parasitologie
UNE APPROCHE BASÉE SUR DES PREUVES DU CONTRÔLE PARASITAIRE :
nous ne sommes plus dans les années 60 ...
Objectifs de l'étude ❚ L’émergence croissante de la (multi)-résistance des helminthes des équidés nécessite de reconsidérer les pratiques de la vermifugation utilisées depuis plusieurs décennies. |
Equine Veterinary Education 2010;(22)6:303-16. An evidence-based approach to equine parasite control : it ain’t the 60’s anymore. Kaplan RM, Nielsen MK. |
Synthèse par Pr Gilles Bourdoiseau, Université de Lyon Parasitologie - maladies parasitaires, VetAgro Sup, 69280 Marcy l’Etoile
● Depuis les années 60, la vermifugation du cheval reposait sur l’administration toutes les 8 semaines d’anthelminthique à large spectre : les benzimidazoles (BZ). Ceci a permis de diminuer considérablement la mortalité et la morbidité dues aux helminthoses, dont la strongylose à S. vulgaris sans supprimer “l’anévrisme vermineux”.
● Parallèlement, la résistance des cyathostomes est croissante dans de nombreux pays. La confirmation de la résistance repose sur le fæcal egg count reduction test (FECRT): pratiqué sur 5 - 10 chevaux au minimum, un pourcentage de réduction, 14 jours après traitement, inférieur à 90 p. cent pour les BZ et 95 p. cent pour les lactones macrocycliques (LM) confirme la résistance.
En outre, celle-ci aurait pu être atténuée par l’utilisation de nouvelles classes anthelminthiques : or, la dernière commercialisée est celle des LM en 1983.
● Plusieurs règles largement retenues depuis longtemps sont aujourd’hui remises en cause par l’evidence-based veterinary medicine, médecine fondée sur les preuves :
- depuis les années 60, la rotation des anthelminthiques est recommandée, ceux de l’époque étant de spectre étroit ; l’introduction d’anthelminthiques à large spectre (BZ et LM) ne justifie plus ce principe. Il entretient chez le propriétaire et le praticien l’idée d’une bonne gestion de pré- vention et ne fait que masquer le phénomène ; enfin, il dispense les praticiens d’entreprendre des FECRT de confirmation ;
- les traitements systématiques et réguliers sont effectués sans prendre en compte la situation individuelle des animaux, la biologie du parasite ni la confirmation d’efficacité du traitement à l’encontre des parasites supposés.
➜ Il est indispensable aujourd’hui de s’assurer de l’efficacité de tel médicament en telle situa- tion, à l’encontre de tel parasite et de tel stade pathogène au bon moment de l’année, d’identifier les chevaux qui requièrent plus ou moins de traitements en recourant à la coproscopie quantitative et en vérifiant l’efficacité par des FECRT de contrôle ;
- de nombreux propriétaires recourent à des vermifugations répétées pour éliminer tous les parasites de tous les animaux : aucun helminthe n’est toléré chez aucun cheval alors qu’un parasitisme de bas niveau n’entraîne aucun effet délétère et stimule une immunité efficace ;
- tous les chevaux ne sont pas identiques entre eux : 20-30 p. cent des chevaux hébergent environ 80 p. cent des helminthes, de sorte que quelques chevaux même traités fréquemment sont de fort excréteurs alors que d’autres, par une immunité efficace, maintiennent une excrétion fécale faible. Une étude portant sur 261 chevaux de 12 centres différents donnent les résultats du tableau ci-après.
Conclusion
● La vermifugation “raisonnée” des animaux fort excréteurs permet à la fois :
- de garder des refuges - c’est-à-dire des parasites échappant à l’anthelminthique et restant sensibles - et de maintenir les gènes de sensibi- lité au sein de la population ;
- d’abaisser considérablement la quantité d’œufs excrétés.
Il est indispensable de reconsidérer la vermifugation sur des arguments scientifiquement démontrés. ❒
Modifié le: mercredi 27 janvier 2016, 10:44