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Pneumologie

pneumologie / respiratoire



LES PROTÉINES DE PHASE AIGUË
chez des chevaux de courses atteints d’inflammation
des petites voies respiratoires

Objectif de l'étude
Identifier des marqueurs sanguins
qui permettraient de différencier
les chevaux atteints d’IAD
(maladie inflammatoire des petites voies respiratoires) des autres chevaux, au sein des chevaux intolérants à l’effort.

Journal of Veterinary Internal Medicine
2015;(29)3:940-5
Acute phase proteins in racehorses
with inflammatory airway disease.

Leclere M, Lavoie-Lamoureux A,
Lavoie JP.








Synthèse par Mylène Caillaud, Interne à la clinique équine de l’ENVT Toulouse



Les protéines de phase aiguë sont impliquées dans la réponse aux stimuli inflammatoires. Ces molécules modulent la fonction et la migration leucocytaires, en activant la cascade du complément, préviennent la perte de fer par la formation de complexes stables avec l’hémoglobine et, dans quelques cas, possèdent des propriétés anti-inflammatoires.
La principale source des protéines de la phase aiguë sont les hépatocytes, en réponse aux médiateurs de l’inflammation. Toutefois, certaines sont aussi exprimées dans les poumons, comme la sérum amyloïde A (SAA), la protéine C-réactive (CRP) et l’haptoglobine.
La SAA est considérée comme la principale protéine de phase aiguë. En effet, ses variations dans le sérum sont rapides (24 à 48h) et prononcées en présence d’un phénomène inflammatoire, alors que la CRP et l’Haptoglobine ont tendance à varier plus lentement et en moindre intensité.
Une inflammation systémique avec augmentation de la SAA et de l’haptoglobine est observée chez les chevaux atteints de pousse, mais peut aussi être présente chez les chevaux atteints d’une inflammation plus modérée. Les chevaux atteints d’une maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD) ne présentent pas de difficultés respiratoires au repos, comme dans le cas de la pousse, mais développent une intolérance à l’effort, de faibles performances et de la toux.
Dans cette étude, les auteurs font l’hypothèse que les chevaux de course atteints d’IAD présentent des concentrations sériques en SAA, CRP et haptoglobine supérieures aux chevaux non atteints d’inflammation pulmonaire.

Matériel et méthode


Pour vérifier cette hypothèse, les auteurs ont mené une étude cas - témoins sur 31 chevaux de course de race Trotteur, dont 13 juments, 12 hongres et six étalons, répartis en deux groupes :
- le groupe 1 : 21 chevaux atteints d’une maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD) (de 2 à 10 ans) ;
- le groupe 2 : 10 chevaux non atteints d’IAD (de 2 à 9 ans).
Les chevaux sont considérés comme atteints d’IAD si, en plus d’une intolérance à l’effort, ils présentent plus de 5 p. cent de neutrophiles, ≥ 1 p. cent d’éosinophiles ou ≥ 2 p. cent de mastocytes dans le liquide de leur lavage broncho-alvéolaire (LBA), tandis que les chevaux du groupe non atteints d’IAD présentent seulement une intolérance à l’effort.
Dans les deux groupes, plusieurs autres causes potentielles de faibles performances ont été identifiées (hémorragie pulmonaire induite à l’exercice, suspicion de déplacement dorsal du voile du palais, légère élévation des enzymes musculaires).
Des échantillons de sang ont été prélevés sur tous les chevaux de l’étude et le sérum amyloïde A (SAA), la protéine C-réactive (CRP) et l’haptoglobine ont été mesurées grâce à un kit commercial ELISA.

Résultats


Aucune différence significative n’a été observée entre les deux groupes de chevaux, atteints d’IAD ou non, pour la sérum amyloïde A (SAA), protéine C-réactive (CRP) et l’haptoglobine.
Il n’existe pas de corrélation entre des chevaux avec différents profils cytologiques dans le lavage broncho-alvéolaire (LBA) et les trois protéines de la phase aiguë. Seule la concentration en CRP est modérément plus faible pour les chevaux qui présentent plus de 5 p. cent de neutrophiles dans le LBA.
La concentration en SAA des chevaux entre 6 et 10 ans tend à être légèrement supérieure à celle des chevaux entre 2 et 5 ans.

Discussion


D’après ces résultats sur un petit échantillon, les protéines de phase aiguë ne semblent pas constituer un marqueur sanguin utile pour le diagnostic de maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD), chez des chevaux présentés pour intolérance à l’effort.
Le plus faible degré d’inflammation chez les chevaux atteints d’IAD, par rapport aux chevaux atteints de pousse, peut expliquer qu’il n’existe pas de différence significative entre les deux groupes.
Une autre raison, plus probable, est que, dans la population étudiée de chevaux avec de faibles performances, le niveau basal des protéines de phase aiguë est déjà relativement élevé. En effet, maintenir un entraînement intense chez des chevaux peu performants peut conduire à un niveau basal, plus élevé, notamment de sérum amyloïde A (SAA), même si l’entraînement seul ne conduit pas à une augmentation des protéines de phase aiguë.
L’administration non connue d’anti-inflammatoires et la présence concomitante d’hémorragie pulmonaire induite à l’effort pourraient également expliquer ces résultats.

Conclusion

Dans une population de chevaux de course peu performants à l’entraînement, la sérum amyloïde A (SAA), la protéine C-réactive (CRP) et l’haptoglobine ne permettent pas de distinguer les chevaux atteints de maladie inflammatoire des petites voies respiratoires (IAD), des chevaux intolérants à l’effort pour une autre cause.
Puisque les protéines de phase aiguë étudiées ne montrent pas de résultats prometteurs, l’étude d’un marqueur plus spécifique d’une inflammation pulmonaire, comme la protéine D du surfactant, pourrait être plus intéressante dans ce contexte.
Modifié le: mardi 3 novembre 2015, 12:45