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Endocrinologie

endocrinologie


INSUFFISANCE PANCRÉATIQUE EXOCRINE FÉLINE :
étude rétrospective de 150 cas

Objectif de l'étude
Décrire l’épidémiologie, les signes cliniques, la biologie clinique, les options thérapeutiques, la réponse thérapeutique.
Rechercher les facteurs prédictif d’une bonne réponse thérapeutique.

J Vet Intern Med
2016;30:1790–1797
Feline exocrine pancreatic insufficiency: a retrospective study of 150 cases
PG Xenoulis, DL Zoran, GT Fosgate, JS Suchodolski, JM Steiner.











Synthèse par Nicolas Soetart, Assistant hopitalier, Médecine Interne, Oniris, Nantes


Il existe peu d’informations dans la littérature concernant l’insuffisance pancréatique exocrine (IPE) féline, maladie considérée comme rare dans cette espèce. Pourtant la maladie pourrait être largement sous-diagnostiquée, car le principal outil diagnostique, le dosage de la concentration sérique en fTLI (feline trypsin-like immunoreactivity), est récent et peu disponible.

Matériel et méthodes

Les cas proviennent de la base de données du laboratoire du Collège vétérinaire de l’université Texas A&M, sur la base d’une concentration en fTLI ≤ 8µg/L, considérée comme diagnostique d’une IPE chez le chat.
Une sélection au hasard de 261 cas parmi les 1095 recrutés a permis l’envoi d’un questionnaire permettant la récolte des données d’intérêt auprès des vétérinaires traitants.
La réponse au traitement a été subjectivement déterminée comme bonne, partielle ou mauvaise par les vétérinaires répondants.

Résultats

Sur les 46 529 chats dont le sérum a été analysé au cours de la période étudiée, 1095 ont montré une concentration en fTLI ≤ 8µg/L, soit 2,4 p. cent. 150 questionnaires ont été renvoyés et considérés comme exploitables.
La majorité des chats (109/150) étaient des chats domestiques à poils courts (domestic short-haired). Avec 59 p. cent de mâles, et l’âge médian au diagnostic était de 7,7 ans (min : 3 mois - max : 18,8 ans).
Le signe clinique le plus observé était la perte de poids (91 p. cent des chats) évoluant depuis une durée médiane de 6 mois, considérée pour 8 chats comme le signe le plus précoce. Les autres signes cliniques incluaient : des fèces de moindre consistance (62 p. cent) avec des diarrhées aqueuses occasionnelles (41 p. cent), un pelage de mauvaise qualité (50 p. cent), une polyphagie (42 p. cent) ou une anorexie (42 p. cent), un état de faiblesse (40 p. cent) et des vomissements (19 p. cent).
77 p. cent des chats atteints d’IPE présentaient une hypocobalaminémie (< 290 ng/L), considérée comme sévère (<150 ng/L) pour 70 p. cent. La concentration en fTLI chez les chats en hypocobalaminémie était significativement plus faible que chez les chats avec une cobalaminémie normale. 47 p. cent des chats présentaient une hyperfolatémie (>21,6 µg/L) au diagnostic. 38 p. cent des chats présentaient conjointement hypocobalaminémie et hyperfolatémie.
Les principaux traitements incluaient : une supplémentation en enzymes pancréatique (83 p. cent), une antibiothérapie (45 p. cent) avec l’emploi du métronidazole seul majoritairement (60 p. cent des chats recevant un antibiotique), une supplémentation en vitamine B12 (49 p. cent) et une corticothérapie (23 p. cent).
La qualité de la réponse thérapeutique a été jugée bonne pour 60 p. cent des cas, partielle pour 27 p. cent et mauvaise pour 13 p. cent. Une concentration en fTLI < 4µg/L et une supplémentation en vitamine B12 sont deux facteurs prédictifs d’une bonne réponse thérapeutique.

Discussion et conclusion

L’IPE chez le chat est souvent considéré comme une séquelle de pancréatite chronique, comme le suggère l’âge médian de 7 ans au diagnostic. Néanmoins, le fait que certains chats recrutés soient très jeunes suggère qu’il existe d’autres causes, les auteurs évoquent l’atrophie, l’hypoplasie ou l’aplasie pancréatique et l’infestation par Eurytrema procyonis (trématode endémique aux États Unis).
La triade (diarrhée, amaigrissement, polyphagie) généralement observée lors d’EPI chez le chien n’est pas si typique chez le chat.
Les auteurs préconisent d’inclure l’IPE dans le diagnostic différentiel de l’amaigrissement chronique ou de l’anorexie sans cause évidente chez le chat.
Cette étude met l’accent sur l’importance de la supplémentation en vitamine B12 lors de l’IPE chez le chat. Même lorsque la cobalaminémie est dans les normes, les auteurs conseillent une supplémentation car le déficit en vitamine B12 au niveau cellulaire est plus précoce que l’hypocobalaminémie.
Modifié le: mardi 18 avril 2017, 14:46