gastroentérologie
CHOLANGIOHÉPATITES DES VACHES LAITIÈRES :
étude de 13 cas
étude de 13 cas
Objectif de l'étude ❚ Décrire l’historique, les examens cliniques et paracliniques, les résultats post-mortem et les traitements mis en œuvre sur des bovins diagnostiqués avec une cholangiohépatite. |
J Vet Intern Med 2017;31:922-27 Cholangiohepatitis in dairy cattle : 13 cases Gomez DE, Doré E, Francoz D, Desrochers A, Pierre H, Fecteau G |
Synthèse par Nicolas Herman, résident ECBHM
(European College of Bovine Health Management) Pathologie des ruminants, Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse
● Les maladies des voies biliaires comme les cholécystites, les cholangites et les cholangiohépatites sont rares chez les bovins, mais peuvent être la conséquence de dommages intrahépatiques ou extrahépatiques.
● Par définition, la cholécystite est une inflammation de la vésicule biliaire, et la cholangite est une inflammation des canaux biliaires. Presque inévitablement, l’inflammation des canaux biliaires diffuse dans le parenchyme par la circulation péri-portale entraînant des lésions de cholangiohépatites.
Matériels et méthodes
● Treize bovins de plus de 3 mois, admis au Centre Hospitalier Universitaire de Montréal ou Prince Edward Island (Canada), entre 1992 et 2012, atteints de cholangiohépatite (histologie après biopsie ou autopsie), sont inclus dans cette étude.
Résultats
● Lors du diagnostic de cholangiohépatite, 6 vaches étaient anorexiques, et 7 avaient un appétit diminué. Un ictère était présent sur 5 des 13 vaches. Parmi les anomalies biochimiques et hématologiques, 6 vaches présentaient une leucocytose (> 12 x 109 cellules /mL), 9 une neutrophilie (> 4 x 109 cellules /mL), 8 une hyperfibrinogénémie (> 5 g/L) et une hyperglobulinémie (> 45 g/L), 10 une hypoalbuminémie (< 30 g/L), et pour 12 vaches, une augmentation des GGT (> 40 UI/L) et pour 8 d’entre elles, une augmentation des ASAT (>127 UI/L). Une hyperbilirubinémie (>14 μmol/L) également notée sur 10 des 13 vaches.
● D’autres maladies, concomitantes à la cholangiohépatite, ont été diagnostiquées : une péritonite (n=3), une photosensibilisation (n=2), une salmonellose (n=2), un déplacement de la caillette (n=2), une glomérulonéphrite (n=1), une pyélonéphrite (n=1), une entérite d’origine indéterminée (n=1) et une bronchopneumonie (n=1).
Une antibiothérapie à large spectre et une fluidothérapie orale et/ou intraveineuse ont été mises en œuvre sur ces vaches.
● Six vaches sont reparties vivantes et 7 ont été euthanasiées.
● A l’autopsie, une augmentation de l’épaisseur de la paroi de la vésicule biliaire, modérée à sévère, a été observée dans 6 cas sur 7. Dans 5 cas, les canaux biliaires étaient obstrués par des adhérences consécutives à une péritonite (réticulo-péritonite traumatique, chirurgie de la caillette, ou d’origine inconnue).
Une pyélonéphrite a été observée sur vache, et sur une autre, une glomérulonéphrite.
Discussion
● La cholangiohépatite peut être une maladie primaire ou secondaire. Chez les bovins sains, la relative stérilité du contenu biliaire est préservée par le flux continu de la bile de la vésicule au parenchyme hépatique, puis le duodénum.
La cholangiohépatite primaire est le résultat d’une altération du flux biliaire entraînant une colonisation bactérienne ascendante des tissus biliaires et hépatiques.
La cholangiohépatite secondaire est le résultat d’une obstruction du flux biliaire par une pression mécanique externe (abcès hépatique, adhérences, tumeur).
● Une cholangiohépatite primaire a été suspectée sur 4 vaches : 2 vaches hospitalisées pour photosensibilisation et 2 vaches avec une péritonite septique aiguë, suspectée d’être secondaire à une altération primaire du flux biliaire à l’origine d’une prolifération bactérienne, et une cholangiohépatite secondaire consécutive aux maladies concomitantes retrouvées sur les 9 autres vaches.
● Bien que non spécifiques, les marqueurs biochimiques d’inflammation et de dommages biliaires ou hépatiques, et hématologiques, sont des éléments essentiels pour le diagnostic de cholangiohépatite. Lorsqu’une cholangiohépatite est suspectée, l’approche diagnostique, bien que très difficile à mettre en œuvre en pratique, devrait inclure une biopsie et une bactériologie hépatiques.
● Le traitement préconisé en médecine humaine consiste à administrer des antibiotique à large spectre avec une excrétion adéquate dans la bile comme l’ampicilline, les TMP-sulfamides, les céphalosporines et les fluorquinolones. Les tétracyclines peuvent aussi être utilisées.
● La durée du traitement devrait au minimum être de 10 à 14 jours.
Conclusion
● Les cholangiohépatites sont des maladies rares chez les bovins. Le diagnostic antemortem est un vrai défi en raison de la non spécificité des signes cliniques et des examens de laboratoire.
● Le traitement initial est un traitement de soutien : antibiothérapie et fluidothérapie. ❒
Modifié le: mercredi 19 juillet 2017, 11:42