gastro-entérologie
ENTÉROPATHIE EXSUDATIVE CHEZ LE CHIEN :
facteurs pronostiques
Objectif de l'étude ❚ Comparer les durées de survie pour des chiens atteints de différents types d’entéropathies exsudatives. ❚ Identifier les facteurs pronostiques |
The Vet journal |
Synthèse par Marine Leclerc, clinique vétérinaire VetRef, 49070 Angers Beaucouzé
● Les entéropathies exsudatives (EE) sont de pronostic souvent réservé en raison de l’hypoalbuminémie, parfois majeure, qu’elles engendrent.
● Pourtant, peu d’études se sont intéressées à identifier des facteurs pronostiques liées à ces affections.
Matériels et méthodes
● Une étude rétrospective a été conduite d’Avril 2006 à Janvier 2011, au Centre vétérinaire de Tokyo sur 92 chiens atteints d’entéropathies exsudatives, après diagnostic par histologie ou cytologie et mise en évidence d’une hypoalbuminémie (toute autre cause d’hypoalbuminémie étant exclue).
● Parmi cette cohorte, 34 chiens présentent une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), 28 une lymphangiectasie intestinale (LI), 27 un lymphome intestinal (19 de bas grade, 8 de haut grade).
Au moment du diagnostic, l’âge moyen des chiens est de 6,9 ans (1,7-14 ans). Aucune race n’est surreprésentée dans cette étude.
● Pour chaque chien, le score CIBDAI (index clinique et d’activité pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, basé sur six critères cliniques) est réalisé au moment du diagnostic, ainsi qu’un bilan sanguin complet et une recherche de réarrangement clonal des récepteurs aux antigènes (RCRA) dans la muqueuse intestinale.
● Chaque chien a été traité en accord avec l’entéropathie exsudative qu’il présente et son statut clinique : association de prednisolone, antibiotiques et régime pauvre en graisse pour les groupes présentant une MICI ou une LI ; prednisolone associée au chlorambucil ou à des agents de chimiothérapie respectivement pour le lymphome à petites cellules et celui à grandes cellules.
Résultats
● Sur les 92 chiens, aucun n’a été euthanasié des suites de l’entéropathie exsudative et 36 chiens sont vivants à l’issue de l’étude.
● Le temps de survie global de la cohorte est de 583 jours, les chiens présentant une MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin) ou une LI (lymphangiectasie intestinale) ayant un temps de survie significativement plus long que les chiens atteints d’un lymphome. Aucune différence significative n’a pu être mise en évidence entre la durée de survie des chiens atteints de MICI ou ceux atteints de LI.
● La réponse initiale au traitement - évaluée dans les 50 premiers jours - est disponible pour 79 chiens (86 p. cent).
● Pour ces chiens, la durée de vie est significativement plus longue que pour ceux étant réfractaires au traitement (p = 0,0004, n = 43 p. cent en suivant l’albuminémie, p < 0,04, n = 39 p. cent en suivant le score CIBDAI).
● Les facteurs pronostiques négatifs majeurs mis en évidence sont la présence d’un score CIBDAI élevé, la présence de RCRA (réarrangement clonal des récepteurs aux antigènes) dans la muqueuse intestinale, ou l’hyperurémie au moment du diagnostic.
● Aucun lien significatif n’a pu être mis en évidence entre le temps de survie sur la durée de l’étude, et l’albuminémie, ou la dilatation des vaisseaux lymphatiques à l’histologie.
Discussion et conclusion
● Précédemment rapporté comme facteur négatif pour les MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin), cette étude permet de confirmer qu’un score CIBDAI (index clinique et d’activité pour les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, basé sur six critères cliniques) élevé est également de pronostic plus réservé pour les chiens atteints de lymphome ou de lymphangiectasie intestinale.
● Ainsi, une prise en charge thérapeutique agressive pour les chiens présentant des scores élevés est indiquée, le suivi du CIBDAI permettant d’ajuster le traitement par la suite.
● Alors que l’albuminémie n’est pas considéré comme facteur pronostique négatif, la normalisation de ce paramètre dans les 50 premiers jours de traitement est associée à une augmentation de la durée de vie. Ainsi, il est possible qu’en cas de non amélioration de l’albuminémie dans les premières semaines de traitement, une prise en charge plus agressive permette d’améliorer le pronostic.
● Concernant les RCRA, indicateurs de lymphome intestinal, si leur détection est associée à un pronostic négatif, 28 p. cent des chiens atteints de MICI (maladie inflammatoire chronique de l’intestin) ou de lymphangiectasie intestinale vont en présenter alors que chez 72 p. cent des chiens atteints de lymphome, ils ne sont pas détectés. Ainsi, les résultats de PCR ne sont pas complètement corrélés aux diagnostics histologiques.
● Un seul chien présentant une concentration en urée élevée, il semble prématuré de considérer ce paramètre comme facteur pronostique.
● L’absence de critères pour le diagnostic histologique et l’évaluation de la sévérité de la lymphangiectasie intestinale rend impossible la mise en évidence de manière significative d’un lien entre la dilatation des vaisseaux lymphatiques et le pronostic.
● Cette étude présente plusieurs limites : la prise en charge thérapeutique variable d’un chien à l’autre, la technique de biopsie seulement réalisée par endoscopie, ou encore la retrospectivité de l’étude. ❒