Il y a peu de temps encore, la laparotomie exploratrice était enseignée comme une science et un art. Ouvrir comme un livre un animal de compagnie du sternum au pubis et y lire dans les viscères exigeaient du chirurgien de la méthode et de l’expérience,
du talent peut-être. Nombre de carnivores domestiques lui ont dû leur survie à une époque où les techniques d’examens d’imagerie n’avaient pas encore connu l’essor qui est le leur aujourd’hui.
Mais aussi sûrement que l’ère du numérique a remisé le pigeon voyageur au magasin des accessoires de communication, les techniques d’imagerie modernes ont inexorablement restreint l’attrait des interventions chirurgicales exploratoires. En effet, au cours des dernières années, les imageurs se sont astreints à développer des techniques d’exploration pour aller fouiller au tréfonds du sujet aussi subrepticement que possible, modifiant ainsi significativement les approches diagnostiques et thérapeutiques. Quel que soit l’attachement que l’on puisse avoir pour des techniques qui ont fait leurs preuves, il est temps d’admettre que l’invasif n’est plus de mise et que l’échographie, le scanner, l’IRM, la scintigraphie ou l’endoscopie offrent des informations pré ou per opératoires précieuses, au triple bénéfice du patient, de son propriétaire et du chirurgien. Ce numéro hors série du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine-féline en fait une brillante démonstration.
Pour le patient, le geste chirurgical est mieux ciblé, potentiellement moins invasif, limitant de ce fait les dégâts tissulaires et la douleur, optimisant la récupération fonctionnelle. Pour son propriétaire, le bilan lésionnel pré opératoire est plus précis permettant à la fois d’affiner le diagnostic et de fonder le pronostic sur des données objectives.
Pour le chirurgien, la facilité et le résultat d’une intervention sont souvent fonction des informations pré opératoires accessibles. Elles permettent en effet de légitimer l’acte opératoire, d’imaginer l’abord le mieux adapté et de préparer le geste chirurgical en toute connaissance des lésions à traiter. La prédiction des résultats opératoires en est également facilitée. Les techniques d’imagerie modernes, qu’elles soient au service des chirurgies oncologique, neurologique ou cardiovasculaire comme présentées ici, aident le chirurgien en ce sens, restreignant les incertitudes pré opératoires et améliorant la qualité de l’acte.
La chirurgie vétérinaire a fait de prodigieux progrès au cours des dernières années.
On pourrait imaginer que ces progrès résultent du seul génie opératoire. Il n’en est rien. Ce génie est certes grand, du moins selon les chirurgiens, mais il est aussi servi par la qualité des images mises à leur disposition par leurs collègues imageurs. Que ces derniers en soient remerciés ici.
Mais quelles peuvent-être la fiabilité et la pertinence d’une image sortie de son contexte ? C’est une question à laquelle chacun de nous est confronté, dans son exercice professionnel comme au quotidien. En chirurgie, sachons profiter de la richesse des informations offertes par les techniques d’imagerie modernes mais n’oublions pas également de conserver la distance critique nécessaire lorsque l’image est en dissonance avec le contexte clinique qui, bien souvent, prévaut. Et puis, il est des cas où l’incertitude diagnostique est directement proportionnelle au trop grand nombre d’examens complémentaires pratiqués.
En cas de doute, et dans le contexte économique de la chirurgie vétérinaire, il peut être parfois judicieux d’ouvrir et de voir ... ❒