éditorial




La force nouvelle

de la néphrologie vétérinaire

est de regrouper ses compétences

pour confronter les points de vue,

les expériences afin de permettre

à chacun d’entre nous

d’apporter les soins les plus adaptés ...


?


Dominique Péchereau

Clinique Vétérinaire
55, avenue Jean Mermoz
64000 Pau


Ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline est consacré aux maladies rénales chroniques et non à l’insuffisance rénale chronique. Ce choix est bien plus que sémantique, il est le reflet fidèle de l’évolution de la néphrologie canine et féline depuis plusieurs années, et indique les prémices de son futur. De nombreuses maladies rénales peuvent en effet, aboutir à une insuffisance rénale chronique, les connaître, les identifier permet de mieux apprécier les conséquences qu’elles entraînent et d’adapter le traitement. Et, classique confirmation, néphrologie canine et féline révèlent, au fil des pages, similitudes et différences. Le diagnostic différentiel initial consiste à essayer de déterminer si le malade a une atteinte glomérulaire, tubulaire, interstitielle sur la base de l’examen clinique, de l’analyse d’urine, de l’évaluation de la protéinurie et d’examens de biochimie plasmatique. Pour affiner le diagnostic et le pronostic, le clinicien aura aussi recours à des analyses sérologiques, à la mesure de la pression artérielle, à des examens d’imagerie médicale comme l’échographie, voire le scanner, l’I.R.M., la scintigraphie et à la biopsie rénale. Mais pour quelles raisons ferions-nous autant de recherches diagnostiques et ne pas nous satisfaire du diagnostic d’insuffisance rénale chronique ?

La néphrologie vétérinaire, et c’est là sans doute sa force nouvelle, a su depuis une dizaine d’années regrouper ses compétences pour confronter les points de vue, les expériences afin de permettre à chacun d’entre nous d’apporter les soins les plus adaptés. Deux exemples illustrent cette évolution : les travaux du groupe I.R.I.S.* (L’International Renal Interest Society), et plus récemment, la création d’un groupe d’études sur les biopsies rénales sous l’égide de la W.S.A.V.A. L’I.R.I.S. (www.iris-kidney.com) qui est composé d’un groupe international d’experts reconnus par tous. Ces experts ont établi une classification de l’insuffisance rénale à l’instar de celle qui est appliquée chez l’Homme.

Cette classification que vous retrouverez dans ce numéro, nous donne des stades de gravité et des facteurs péjorants comme l’hypertension artérielle et la protéinurie. Elle permet de parler le même langage, de pouvoir comparer les études publiées et de les analyser avec justesse, afin d’établir un socle commun pour les recherches futures. On voit “apparaître” un stade I, stade initial au cours duquel le tissu rénal est endommagé par une affection primaire mais dont les mécanismes rénaux compensateurs masquent à la fois le mécanisme causal et ses effets sur l’animal (il est cliniquement sain !). La notion de dépistage précoce est enfin reconnue et valorisée. Elle laisse entrevoir des traitements précoces, une véritable prévention.

Cette notion, vous la retrouverez dans différents articles de ce numéro.


Le deuxième projet, après de longues discussions, vient de naître, simultanément en Amérique du nord, en Asie et en Europe. Il consiste en l’étude systématique de biopsies rénales avec recours à l’histologie classique mais aussi à l’immunofluorescence et à la microscopie électronique par des laboratoires de référence.

En Europe, le laboratoire de référence est celui de l’université d’Utrecht. Il devrait permettre, comme cela a été le cas en hépatologie, non seulement d’interpréter les biopsies de la même façon, en fournissant dans quelques années un guide de lecture, mais aussi d’accroître les informations obtenues. Ceci devrait donc permettre de mieux comprendre les mécanismes lésionnels rénaux et, par là même, d’envisager des traitements plus ciblés.


L’autre avancée de la néphrologie, c’est la publication récente d’études cliniques, souvent multicentriques, permettant de mieux connaître les facteurs de risque, qui sont repris dans la classification I.R.I.S., mais aussi de juger de la véritable efficacité des différents traitements à notre disposition. Vous le constaterez, elles ont servi de socle aux auteurs pour vous fournir des informations tout à fait actualisées, et analysées avec justesse.

La notion d’une prise en charge individualisée sur des bases reconnues par tous se dessine ainsi... Comme pour beaucoup d’autres spécialités médicales, la néphrologie se nourrit du partage des connaissances et de la mise en commun des énergies.

Ce numéro a été conçu en essayant d’être fidèle à ses principes, en espérant que vous vous joindrez à la communauté des passionnés du "rein", pour procurer une longue vie aux chiens et aux chats insuffisants rénaux.



NOTE

*cf article ”La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques”

de H-P Lefebvre et J-L Pouchelon p. 14.





Sauter N°36, volume 7, 2008

N°36, volume 7, 2008

Sauter sommaire

sommaire

 
Éditorial par Dominique Péchereau
Test clinique - Une lésion unilatérale de l’œil gauche : tubulopathie liée à une leptospirose Colette Arpaillange
Actualités - Cas de rage en France : du Maroc à la Seine-et-Marne en passant par… Bernard Toma

CANINE - FÉLINE
- Comment reconnaître les affections rénales responsables d’insuffisance rénale chronique chez le chien Christelle Maurey-Guenec
- La classification IRIS des maladies rénales chroniques des carnivores domestiques
Hervé P Lefebvre, Jean-Louis Pouchelon
- Comment réaliser un diagnostic des maladies rénales chroniques asymptomatiques chez le chien et le chat
Brice Reynolds, Catherine Layssol-Lamour, Cathy Trumel, Hervé P. Lefebvre
- Les maladies rénales chroniques : choix, intérêt et interprétation des examens complémentaires
Mélanie Pastor, Marion Hugonnard
- Imagerie médicale - L’imagerie médicale dans le diagnostic des affections rénales chroniques chez le chien et le chat Laurent Marescaux
- Imagerie médicale - La biopsie rénale : intérêt et limites Colette Arpaillange, Jérôme Abadie, Arnaud Dorizon
- Conduite thérapeutique dans les affections rénales chroniques chez le chien et le chat
Dominique Péchereau


FÉLINE
- Particularités des affections rénales chroniques dans l’espèce féline
Christelle Maurey-Guenec
-
Diagnostic et traitement de l’hypertension artérielle systémique chez le chat
François Serres, Valérie Chetboul, Carolina C. Sampedrano, Vassiliki Gouni, Jean-Louis Pouchelon

RUBRIQUES
- Nutrition - Comment adapter le régime alimentaire lors d’une insuffisance rénale chronique chez le chien et le chat Lucile Martin
- Chirurgie - Conduite à tenir devant une luxation traumatique de la hanche chez le chien et le chat
Jean-Guillaume Grand, Stéphane Bureau
- N.A.C. - Les hémoparasites chez le furet, les rongeurs, les reptiles, les amphibiens et les poissons
Didier Boussarie

MANAGEMENT ET ENTREPRISE
- Présentation par Philippe Baralon
- Reportage - Les cliniques vétérinaires aux états-Unis : trois modes d’exercice en Floride Christophe Hugnet

Test clinique - Les réponses