Les pestiviroses des ruminants domestiques (virus de la diarrhée virale bovine-maladie des muqueuses pour les bovins - B.V.D. -, virus de la maladie de la frontière-Border Disease chez les ovins - B.D.) posent aujourd’hui plus que jamais le problème de leur gestion.

Alerte sexagénaire, le virus B.V.D. est encore l’objet de toutes les attentions : dépisté même caché dans un lait de tank, traqué sur mélanges de sérums, il entend les sonneries de l’hallali dans le pays du Nord de l’Europe, tandis que la Bretagne et les Pays de la Loire lui prédisent un avenir plus sombre que radieux.

Que les conséquences de l’infection par le virus B.V.D. soient potentiellement très sérieuses, nul ne le nie. Les avis divergent rapidement sur les modalités de son contrôle. Les tenants de l’éradication, à partir d’un protocole essentiellement sanitaire, avancent leurs résultats, hors de France (pays nordiques) ou en Bretagne : le nombre de cheptels séronégatifs avec absence certaine d’I.P.I. (infectés persistants immunotolérants) est en augmentation constante, les coûts totaux pour la collectivité baissent avec la diminution du nombre de cheptels infectés et de sources de virus (le coût du dépistage est estimé à environ à 0,66 € par bovin en 2006).

La maîtrise épidémiologique de l’infection est donc en bonne voie. Elle laisse peu de place à d’autres choix, c’est devenu la “pensée unique” pourrait-on persifler (et certains ne s’en privent pas), frustrant de nombreux acteurs de l’élevage, dont les praticiens en première ligne, de leurs atouts et de leurs moyens de conseil et d’action pour l’abord de cette maladie complexe.

À l’inverse, dans les régions de France à dominante plus allaitante, le jeu semble plus ouvert car la lutte est plus individualisée troupeau par troupeau, et la vaccination, considérée comme moins onéreuse que le coût clinique moyen, est alors au premier plan, ce qu’autorisent les performances des vaccins (ou des protocoles) les plus récents.

La lutte contre le B.V.D., c’est donc une succession de choix entre la maîtrise clinique et la maîtrise épidémiologique, les protocoles sanitaires et les protocoles médicaux, l’éradication et le contrôle. Les aspects passionnels et économiques de l’abord de cette problématique compliquent, entre affrontement et confrontation, la recherche de la sérénité et du temps nécessaires à se forger une opinion. Que les outils de contrôle (tests diagnostiques, vaccins, ...) aient tous des limites techniques et écono- miques est bien connu. L’idée même que chacun des acteurs du terrain se fait de la maladie et de son abord est extrêmement variable et il est difficile de proposer une posi- tion consensuelle, cohérente et harmonieuse.

À partir des derniers éléments de réflexion, le NOUVEAU PRATICIEN VÉTÉRINAIRE élevages et santé a choisi de faire le point sur tous les aspects critiques des pestiviroses des ruminants :

- les données les plus récentes sur la biologie du virus B.V.D. ;

- les bases du diagnostic du B.V.D., qu’il s’agisse de données épidémio-cliniques ou de laboratoire ;

- la gestion de l’infection par le B.V.D. chez les reproducteurs et la place de la vaccination ;

- les enjeux économiques du B.V.D. en France et en Europe ;

- la Border Disease.

C’est ainsi que sont abordés à la fois les aspects individuels des pestiviroses, mais aussi leur abord collectif à l’échelle du troupeau, du laboratoire, d’une région ou d’une nation. La clinique “individuelle” n’est pas négligée, avec la description de cas de syndromes hémorragiques originaux.

Dans le prochain numéro seront abordés les protocoles mis en œuvre aux plans régional 1, 2 et européen 3. Ainsi mis en perspective, ce dossier monographique nourrira, je n’en doute pas, la réflexion de tous les vétérinaires praticiens et acteurs des élevages. ❒