Dans certains pays européens comme la Suède, la stérilisation de convenance des animaux de compagnie, considérée comme une mutilation, est interdite. En France, ces interventions ne sont pas encore regardées sous cet angle, même si la société évolue doucement vers la prise en compte de plus en plus affirmée de nouvelles valeurs éthiques tournées vers le bien-être animal.
Les praticiens l'ont remarqué, les propriétaires demandent moins souvent s'il est nécessaire pour leur femelle d'avoir au moins une portée au cours de sa vie pour être parfaitement épanouie. En revanche, ils s'inquiètent davantage du caractère irréversible de l'ovariectomie ou de la castration chirurgicale et du niveau de risque qu'elle fait courir à leur animal. Ils s'interrogent sur la pertinence de l'intervention, se demandent si elle est vraiment indispensable, et sont conscients qu'ils la souhaitent avant tout pour répondre à des impératifs de confort personnels. Ce n'est pas tout à fait vrai, puisque la sécrétion des hormones sexuelles expose les mâles comme les femelles à un certain nombre d'affections, telles que les métrites post-œstrales ou l'hyperplasie bénigne de la prostate, des maladies qui n’apparaissent pas chez l’animal stérilisé.
Le vétérinaire est donc de plus en plus souvent sollicité pour fournir des solutions alternatives à la stérilisation chirurgicale, et pour prescrire des moyens de contraception réversibles et sans séquelle sur la fonction de reproduction. Or, les moyens à la disposition du praticien pour contrôler médicalement la fonction de reproduction sont relativement limités.
De nouveaux médicaments, tels que les implants de desloréline, un agoniste de la GnRH, semblent offrir de nouvelles possibilités. Commercialisés en Europe en 2008, ces traitements commencent à être mieux connus et leurs effets mieux délimités. Il en découle des utilisations envisageables qui vont bien au-delà de l'AMM, avec un recul de plus en plus documenté sur les effets, bénéfiques ou défavorables, à en attendre. Par ailleurs, les perspectives s'élargissent en matière de stérilisation chimique, réversible ou non avec, par exemple, l'émergence d'études centrées sur les implants de mélatonine, sur l'immunocontraception ou sur l'injection intratesticulaire de produits sclérosants.
En matière de stérilisation chirurgicale, la vasectomie, qui provoque l’infertilité définitive du mâle sans altérer la sécrétion des hormones sexuelles, peut s’avérer utile dans cer- taines indications. Or, cette méthode, pourtant connue depuis longtemps, est peu utilisée et la technique opératoire en est généralement moins bien maîtrisée par le praticien que les méthodes conventionnelles d’ablation des gonades. Un article de ce dossier présente un rappel du manuel opératoire de cette intervention chez le chien.
De même, l’âge optimal auquel pratiquer la stérilisation du jeune animal, qui découle des interrogations plus générales autour de l’éthique et du bien-être animal, est actuel- lement discutée par plusieurs instances, dont les organisations ordinales. Un point sur les avantages et les limites de la stérilisation précoce permet à chacun d'en comprendre les enjeux.
Avec ce dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine-féline vous prendrez connaissance des possibilités offertes par les traitements disponibles, nouveaux et anciens, en cernant leurs avantages et leurs limites sous l'angle de la médecine factuelle. En disposant d'une information éclairée, nos clients seront à même d'effectuer un choix adapté à leur mode de vie et à leurs contraintes personnelles, dans le respect de l'animal. Nous vous en souhaitons une bonne lecture ... ❒