Chères lectrices, chers lecteurs, il y a 20 ans, nous vous livrions le N°1 du NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire. “Nous”, une poignée de passionnés, acquis aux vertus de la formation continue par l’écrit.
L’écrit permet en effet à chacun de “se poser“ quand il le veut ou le peut, de lire, de se concentrer sur un sujet pour acquérir des connaissances et des informations rigoureuses qu’il peut mémoriser et utiliser dans sa pratique quotidienne.
LE NOUVEAU PRATICIEN Vétérinaire (devenu NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire canine-féline, lors du lancement de ses revues sœurs, NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire équine et NOUVEAU PRATICIEN vétérinaire élevages et santé) met à disposition des vétérinaires une revue organisée en dossiers thématiques d’une douzaine d’articles par numéro (20 à 30 dans les Hors-série) permettant de cerner les aspects essentiels d’un sujet et comprenant un cahier dédié spécifiquement au chat.
Lorsque nous avons lancé ce concept éditorial novateur, quelques uns se demandaient comment nous allions “tenir” cette ligne éditoriale, et décliner ainsi un sujet par numéro. Mais, tout comme la médecine humaine, la médecine vétérinaire est si riche que nous n’avons cessé de labourer ce champ de connaissances et nous n’avons pas fini, celui-ci s’élargissant sans cesse ...
Nous l’avons fait et continuons avec la volonté de développer une compétence adaptée aux situations sanitaires, économiques, sociales, et éthiques propres à l’espace francophone européen.
Dès son lancement, par ses articles illustrés et soigneusement mis en forme pour une lecture agréable, apportant une formation solide et proposant plusieurs niveaux de lecture avec des rubriques comme “essentiel”, “en pratique”, “gestes et gestion”, LE NOUVEAU PRATICIEN a conquis un large lectorat.
Cette revue a également séduit plusieurs centaines d’auteurs qui ont nourri, par leurs articles issus de l’expérience de terrain, 86 numéros (dont 11 hors-série de 100 à 164 pages chacun) ; nous sommes fiers d’avoir ainsi accueilli aussi bien de jeunes auteurs faisant leurs premiers pas dans la formation postuniversitaire que nombre de praticiens et d’enseignants chercheurs souhaitant faire bénéficier la communauté vétérinaire de leurs connaissances et de leur expérience.
La qualité des connaissances ainsi partagées est garantie par la relecture assurée avec bienveillance, célérité et rigueur par l’ensemble des lecteurs arbitres, des comités de lecture et de rédaction.
Je tiens à les remercier très sincèrement pour leur implication désintéressée et efficace.
Au fil des années, LE NOUVEAU PRATICIEN est ainsi devenu une bibliothèque vivante où tous les étudiants et les praticiens peuvent puiser des connaissances nouvelles, approfondir celles acquises lors de leur formation initiale ou celles entrevues lors de congrès et journées de formation.
Lectrices et lecteurs peuvent ainsi continuer à profiter des tout premiers numéros parus comme des plus récents*. Les lecteurs nous disent en effet souvent que nos “dossiers sont indémodables” ! Car si chaque numéro s’attache à mettre en exergue les nouveautés diagnostiques et thérapeutiques, celles-ci évoluant avec les années, chacun d’eux expose des informations pérennes, notamment la démarche diagnostique et thérapeutique, le choix des examens complémentaires, les éléments de diagnostic différentiel, ... à mettre en œuvre dans une situation donnée.
Un défi doit être relevé aujourd’hui pour continuer à parcourir le chemin ouvert il y a 20 ans : lutter contre le mythe de l’information gratuite versus la formation validée.
Ce défi se révèle plus complexe à appréhender dans le contexte d’une crise systémique qui ne fait que s’accentuer avec celle de la COVID 19.
Durant ces deux dernières décennies, le paysage de l’information (scientifique, technique et professionnelle notamment) s’est profondément transformé. Les publications et les formations “gratuites”, aux sources mal identifiées, non validées, se sont multipliées et sont venues concurrencer des systèmes de publication soucieux de garantir la pertinence et la véracité des connaissances. Ainsi, nombre de revues francophones ont cessé de paraître, sans pouvoir être remplacées au plan de l’écrit, ou de tout autre moyen de diffusion.
L’abandon du réflexe abonnement des jeunes (ou moins jeunes) dans chaque clinique allant scanner dans les bibliothèques ou chez leurs Confrères les articles dont ils ont besoin, et le mirage de la “science ouverte” gratuite, de la “googlisation” ou des logiciels piratant les PDF des revues risquent de mettre à mal la pérennité de notre modèle économique, donc l’existence même d’une formation continue indépendante en langue française.
La littérature francophone qui représentait 12 pour cent en 1960 des publications scientifiques, et 1 pour cent il y a 10 ans, est aujourd’hui quasi inexistante dans les bases de données internationales ! Celles-ci, gérées outre Atlantique, ont choisi de ne pas considérer (ou ont exclu) les revues de langue française. Nombre d’éditeurs ont ainsi condamné leurs revues en français pour les traduire en anglais, et les Centres Hospitaliers Universitaires se sont résolus à employer des sommes considérables pour traduire en anglais les articles rédigés en français par les équipes médicales et scientifiques françaises ! A terme, si l’on ne se mobilise pas pour défendre notre langue, y compris dans les congrès et les publications scientifiques, le français risque “de devenir le latin”!
Afin de continuer à développer la voie originale, à l’œuvre depuis 20 ans, il nous faudra, dans le futur, conforter notre modèle de développement avec la collaboration de tous : auteurs, relecteurs et vous, fidèles abonnés et lecteurs. Nous espérons ainsi pouvoir continuer à développer le rôle irremplaçable d’une presse scientifique et technique indépendante au service de la profession vétérinaire et de tous ses clients et partenaires.
Grand merci à vous, chères lectrices, chers lecteurs, vous qui pensez et écrivez dans notre belle langue et qui contribuez, par vos abonnements, à soutenir la littérature vétérinaire francophone ! ❒
* NOTE
* Sur neva.fr sont disponibles les sommaires, éditoriaux, résumés, plans des articles, “tests cliniques” et “tests de formation continue” ainsi qu’un index par revue pour rechercher dans quels numéros les articles sont parus.