Les paupières sont des revêtements musculo-cutanés destinés à protéger le globe oculaire. Leurs rôles sont déterminants pour assurer une bonne physiologie de la conjonctive et du dioptre cornéen : protection mécanique durant l’éveil et le sommeil, étalement du film lacrymal, formation de la couche lipidique du film précornéen, élimination des déchets, ... Seuls certains vertébrés (la plupart des poissons), se déplaçant en milieu aquatique, n’ont pas la nécessité d’en posséder ... Quelques reptiles et plus précisément dans l’ordre des squamates, certaines espèces de sauriens (“lézards”) et ophidiens (“serpents”) donnent l’apparence de ne pas avoir de paupières ; elles sont, en réalité, soudées et transparentes et forment la “lunette”.
Les affections palpébrales sont nombreuses ; certaines d’entre elles nécessitent un traitement de nature chirurgicale, qui constitue le thème de ce troisième dossier spécial du NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE canine-féline, consacré à l’ophtalmologie des carnivores domestiques.
Ces affections (traumatiques, tumorales, faisant suite à une anomalie de développement) ont des conséquences sur l’intégrité des structures sous-jacentes et nécessitent une chi- rurgie plastique dont le but est à la fois esthétique mais surtout fonctionnel.
Cette série d’articles ne prétend pas à l’exhaustivité en énumérant de façon encyclopédique, les unes après les autres, l’ensemble des techniques déjà décrites, et se limite aux gestes chirurgicaux les plus simples qui, par expérience, sont souvent les plus efficaces !
Il nous semble préférable de bien maîtriser une ou deux techniques plutôt que d’avoir une connaissance livresque et théorique de toutes les possibilités opératoires et qui n’ont comme limite que l’habileté et l’imagination du chirurgien. Chaque rédacteur insiste donc sur ces chirurgies dont il a une expérience pratique tout en signalant dans la bibliographie les références d’articles ou d’ouvrages auxquels pourra se référer le lecteur avide de connaissances plus complètes.
La paupière n’est pas, malgré son apparence extérieure, une simple extension cutanée mais ses particularités anatomiques (article d’I. Raymond-Letron, T. Dulaurent et coll.) : musculature originale, innervation, structures glandulaires et ciliaires, lame fibreuse ou “tarse” jouant le rôle de squelette interne, ... impliquent le respect de règles opératoires élémentaires.
Le matériel nécessaire à la chirurgie des paupières admet également quelques particula- rités (article de T. Azoulay) mais reste nettement accessible à l’ensemble des praticiens. Les malpositions palpébrales (article de G. Cazalot), ainsi que les mal-implantations ciliaires (article de F. Famose), sont plus fréquentes dans l’espèce canine que chez le chat mais méritent une synthèse didactique, eu égard la grande prévalence de ces anomalies. C’est parfois le morphotype (brachycéphale, en particulier) qui contribue à générer des lésions de la cornée, en raison des grandes ouvertures palpébrales (euryblépharon ou macroblépharon) associées à de volumineux globes oculaires et d’étroites orbites.
Une des solutions chirurgicales consiste à réduire l’ouverture des paupières et les techniques restent souvent méconnues des vétérinaires (article de B. Cantaloube). La chirurgie reconstructrice des paupières est abordée dans la conduite à tenir face aux néoplasies palpébrales (article de O. Jongh) ou face à l’agénésie palpébrale, anomalie congénitale plus fréquente dans l’espèce féline (article de H. Tavernier et O. Jongh). Les éléments étudiés dans ces derniers articles sont également adaptés aux pertes de substance d’origine variée, notamment les plaies traumatiques.
Chaque auteur s’est appliqué à privilégier des schémas didactiques accompagnés d’une iconographie de qualité afin de rendre attrayante et pratique la lecture de ce dossier spécial chirurgie des paupières. ❒ |