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Anesthésie

anesthésie


ANESTHÉSIE GAZEUSE :
effet du réchauffement sur la température corporelle de petits chiens

Objectif de l’étude
Déterminer si le réchauffement
en couveuse, après la prémédication, influe sur l’évolution de la température corporelle des chiens
pendant l’anesthésie gazeuse.
J Am Vet Med Assoc
2015;247:765-70.
Effect of prewarming on the body temperature of small dogs undergoing inhalation anesthesia.
Rigotti CF, Jolliffe CT, Leece EA.











Synthèse par Pauline Fick, Pôle Vétérinaire du Gouët au Lié, Plaintel (22).


L’hypothermie péri-opératoire est une complication survenant dans d’environ un tiers des interventions chirurgicales chez le chien. Elle entraîne un retard à la formation des caillots plaquettaires, un intervalle QT prolongé à l’ECG, une bradycardie et un réveil prolongé de l’anesthésie.
Chez l’homme, cette complication est plus fré- quente (de 60 à 80 p. cent des cas), mais un réchauffement avant l’intervention diminue son incidence.

Matériel et méthode

Une anesthésie gazeuse est réalisée chez des chiens de moins de 10 kg, de statut ASA I ou ASA II, pour une intervention chirurgicale mineure (chirurgie oculaire ou exérèse de petites masses cutanées) ou des examens d’imagerie. Les chiens subissant des chirurgies plus invasives, les chiens agressifs ou âgés de moins de 6 mois sont exclus de l’étude.
Les 20 chiens retenus sont répartis en deux groupes :
- les chiens du groupe réchauffement sont placés en couveuse pédiatrique à 33°C pendant 30 à 60 min, après la prémédication (acépromazine 0,02 mg/kg et buprénorphine 0,02 mg/kg) ;
- les chiens du groupe contrôle restent dans leur cage, pendant la même durée.
Avant l’induction (alfaxalone à effet) et l’intubation, la température rectale est prise et le degré de sédation est noté de 1 (aucune sédation) à 5 (sédation profonde avec décubitus latéral).
Les chiens sont ensuite intubés et l’anesthésie est entretenue par inhalation d’isoflurane sous oxygène. Les animaux sont isolés de la table opératoire par une alèse, mais aucun système de chauffage n’est mis en œuvre.
Les températures ambiante, œsophagienne et rectale sont mesurées toutes les 5 min, jusqu’à ce que la température œsophagienne soit inférieure à 36°C ou que l’intervention soit terminée. L’animal est alors réchauffé activement.
Les fréquences cardiaque et respiratoire, la pression artérielle, le CO2 expiré et la saturation en oxygène sont mesurés toutes les 5 min.

Résultats

Un chien est exclu du groupe préchauffage suite à une excitation excessive dans la couveuse. Les neuf chiens du groupe réchauffement et les 10 chiens du groupe contrôle ont un âge, un poids, une note d’état corporel, un score de sédation, un délai entre la sédation et l’intubation, et une durée de l’anesthésie comparables.
Il n’y a pas de différence entre la température rectale des chiens des deux groupes juste avant et après l’intubation. Aucune différence n’est notée entre les températures ambiantes, rectale et œsophagienne des chiens des deux groupes pendant les 70 premières minutes d’anesthésie.
La proportion de chiens développant une hypothermie n’est pas différente dans les deux groupes, ni le délai entre l’intubation et la mise en place de l’hypothermie.

Discussion et conclusion

Dans cette étude, le réchauffement de petits chiens dans une couveuse pendant plus de 30 min ne modifie pas la survenue d’hypothermie pendant l’anesthésie.
En médecine humaine, le réchauffement est pourtant une méthode efficace pour diminuer l’incidence des hypothermies péri-opératoires.
Les différentes modalités mises en œuvre (durée, température, technique de réchauffement) peuvent expliquer les résultats.
La durée a été fixée à 30 min pour des raisons pratiques, mais le ratio surface / volume élevé des chiens comparé à l’homme peut rendre cette durée insuffisante.
Le réchauffement pourrait être mis en place avant la prémédication, jusqu’après l’intubation. La température choisie, de 33°C, est peut-être trop faible, mais des températures plus hautes peuvent être difficiles à supporter : une augmentation rapide de la température de la peau entraîne un inconfort et une intolérance.
Le ratio surface / volume élevé des chiens peut, de plus, expliquer une perte de chaleur rapide, une fois sortis de la couveuse. L’utilisation de couvertures ou d’autres moyens de conserver la chaleur serait intéressante.
Modifié le: jeudi 24 mars 2016, 12:50