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Questions-réponses sur ...
La fièvre acatarrhale ovine




Stéphan Zientara


Au cours de l’année 2010,
le nombre de foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO) identifiés
a nettement diminué par rapport aux années précédentes.
Il reste encore de nombreuses questions
sur l’évolution de la maladie en France et en Europe.
Le directeur du Laboratoire National de Référence propose quelques réponses.



Pourquoi le virus de la FCO (Fièvre catarrhale ovine) de sérotype 8 (BTV 8) a induit des signes cliniques chez les bovins contrairement au sérotype 1 ?

• Des signes cliniques ont été rapportés chez les bovins et les ovins infectés par le virus de la fièvre catarrhale ovine de sérotype 8. Par ailleurs, ce sérotype a provoqué des avortements, des anomalies fœtales, des mortalités périnatales, …
• Rarement décrites dans la littérature pour des souches virales sauvages, ces manifestations sont observées pour des souches vaccinales à virus vivants atténués. Le virus de sérotype 8 par ses effets tératogènes présente donc un phénotype de “souche atténuée”. Les données génétiques disponibles sur différentes souches (française, hollandaise, belge, anglaise,…) de ce virus montrent cependant des différences avec celles des souches atténuées, issues de vaccins originaires d’Afrique du Sud, dont l’usage est maintenant interdit dans l’Union Européenne.
• Des travaux sont en cours, notamment au laboratoire de santé animale de l’Anses*, à Maisons-Alfort, qui est le laboratoire national de référence sur la FCO.
• Une protéine (la protéine NS3) semble jouer un rôle important dans les mécanismes physio-pathogéniques de l‘infection.
• Même si aucune explication complète ne permet de répondre à cette question des signes cliniques, des pistes prometteuses semblent se dessiner (rôle des protéines non-structurales, interactions entre certaines protéines virales et cellulaires, …).

Les sérotypes 1 et 8 ne circulent pas aussi rapidement ...

Pourquoi certains sérotypes se sont-ils disséminés plus vite que d’autres ?

• Le virus de sérotype 8 s’est rapidement disséminé en France à partir de 2007 alors que le virus de sérotype 1, introduit à partir d’Espagne, s’est répandu de façon moins rapide dans le sud ouest de la France. Le virus de type 1, lors de sa progression du sud vers le nord, a rapidement rencontré une population d’animaux infectés récemment par le virus de sérotype 8, puis plus tard, d’animaux vaccinés contre le même sérotype.
• Il existe une protection partielle entre les deux sérotypes (notamment grâce à l’immunité à médiation cellulaire) qui explique la diminution de la vitesse d’extension (à cause de la réduction de l’intensité de la virémie chez les animaux infectés).
• De plus, il est possible qu’il y ait des différences entre les sérotypes 1 et 8, quant à leurs diffusions respectives dans les populations d’insectes vecteurs (cette hypothèse est non démontrée).

Des hypothèses, mais pas de certitudes sur l’émergence

Comment a émergé le BTV 8 en Europe du Nord ?

• Aucune explication indiscutable n’est actuellement disponible sur à l’introduction de ce virus en 2006.
• L’introduction par le biais de mouvements (importation) d’animaux (domestiques ou sauvages) infectés, l’importation d’insectes (ou larves) infectés, figurent parmi les différentes hypothèses émises. La circulation de souches vaccinales à virus vivants atténués à partir d’animaux vaccinés illicitement a aussi été envisagée sans qu’aucune conclusion définitive n’ait pu être formulée. Le même type de questionnement a été repris lors des émergences avortées des BTV 6 et 11 en Europe du Nord au cours de l’hiver 2008-2009.

Le BTV 8 semble ne plus circuler dans le nord de l’Europe

Est-ce que le virus a disparu dans le nord de l’Europe ?

Les données de surveillance épidémiologiques fournies par les laboratoires et autorités sanitaires belges, hollandais, anglais et allemands … semblent indiquer que le virus n’a pas été identifié en 2010 et semble ne plus circuler dans le nord de de l’Europe.

24, puis 25, puis 26 sérotypes

Combien y a t-il de sérotypes viraux ?

• Classiquement, 24 sérotypes de FCO étaient décrits.
• En 2008, un 25e sérotype de virus aurait été identifié. En effet, un virus isolé en Suisse a été isolé chez des caprins, il présente de nombreuses similitudes avec les 24 autres sérotypes de la FCO.
• Récemment, a été isolé un nouveau virus chez des moutons au Koweït en 2010. Ce virus pourrait être le 26e sérotype.


NOTE
* Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail

Sauter N°17, volume 4, 2011

N°17, volume 4, 2011

Sauter sommaire

sommaire

Éditorial par Nicole Picard-Hagen
Test clinique - Un ovaire gauche plus gros sur une vache de plus de 12 ans
Marielle Bruni, Xavier Nouvel, Caroline Lacroux, Nicole Picard-Hagen

ACTUALITÉS EN PERSPECTIVE

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Chronique - L’enseignement vétérinaire peut-il rester (quasiment) gratuit et réellement professionnel ? Zénon
- Questions-réponses sur ... - La fièvre catarrhale ovine Stéphan Zientara
- Actualités en perspective - La surveillance syndromique, une nouvelle approche pour la surveillance épidémiologique Jean-Baptiste Perrin, Christian Ducrot, Didier Calavas, Pascal Hendrikx

RUMINANTS

Dossier (suite) : Nouvelles perspectives en reproduction

- Apports de la génomique en élevage des petits ruminants Guillaume Sallé, Carole Moreno

Dossier : Gestion de la reproduction en élevage allaitant

- Comment diagnostiquer un défaut de productivité numérique en élevage bovin allaitant François Schelcher
- Nutrition - Gestion de la complémentation minérale et vitaminique chez la vache allaitante : approche pratique Francis Enjalbert
- Conditions et conséquences de la mise en place du vêlage à deux ans en Charolais Jean-Pierre Farrié
- L’expression des chaleurs en troupeau bovin allaitant
Pascal Salvetti, Julie Gatien, Fabienne Blanc, Audrey Chanvallon, Jacques Agabriel, Fabienne Constant, Bénédicte Grimard, Catherine Disenhaus, Brigitte Frappat, Pierre Paccard, Henri Seegers, Claire Ponsart
- Maîtrise des cycles chez la vache allaitante : quels résultats attendre ?
Nicole Picard-Hagen, Véronique Gayrard, Mathieu Saint-Blancat, Claire Ponsart
- Anomalies de la fonction ovarienne et stratégies thérapeutiques hormonales Nicole Picard-Hagen, Véronique Gayrard
- Nouvelles techniques - Un outil pour améliorer le diagnostic et le conseil autour de la détection des chaleurs en troupeau bovin allaitant
Audrey Chanvallon, Jacques Agabriel, Fabienne Blanc, Fabienne Constant, Bénédicte Grimard, Catherine Disenhaus, Brigitte Frappat, Pierre Paccard, Julie Gatien, Pascal Salvetti, Claire Ponsart, Henri Seegers


PORCS

- La visite d’élevage en production porcine : 2. L’alimentation Arlette Laval

COMPRENDRE ET AGIR

- Enjeux économiques - La contractualisation dans les filières animales -
les nouvelles mesures : avantages et risques
Pierre Sans

FMC Vét -
formation médicale continue vétérinaire

- Comprendre l’épidémiologie - 3e série : Analyse de risque en santé animale 7. L’appréciation quantitative du risque en santé animale Bernard Toma
- Étude de cas - Intoxication au champ par des colchiques Germaine Egron-Morand
- Revue de presse internationale - Synthèses rédigées par
Sébastien Assié, Nicole Picard-Hagen, Xavier Nouvel, Nadine Ravinet
- Évaluation de l'association entre l'excrétion fécale de Mycobacterium avium subsp paratuberculosis
et sa détection dans le colostrum et à la surface de la peau des trayons des vaches laitières
- Le comportement des vaches Holstein Frisonne en lactation au cours des cycles œstraux spontanés
- Analyse métagénomique de la population bactérienne utérine chez les vaches laitières en post-partum
- Augmentation de la réponse immune maternelle dans le placenta de vaches naturellement infectées par Neospora caninum
- La présence d’œufs de strongles gastro-intestinaux dans les fèces en période péri-partum