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Endocrinologie

endocrinologie


DÉTERMINER LA DURÉE D’ACTION DU PIVALATE DE DÉSOXYCORTICOSTÉRONE
CHEZ LES CHIENS ATTEINTS D’HYPOADRENOCORTICISME PRIMAIRE
Déduire un intervalle de dosage individuel

Objectifs de l'étude
À partir de l’évaluation
du ionogramme, déterminer la durée d’action du pivalate de désoxycorticostérone “DOCP” (commercialisé en France sous le nom
de Zycortal® Dechra) dans le traitement
de l’hypoadrenocorticisme primaire (maladie d’Addison) et en déduire un intervalle de dosage individuel (IDI)
du ionogramme pour chaque chien = Phase 1.
Déterminer si l’utilisation
de cet IDI comme intervalle d’injection du DOCP, permet le maintien
du ionogramme dans les valeurs usuelles, et en cas d’échec déterminer un IDI idéal = Phase 2.
Déterminer si cette stratégie est efficace pour un contrôle au long terme
de l’hypocorticisme (au moins 3 mois) = Phase 3.

J Vet Intern Med
2017, Early View (accepted: 08/2017)
Desoxycorticosterone pivalate duration of action and individualized dosing intervals in dogs with primary hypoadrenocorticism
Jaffey JA, Nurre P, Cannon AB, DeClue AE.











Synthèse par Nicolas Soetart, Assistant hopitalier, Médecine Interne, Oniris, Nantes

Matériel et méthodes

Phase 1 : deux groupes de chiens addisonniens ont été constitués :
- un groupe de chiens naïfs (i.e. jamais traité avec le pivalate de désoxycorticostérone (DOCP), a reçu une injection dont la dose était de 2,1 à 2,6 mg/kg (groupe 1) ;
- un groupe dont les chiens recevaient déjà du DOCP ont été inclus le jour de l’injection dont la dose variait entre 1,4 et 2,4 mg/kg (groupe 2).
Les chiens recevaient par ailleurs de la prednisolone par voie orale.
Ces chiens ont été suivis 30 jours après l’injection, puis tous les 7 jours. La deuxième injection de DOCP n’est intervenue que lorsque l’ionogramme était modifié (hyperkaliémie ou hyponatrémie). La durée d’action du DOCP en était alors déduite.
L’IDI (intervalle de dosage individuel) était défini comme cette durée d’action de moins 7 jours. Les animaux pouvaient alors être inclus pour la phase 2.
Phase 2 :
Les chiens ont été évalués le dernier jour de l’IDI (ou avant s’ils présentaient des signes cliniques) : soit l’ionogramme était normal, l’IDI défini par la phase 1 était alors conservé ; soit l’ionogramme était modifié et un nouvel IDI ajusté (ancien IDI de moins de 7 jours) était déterminé et les chiens revus de nouveau au dernier jour de ce nouvel IDI. Ceci jusqu’à ce que l’ionogramme soit normal au dernier jour de l’IDI, marquant la fin de la phase 2.
Phase 3 :
Pendant au moins 3 mois, les chiens ont été suivis (signes cliniques et ionogramme) à un intervalle correspondant à l’IDI déterminé par la phase 2.

Résultats

Pour le Groupe 1 (n : 24 chiens), la durée médiane d’action du DOCP a été de 62 jours (min : 32 jours, max : 94 jours).
Pour le Groupe 2 (n : 29 chiens) la durée médiane d’action du DOCP a été de 67 jours (min : 41 jours, max : 124 jours).
Neuf chiens sur 36 ont nécessité une réduction de leur IDI au cours de la phase 2. Ces réductions (réalisées en une ou deux fois) ont été de 5 à 42 jours. L’intervalle final médian entre les injections est a été 58 jours (min : 38 jours ; max : 90 jours).
Aucun des chiens inclus dans la phase 3 (n : 15) n’a nécessité de réduction ultérieure de l’intervalle d’injections. La durée de suivi a varié entre 110 à 1285 jours.

Discussion

Cette étude suggère que l’action du DOCP est supérieure à la durée théorique estimée par les modèles pharmacocinétiques. La normalisation des signes cliniques, et du ionogramme chez les chiens addisonniens serait la combinaison de l’effet minéralocorticoïde du DOCP suivi par la restauration des mécanismes physiologiques de compensation. En particulier, l’effet de l’alimentation serait déterminant, les chiens ne pouvant maintenir leur équilibre électrolytique que si l’apport en sodium est adéquat.
Or, dans cette étude, l’alimentation n’a pas été standardisée. De plus, environ 90 p. cent du DOCP est lié aux protéines, or seule la fraction libre est active. La part de DOCP lié pourrait alors jouer le rôle de réserve, et prolonger l’action du médicament.
Pour plusieurs chiens, l’IDI final a été supérieur à 30 jours, alors que la dose de DOCP est inférieure à la dose recommandée par le laboratoire (i.e. 2,2 mg/kg). Cela suggère qu’une combinaison des deux stratégies (diminution de la dose, et prolongement de l’intervalle entre les injections), peut être envisagée. D’autres études sont nécessaires afin de le prouver.
Par ailleurs, les auteurs insistent sur le fait que l’utilisation du seul rapport Na/K pour le suivi du traitement n’est pas envisageable, en effet une hyperkaliémie ou hyponatrémie légère peut passer inaperçue et être délétère pour l’animal.

Conclusion

La stratégie qui vise à adapter le traitement au DOCP (pivalate de désoxycorticostérone) chez les chiens atteints de maladie d’Addison en déterminant la durée d’action du médicament (en contrôlant les chiens toutes les semaines à partir de 25-30 jours après la première injection, jusqu’à observer une hyperkaliémie ou une hypokaliémie), puis en fixant un intervalle entre les injections définie par la durée d’action de moins de 7 jours, semble efficace.
Toutefois, le nombre de chiens suivis sur le long terme est trop limité pour garantir que cette stratégie soit durable pour tous les chiens. Des contrôles réguliers (clinique et biologique) sont donc recommandés.
Modifié le: vendredi 16 février 2018, 15:49