Dans le dossier Ruminants de ce 1er numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé sont développés différents aspects cliniques, physiopathologiques et de maîtrise des troubles du peripartum, articulés autour de deux entités majeures, les mammites et les non délivrances.
La mise bas s'accompagne en effet de très profonds bouleversements physiologiques, caractérisés bien évidemment par la naissance du veau, par l'expulsion des enveloppes fœtales, mais aussi par le démarrage de la lactation. Le climat hormonal est fortement modifié dans les quelques jours qui entourent la mise bas. La demande en nutriments, nécessaires à la production de lait, s'accroît de façon considérable. Les modifications induites concernent, outre l'utérus et la glande mammaire, l'appareil digestif 2. Ce contexte est favorable à l'expression d'un grand nombre de troubles qui se manifestent ou sont initiés dans les deux semaines après la mise bas : rétention placentaire, fièvre de lait, cétose, déplacements de la caillette, mammites. Des causes alimentaires sont directement à l'origine des fièvres de lait, des cétoses avec en résumé l'incapacité des vaches atteintes à maintenir leur homéostasie face, respectivement, à des bilans calciques et énergétiques négatifs. Par ailleurs, des facteurs nutritionnels interviennent également, de manière indirecte via l'immunité, dans la sensibilité aux maladies à composante infectieuse, et jouent un rôle dans l'apparition de troubles d'origine com- plexe tels que les rétentions placentaires, les œdèmes mammaires et les déplacements de la caillette 3. La gestion de l'alimentation dans les trois dernières semaines de gestation et dans les six semaines post-partum (qualifiée de transition period par les anglo-saxons) constitue un des leviers majeurs de la prévention des troubles cliniques 1.
Ce dossier propose un ensemble d’informations issues des plus récentes études françaises et étrangères, consacrées à l’ensemble des affections qui se développent dans cette période du peripartum. Elles intéressent en premier lieu les mammites. Les mammites aiguës du post-partum constituent une dominante pathologique dont l’importance ne cesse de croître chez les bovins (article de X. Berthelot et coll.). En symétrique, chez la brebis, sont rapportés les résultats diagnostiques et thérapeutiques sur des mammites aiguës en post partum (article de D. Bergonier et coll). Un point bibliographique est réalisé sur la réponse immunitaire de la vache en péripartum, facteur de développement des infections mammaires et utérines (article de G. Foucras et coll). L'efficacité des traitements préventifs des nouvelles infections mammaires est dis- cutée (article de N. Bareille et coll). La non délivrance dans l'espèce bovine est abordée sous forme d'une revue de synthèse (article de N. Hagen et coll), et sous l'angle d'une enquête de terrain dans l'ouest de la France (article de Ph. Le Page et coll). La gestion des risques de maladies métaboliques est envisagée, à la lumière d’actualités bibliographiques, sous l'angle original de la durée de tarissement (article de F. Enjalbert). Un cas de clinique collective est consacré à un syndrome de céto-stéatose avec mortalité sur vaches laitières (article de D. Raboisson et coll). Les aspects médico-chirurgicaux individuels ne sont pas oubliés, avec une revue des accidents de vêlage et des techniques de réparation (article de S. Assié et coll). En résumé, ce dossier, évidemment non exhaustif, aborde plusieurs aspects sanitaires importants du peri-partum, aussi bien dans les systèmes laitiers qu'allaitants, sous des éclairages explicatifs et de conduites à tenir pratique. Le souci de rigueur scientifique est constamment affiché non seulement dans les articles de synthèse mais aussi dans les articles d'observations cliniques.
L’actualité de ces derniers mois a été indubitablement marquée chez les oiseaux par la progression épizootique de la peste aviaire de l’Asie vers l’Europe occidentale. Deux articles y sont consacrés avec une mise en perspective du risque zoonotique, et un rappel sur le diagnostic différentiel de la peste du canard, bien présente en France, et mieux connue dans notre pays grâce aux travaux de l’équipe qui a rédigé la mise au point (J.-L. Guérin école). Gageons que pour les praticiens et les étudiants, ces publications seront lues, dès la réception de la revue avec un plaisir et un attrait majeurs, et qu'elles constitueront un fond de référence sur les thèmes abordés.
Références 1. Cook et Nordlund. Vet Clin North Am 2004;20:xi. 2.Goff et Horst J. Dairy Science 1997;80:1260. 3. Goff et al J. Dairy Science 2006, 89, 1292.
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