L'augmentation progressive de la durée de vie des chiens et des chats que nous soignons va de pair avec une évolution parallèle du “marché” des substances qui revendiquent une activité dans la lutte contre le processus arthrosique du chien* . Comme l’arthrose du chat existe, mais reste peu connue, la médicalisation du chat arthrosique représente un champ supplémentaire de “développement” potentiel.
Il n’est pas toujours facile de savoir comment prendre en charge les animaux arthrosiques de manière pertinente, en les faisant bénéficier de l’avancée des connaissances. La pléthore de produits disponibles, qui répond à cette approche “marketing” de l’affection peut, à juste titre, perturber le praticien. Sans méconnaître l’intérêt financier d’une juste médicalisation associée à la fidélisation de la clientèle, comment éviter de se laisser influencer par certains discours exagérément optimistes tenus par certains vendeurs de produits aux potentialités discutables sur un plan strictement scientifique ?
Ce dossier du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline a pour but de faire le point sur la question, grâce aux onze articles qui le constituent.
De nombreuses avancées ont été effectuées dans la connaissance physiopathologique du processus arthrosique. L’article consacré à ce sujet est une synthèse remarquable de données multiples et complexes, qui permet de comprendre l’installation, le développement progressif et auto-entretenu du processus, la mise en place des lésions ainsi que d’entrevoir les nouvelles pistes thérapeutiques.
La description du contexte épidémiologique et symptomatologique du phénomène arthrosique permet de comprendre sa forte prévalence, sa traduction et son évolution variable en fonction des individus, l’absence de concordance systématique entre la gravité des signes radiographiques et la traduction clinique, la modification du contexte clinique, entre l’arthrose en phase débutante (douleur épisodique) et l’arthrose en phase avancée (douleur chronique, à seuil permanent, avec des pics algiques).
Chez le chat, les signes cliniques de l’arthrose sont d’une telle discrétion que pendant longtemps, on a pensé que cet animal était peu concerné par ce type d’affection. Il n’est est rien, et le diagnostic de l’affection, comme sa prise en charge, relèvent de l’éthique et des bonnes pratiques thérapeutiques.
Même si les autres procédés d’imagerie (arthroscopie, échographie, scanner, IRM) voient leur utilisation progresser dans le cadre de l’exploration articulaire, c’est sur l’examen radiographique que repose toujours le diagnostic de l’arthrose. Outre la description de la “triade arthrosique” classique (ostéophytose, condensation de la plaque osseuse sous-chondrale, pincement de l’interligne articulaire), l’article correspondant envisage les modifications radiogra- phiques spécifiques concernant les principales articulations concernées.
Le traitement de l’arthrose repose sur une prise en charge multimodale, qui conjugue un traitement médical (lutte contre la douleur et l’inflammation, limitation de la dégradation du cartilage), un traitement hygiénique (lutte contre le surpoids, exercice physique adapté, physiothérapie), et dans certains cas, un traitement chirurgical à visée prophylactique ou palliative. La nouveauté, dans ce domaine, est la prise de conscience que l’animal arthrosique doit faire l’objet d’un protocole thérapeutique sur le moyen et le long terme.
La prise en charge de la douleur chronique permet d’améliorer considérablement l’état d’individus, dont les modifications de comportement étaient faussement rapportés à la détérioration “naturelle” de la qualité de vie, mise sur le compte du vieillissement. La multiplication des produits qui revendiquent une activité “chondroprotectrice” implique de connaître les limites de leur efficacité, ainsi que la différence entre propriétés mises en évidence in vitro, démonstrations d’efficacité clinique sur effectifs réduits, et résultat des méta-analyses à grande échelle.
L'arthrose reste une affection qui ne guérit pas. Bien mené, un traitement permet d’améliorer sur le long terme, le confort de vie des animaux affectés. L’adhésion des propriétaires, au long cours, ne peut être obtenue que si l’équipe médicale est motivée, convaincue, et peut fournir des informations répétées, encourager l’observance thérapeutique, en expliquant d’emblée que l’amélioration de l’animal n’est pas toujours linéaire. Une communication claire avec le client, avec des termes techniques faciles à comprendre, la rédaction d’une ordonnance précise, la mise en place de modalités pertinentes de suivi sont indispensables. ❒
NOTE
* Ce “marché” est encore extensible si l’on prend en compte les études comparatives qui montrent que, dans notre pays, l’arthrose reste notablement sous-diagnostiquée, et sous-médicalisée, par rapport à ce qui se passe dans la plupart
des pays d’Europe de l’Ouest et aux États-Unis d’Amérique.