytes et de neutrophiles.
Il n'y a également aucune corrélation entre les comptages d’oeufs fécaux et la proportion d’éosinophiles du LLBA.

Conclusion

 Cette étude confirme que l'inflammation des petites voies respiratoires (IAD) chez les jeunes chevaux mis à l’entrainement se manifeste le plus souvent par une augmentation de mastocytes et d’éosinophiles dans les voies respiratoires. En outre, dans cette population, le recrutement des éosinophiles est associé à l'exposition à des particules inhalables.
Le nourrissage au sol permet une moins grande exposition à ces particules que lors de l’utilisation de filet à foin.

 Ces résultats appuient l'hypothèse que l’IAD se développe en réponse à des irritants environnementaux inhalés, et offre la première preuve épidémiologique que l’IAD de type éosinophilique peut être liée à une hypersensibilité aux allergènes inhalés. 
Modifié le: mardi 31 mars 2015, 23:33