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18 janvier 202 2h 00 : “Allo, venez vite, ma meilleure jument pleine du champion Sea The Stars (prix de saillie 150 000 €), vient de pouliner cette nuit à 3 jours de son terme, c’est la cata ! On avait vu hier soir que ça semblait se préparer, et on la surveillait, ça s’est enclenché vers 1 h 30 ... mais pas comme d’habitude. Elle a fait un redbag, on a géré en ouvrant immédiatement la poche, mais elle a cessé de pousser et s’est laissé tomber, on a tiré le poulain, la mère respirait de plus en plus vite et elle est morte en même temps que nous sortions complètement la pouliche ! ... La pouliche est toute bizarre, toute mollassonne ; en plus, elle a les postérieurs tout tordus. Venez vite, il faut voir si elle a des chances un jour de courir et, le cas échéant, si on peut essayer de la sauver, vue sa valeur”.
Comment aborder et prendre en charge un poulain faible ? Que penser de ses défauts d’aplomb et quelle décision prendre ? Comment gérer sur le terrain une réanimation cardiorespiratoire qui semble a priori justifiée sur cette pouliche du fait d’un désengrènement utéroplacentaire précoce ? Cela est peut-être compliqué d’un processus septique contracté in utero (une hypothèse placentite n’est pas à exclure) ? On peut espérer que le haras dispose d’une banque de colostrum ; en tout début de saison, ce n’est cependant pas toujours le cas. Aussi, disposer d’un plasma riche en immunoglobulines peut être une solution du plus grand intérêt, mais cela est plus complexe qu’il n’y paraît et que les flyers publicitaires des producteurs et fournisseurs tous étrangers le laissent croire... L’importation, de manière légale de ce type de produit, est complexe et nécessite une large anticipation, voire une véritable organisation de la profession en France. Et si le poulain survit, comment assurer ses apports nutritifs ? Le recours à une jument nourrice se révèle t-il une solution à moyen terme pour prendre le relais des biberons à administrer toutes les heures ?
La gestion en ambulatoire de ce type de situation, avant même d’envisager une hospitalisation est un véritable défi, d’autant que, fort heureusement, ce n’est pas dans toute clientèle un acte routinier car de telles situations sont ponctuelles. Pour nous aider à répondre à tous ces aspects, nous sommes heureux que Le NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine nous propose une actualisation des données en la matière, alors que la saison des poulinages débute. En cette saison 2021, les poulains auront d’autant plus de valeur que leur nombre sera sans doute nettement réduit (5,5 p. cent de juments saillies en moins en France toute race confondue en 2020*, et presque 6 p. cent de moins pour produire en race de course** : cela fait sans doute partie des effets collatéraux du confinement printanier ?
Depuis la naissance en 2004 du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine, un numéro Hors-série Néonatalogie chez les équidés et un dossier ont été consacrés au poulain. Le dossier qui s’ouvre à nous aujourd’hui arrive à point nommé pour rafraîchir et actualiser la plupart des données. ❒
NOTES * Données Sire au 15 décembre 2020 : 67 235 juments enregistrées saillies au 15 décembre 2020 contre 71 410 en 2019. ** Pour produire en race de course (Trot et Galop : 23 730 juments enregistrées saillies contre 25 218 en 2019).
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