La peau et ses annexes sont a priori les structures les plus facilement et immédiatement accessibles au praticien : tous les sens (à l’exception de la qualité gustative !) renseignent le clinicien. Ainsi, outre les indispensables recueils de l’anamnèse et des commémoratifs, l’examen clinique à distance et rapproché, la topographie lésionnelle apportent tant d’informations qu’il n’est pas toujours nécessaire de recourir à des examens complémentaires lourds et coûteux pour proposer un diagnostic étiologique. Les calques, raclages et autres examens des poils et des squames au microscope optique sont très souvent suffisants, bien que trop souvent non réalisés.
Cependant, le riche diagnostic différentiel rencontré lors d’affections récidivantes, chroniques et/ou parfois invalidantes pour l’animal conduit le clinicien vers d’autres examens spécifiques accessibles à tous : recherches mycologique et parasitaire, antibiogramme en veillant à reconnaître ses intérêts et ses limites, identification des allergènes et surtout biopsies cutanées dont le nombre, la localisation et la qualité sont souvent déterminants.
Ces prélèvements a priori simples à réaliser ne peuvent apporter les renseignements escomptés que s’ils sont réalisés dans le cadre d’un diagnostic différentiel réfléchi et en respectant des règles assurant leur qualité et leur valeur prédictive. Ainsi, un diagnostic étiologique pertinent évite au clinicien des prescriptions hasardeuses, voire dangereuses en terme de santé publique : une antibiothérapie de très longue durée (plusieurs mois), parfois en rythme non continu (2 jours par semaine) est une pratique qui, à ce jour, ne peut être défendue par notre profession !
La dermatologie vétérinaire est riche du plus grand nombre de vétérinaires cliniciens spécialistes en France. La collaboration praticien généraliste - praticien spécialiste est le fruit d’un réel partenariat dans le respect des compétences et des limites des uns et des autres : leur interdépendance les conduit, dans l’intérêt de l’animal et de son propriétaire, à proposer parfois de nouvelles méthodes d’investigations telles que l’histochimie et l’immunohistochimie, la tomodensitométrie (scanner) et l’IRM, ou encore la microscopie confocale à balayage laser.
Un état des lieux de ces techniques est exposé dans ce numéro du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline, permettant de reculer un peu plus les limites des célèbres “dermatoses idiopathiques“. Les spécificités de la dermatologie féline sont également abordées sous un angle résolument pratique, ce qui aide les praticiens à sortir de la rengaine thérapeutique : “les chats étant peu sensibles aux corticostéroïdes, une injection d’une forme retard ne fera pas de mal”. Les affections cutanées félines sont au moins aussi passionnantes que celle du chien, car beaucoup reste encore à découvrir dans cette espèce.
Parce qu’être spécialiste résulte de la conjonction de l’envie d’excellence, de la nécessité d'humilité et du besoin de partager, gageons que ce dossier consacré aux examens complémentaires en dermatologie illustrera l'intérêt d'un partenariat entre vétérinaires généralistes et spécialistes.
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