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Uronéphrologie

uro-néphrologie


FRÉQUENCE ET CONSÉQUENCES CLINIQUES D’UNE BACTÉRIURIE
chez des chiens présentant une paralysie chronique


Objectif de l'étude
Évaluer la fréquence
de bactériurie,
ainsi que les signes cliniques et le taux de survie associés, chez les chiens présentant une paralysie chronique.

J Vet Intern Med
The frequency and clinical implications of bacteriuria in chronically paralyzed dogs.
Baigi SR, Vaden S, Olby NJ








Synthèse par Paul Garnier
Interne en clinique des animaux de compagnie, VetAgro Sup, Lyon



Les atteintes de la moelle épinière augmentent le risque d’infection du tractus urinaire en raison d’un défaut de vidange du bas appareil urinaire. Ce risque peut également être engendré par cathétérisation urinaire à demeure ou à répétition.
Le diagnostic et le traitement sont essentiels, afin d’éviter la survenue de pyélonéphrite, ou encore de septicémie. Cependant, un nombre élevé de bactériurie est asymptomatique, ce qui soulève la question de l’antibiorésistance en cas d’antibiothérapie abusive.
Une infection du tractus urinaire chez le chien peut être évoquée suite à l’observation de bactéries au delà d’un certain seuil ( > 105 CFU/mL) associée une dysurie, une hématurie, une strangurie, une pollakiurie, ou encore, des urines nauséabondes.

Matériel et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective menée sur des chiens (étude sur les affections de la moelle épinière entre 1999 et 2016). L’affection devait être présente depuis plus de 3 mois, la nociception ou la reprise de la démarche absente, et au moins une culture urinaire réalisée, pour que le chien soit inclus dans l’étude.

Résultats

Quarante-sept chiens ont été inclus dans cette étude. La cause la plus courante de paraplégie était l’hernie discale (38 / 47), suivie par la fracture, ou la luxation vertébrale, les dernières causes étant indéterminées. Vingt-deux (respectivement 13) chiens présentaient une (respectivement plusieurs) culture(s) urinaire(s) positive(s), avec une prédominance d’E.Coli (34,8 p. cent) parmi les 14 germes différents rencontrés.
Aucune différence significative n’était rapportée entre le résultat de la culture urinaire et la présence d’une hyperthermie ou la turbidité des urines. La pyurie était significativement associée aux cultures urinaires positives.
L’analyse statistique entre la bactériurie et le taux de survie ne montre pas d’association significative, mais l’ensemble des données disponibles reste faible (8 morts sur 35 suivis).

Discussion / Conclusion

L’incidence de la bactériurie était de 75 p. cent dans cette étude avec une prédominance d’infections à E. Coli ce qui est en accord avec de précédentes études.
De la même façon que chez l’homme, les organismes les plus fréquemment rencontrés étaient : E. Coli, Enterococcus spp., Staphylococcus spp., Klebsiella spp. et Proteus spp.
Contrairement à la médecine humaine, l’hyperthermie n’est pas liée à une infection du tractus urinaire, mais plutôt à une pyélonéphrite. Il en est de même pour la turbidité des urines qui peut être liée à la présence de cristaux, de mucus ou de lipides. Cependant, la pyurie est à relier à une infection. Il serait intéressant chez le chien de rechercher une léthargie, une augmentation de la fréquence de cathétérisation, ou un inconfort mictionnel ou lors de la palpation, afin de s’orienter vers une infection du tractus urinaire.
Aucune différence significative entre le taux de survie des chiens paralysés et la présence d’une bactériurie ou non n’a été notée. Aucun des chiens n’est mort d’une septicémie, au contraire des études menées chez l’homme, pour lequel l’infection du tractus urinaire est la cause la plus fréquente de septicémie en cas de paralysie. Cependant, le nombre de cas morts dans cette étude était faible, ce qui compromet la fiabilité de ces résultats.
Il est important de savoir quand une bactériurie est une infection avérée ou non, afin de ne pas traiter à tort l’animal. Aucun consensus n’existe sur la définition de l’infection du tractus urinaire, mais en cas de bactériurie subclinique, aucun traitement antibiotique n’est préconisé. Toutefois, se pose la question de la prévention d’une éventuelle septicémie ou pyélonéphrite face au risque de créer une antibiorésistance. Des études prospectives ultérieures sont nécessaires, afin d’étudier l’intérêt de l’antibiothérapie.
Modifié le: vendredi 7 décembre 2018, 16:01