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DIAGNOSTIC DE PÉRITONITE SEPTIQUE CHEZ LE CHIEN :
mesures des concentrations en glucose sur sang total, plasma,
épanchement péritonéal et surnageant de l’épanchement péritonéal


Objectif de l'étude
Évaluer l’efficacité d’un glucomètre
dans l’identification de péritonite septique chez des chiens
avec un épanchement péritonéal.

JAVMA 2015;247:1027-32
Usefulness of whole blood, plasma, peritoneal fluid, and peritoneal fluid supernatant glucose concentrations obtained by a veterinary point-of-care glucometer to identify
septic peritonitis in dogs
with peritoneal effusion.
De Koenig A, Lane Verlander L.








Pauline Fick, Pôle Vétérinaire du Gouët au Lié, Plaintel (22)



Matériels et méthodes

L’étude inclut des chiens souffrant d’un épanchement péritonéal (excepté un hémopéritoine). Du sang veineux est prélevé sur tube hépariné et un prélèvement de liquide péritonéal est effectué sur ces animaux.
La mesure de la concentration en glucose est réalisée avec un glucomètre, dans les 5 min suivant le prélèvement, sur le sang total et l’épanchement, puis sur le plasma et le surnageant de l’épanchement, après centrifugation.
Le diagnostic de péritonite septique est confirmé par l’identification de bactéries à l’examen cytologique de l’épanchement, par une culture bactériologique positive, par la mise en évidence d’une perforation digestive lors d’une chirurgie ou lors de l’autopsie.
La péritonite non septique est identifiée par l’examen cytologique, par l’autopsie, par l’exploration chirurgicale ou par la mise en évidence d’une cause non septique de l’épanchement.

tableau

Résultats

Sur les 39 chiens de l’étude, 17 ont une péritonite septique, et 22 une péritonite non septique.
Chez tous les chiens, une différence significative existe entre la concentration en glucose, mesurée avec le glucomètre, dans le sang total et dans le plasma (p < 0,001). En revanche, aucune différence n’est notée entre la concentration en glucose dans l’épanchement et dans le surnageant (p > 0,1).
Cinq des 17 chiens qui présentent une péritonite septique ont une concentration en glucose plus élevée dans l’épanchement que dans le sang. Les quatre chiens dont la concentration en glucose dans l’épanchement ou dans le surnageant est sous la limite de détection du glucomètre (0,2 g/L) ont une péritonite septique.
Chez les chiens avec une péritonite septique ou non septique, il n’y a pas de différence significative de concentration en glucose, sur le sang ou sur le plasma. De même, aucune différence en hématocrite ou en protéines totales sur le sang ou sur l’épanchement n’est notée.
La concentration en glucose sur l’épanchement et sur son surnageant est différente entre les chiens avec une péritonite septique ou non septique (p < 0,001). Une différence significative d’hématocrite et de protéines totales mesurées sur le sang et sur l’épanchement est également présente chez tous les chiens.
La différence moyenne de concentration en glucose entre le plasma et l’épanchement, ou entre le plasma et le surnageant de l’épanchement, est similaire chez tous les chiens.
Une différence dans la concentration en glucose entre le sang et l’épanchement supérieure à 0,2 g/L a une spécificité de 100 p. cent dans l’identification des péritonites septiques, mais une faible sensibilité. La sensibilité est meilleure si l’on considère la différence de concentration en glucose entre le plasma et l’épanchement, ou entre le surnageant de l’épanchement. Une valeur seuil de 0,38 g/L permet d’améliorer la spécificité, les valeurs prédictives positive et négative, mais sans réel impact sur la sensibilité.

Discussion et conclusion

L’utilisation d’une différence de concentrations en glucose supérieure à 0,2 g/L entre le sang et l’épanchement péritonéal, mesurées avec un glucomètre, n’est pas une méthode précise dans le diagnostic de péritonite septique. Sur 17 chiens, 10 chiens sont mal évalués. Ces résultats diffèrent de ceux d’une étude précédente, qui a été réalisée avec un analyseur biochimique.
L’utilisation des différences de concentration entre le plasma et l’épanchement (ou le surnageant de l’épanchement) est plus sensible. En utilisant une valeur seuil de 0,38 g/L, la spécificité augmente.
Un mauvais diagnostic peut être effectué lorsque la concentration en glucose est sous la limite de détection du glucomètre (0,2 g/L), la valeur précise de la glycémie n’étant pas connue.
La valeur de l’hématocrite influence la glycémie mesurée par un glucomètre : un hématocrite bas entraîne une valeur haute de glycémie, et inversement. En effet, un faible nombre de cellules provoque une pénétration du plasma plus importante dans la bandelette de réactif, et, par conséquent, une plus grande réaction électrochimique. Dans l’épanchement, le nombre de cellules est faible, donc la glycémie surévaluée : la différence de concentration en glucose entre le sang et l’épanchement peut être faussement réduite.
Modifié le: vendredi 20 novembre 2015, 13:29