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En saison de monte, le vétérinaire gynécologue équin est soumis aux nombreuses interrogations de ses clients, surtout en ces périodes difficiles. La fameuse crise économique rend les gens soit inquiets et suspicieux, soit rêveurs pour oublier leurs soucis. La filière cheval n’est pas épargnée. Le désengagement de l’État qui frappe l’institution des Haras nationaux*, va donner un nouveau visage au paysage de la reproduction équine. Un marché peut s’ouvrir aux vétérinaires gynécologues équins, ou plutôt, ils peuvent occuper une place dans ce paysage.
Occuper une place ou réaffirmer sa position dans une filière, c’est avant tout, pour un professionnel, s’imposer comme un élément indispensable, donc mettre en avant sa compétence et s’appuyer sur elle pour devenir incontournable. “Docteur, j’ai réservé une saillie de l’étalon X, mais ils ne me fournissent que deux paillettes qui ne m’appartiennent pas, comment pouvons-nous faire ?” ; “Docteur, ma jument va en monte en main à l’étalon Y, (vous comprenez les doses limitées, ça suffit, cela me coûte cher et elle ne remplit pas bien), mais je n’ai droit qu’à un seul saut par chaleur, comment pouvons-nous faire ?” ; “Docteur, cette année, je choisis un étalon disponible en réfrigéré transporté, vous m’avez dit que la fertilité était meilleure et que les frais étaient moindres, mais comment fait-on avec les jours fériés ?” Autant de questions que de cas particuliers. Tiraillé entre les réalités économiques, les contraintes techniques et physiologiques de la reproduction, les effets de mode et de marketing (ce qui est rare est cher !), et la fertilité intrinsèque de la jument et de l’étalon, …, l’éleveur interroge le vétérinaire, qui répond aux interrogations et gère les situations.
Son expertise et sa capacité d’analyse doivent permettre de proposer le bon conseil, et d’appliquer la bonne technique au bon moment. Il avertit l’éleveur quand les contraintes commerciales, les réalités économiques et les effets de mode, sont en désaccord avec les données scientifiques : même au plus haut de la corne utérine, le spermatozoïde et l’ovocyte ne font pas toujours bon ménage et la jument vide coûte toujours trop cher ! Or, les doses pour les étalons à la mode tendent à se raréfier.
Avec ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE équine tourné vers la reproduction équine, la rédaction de NÉVA souhaite offrir au praticien un ensemble d’articles pour faire le point sur les techniques d’inséminations, en précisant le cadre de leur mise en œuvre : de la technique classique à la mise en place plus sophistiquée, de mini-doses, en insémination “profonde” ou sous endoscopie. En effet, via le devenir incertain des centres techniques des Haras nationaux, des centres de mise en place qui ne doivent pas être agréés, et le retour massif à l’utilisation du sperme frais et réfrigéré transporté pour une partie croissante de la jumenterie, le praticien est sollicité pour assurer l’encadrement technique et sanitaire de la production de dose de sperme frais ou réfrigéré, ou/et pour gérer la reproduction de jument qu’il insémine à la clinique. Des fiches techniques complètent les informations sur la fabrication de doses de sperme frais et de sperme réfrigéré, et sur la gestion de la commande et des différents types de doses de sperme disponibles sur le marché. Le témoignage de notre consœur Élodie Chollet sur la création de sa structure d’insémination équine, au sein de sa clinique donne l’occasion aux lecteurs de mieux appréhender un tel projet. Les ânes ne sont pas oubliés, avec la gestion de leur monte (“pas toujours express”). Comme chaque stud-book établit ses règles sanitaires pour la mise à la reproduction dans sa race, les règles actuellement applicables aux juments sont présentées dans la rubrique Réglementation. Ce dossier spécial “Mise à la reproduction”, est à laisser sur la table de chevet ou sur la table de jardin où vous faites la pause. Les informations qu’il apporte vont vous permettre de mieux vous affirmer comme un maillon indispensable et incontournable de la chaîne de la fertilité équine.
* NOTE : Le nouvel institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et le futur groupement d’intérêt public (GIP) “France-Haras” voient le jour.
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