| Dans le cadre de nos suivis de reproduction, nous sommes tous confrontés un jour ou l’autre à un problème d’infécondité au niveau collectif, que ce soit le motif initial de la mise en place du suivi ou, plus grave, au cours d’un suivi établi. À nous, alors, l’obligation d’apporter une solution à ce problème souvent d’origine multifactorielle ...
Une approche collective est donc préconisée comme le montre l’article introductif de ce dossier spécial sur l’infécondté : abord du troupeau* de N. Hagen et coll. L’infécondité d’origine infectieuse est le fantasme de l’éleveur et de l’inséminateur, le rêve du vétérinaire ! Quatre ou cinq prises de sang, l’entité pathologique responsable est trouvée (bienveillantes et ubiquistes chlamydies et coxielles), un plan de prophylaxie est instauré et la conduite d’élevage blanchie. Nul besoin de se remettre en question : même en cas d’insuccès, la faute reste aux agents incriminés. Malheureusement, les cas d’infertilité de troupeau liés à une origine infectieuse sont loin d’être majoritaires même s’il nous est interdit de passer à côté (cf. l’article de X. Berthelot dans le prochain numéro).
L’infécondité est donc le plus souvent liée à la conduite du troupeau : la main d’œuvre dans les exploitations diminue, le temps consacré à la surveillance des animaux aussi. Les vaches laitières expriment de moins en moins les chaleurs à fortiori lorsque les sols des bâtiments sont inadaptés et glissants. De plus, la génétique n’a pas toujours été un facteur d’amélioration de la fécondité, loin s’en faut, notamment en Prim’hostein (cf. “La génétique, un outil pour améliorer la fécondité” de P. Le Mézenc et coll). S’il est possible de remédier à une carence du bâtiment, il est difficile de revenir sur l’évolution des ressources humaines dans les élevages : peut-être nous faudra-t-il donc suivre les exemples des conduites zootechniques nord-américaines et réfléchir à des protocoles thérapeutiques permettant de s’affranchir de la détection des chaleurs. C’est pourquoi, ce dossier présente une “Méthode d’analyse globale des performances en reproduction dans un troupeau laitier” (L. DesCôteaux, P. Aubry) et montre comment utiliser les programmes de synchronisation de la reproduction en France chez les vaches laitières (N. Hagen, M. Saint-Blancat, C. Ponsart, M. Ennuyer, J. Defachelles) et les compare avec les données nord-américaines (L. DesCôteaux, P. Aubry. E. Bouchard). Un exemple d’application à un cas d’infécondité en élevage bovin est proposé (N. Hagen et coll).
L’infécondité d’origine alimentaire est bien sûr la cause la plus répandue des problèmes de fertilité, que ce soit en atelier bovin laitier ou allaitant. C’est aussi la cause la moins facile à faire admettre à l’éleveur : si certains outils (taux protéiques, taux butyreux, hydroxybutyrate, suivi de l’état corporel) permettent aujourd’hui de valider et de conforter nos hypothèses, nous ne sommes pas perçus (parfois à juste titre) comme des interlocuteurs valables en matière d’alimentation. De plus, les modifications de ration, voire de distribution, peuvent entraîner un surcroît de travail ou d’investissement à l’éleveur, soit une remise en cause de ses pratiques qu’il n’est pas toujours prêt à accepter (F. Enjalbert). Une observation clinique illustre un problème pratique fréquent : l’anœstrus post-partum (G. de Crémoux). Les performances économiques des cheptels bovins sont étroitement corrélées aux per- formances de reproduction. C’est particulièrement vrai en troupeau allaitant où le revenu est directement lié au nombre de veaux produits mais cela l’est aussi en élevage laitier (“Signification économique de la performance de la fécondité d’un troupeau laitier” de H. Seegers). De plus, pour le vétérinaire, une bonne fécondité se traduit, sur le plan pratique, par un nombre d’actes limité, ce qui ne peut qu’encourager les suivis de reproduction rémunérés au forfait par vache. Ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé devrait vous aider à résoudre les problèmes d’infécondité que vous serez amenés à rencontrer sur le terrain. Et même si l’éleveur ne souhaite pas se remettre en cause, vous verrez : à force de lui répéter tous les mois la même chose lors des suivis, petit à petit, l’évolution se produit et l’amélioration suit ... Bonne lecture ! ❒ | |